Les Africains parlent volontiers de la figure emblématique de Mandela. Moins qu’ils ne se réfèrent à un Patrice Lumumba par exemple, comme si son parcours était moins consensuel ou sujet à caution. Pourquoi ? Est-ce parce que la geste de l’un est plus récente que celle de l’autre ? Non, cette différence n’a rien à voir avec le temps ou la durée. C’est tout simplement que l’Occident qui nous dit : « tais-toi » et nous nous taisons, « chante » et nous chantons, ne nous cite pas Lumumba en exemple.Et pourquoi l’occident dicteur de nos faits, gestes, mémoire, connaissance et sentiments -- à preuve, il n’est que de voir l’inexistence sur le continent noir de langue africaine de pensée écrite, quand toutes nos transactions intellectuelles sont prises en charge dans des langues étrangères à nos intérêts, à notre sensibilité profonde et à notre vision du monde -- pourquoi disons-nous l’occident si envahissant ne nous cite pas Patrice Lumumba en exemple ? Parce que Patrice Lumumba n’a jamais fait de concession aux intérêts occidentaux. Faisant siennes les valeurs de liberté, d’égalité et de justice que l’Occident prétend défendre, Patrice Lumumba n’a eu de cesse de se battre radicalement pour qu’elles s’appliquent aussi aux Africains. Il a défendu avec la dernière goutte de son sang les intérêts de l'Afrique. Comment cet esprit farouche peut-il être cité en exemple par l’Occident ? Et faute d’être cité en exemple par l’Occident comme un héros de sa mémoire collective, Patrice Lumumba occupe dans notre mémoire la place d’une figure caverneuse de la rébellion, que quelques révoltés romantiques encensent dans le secret de leur morne frustration Amida Bashô |
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