La liste FCBE aux législatives d'avril 2015 a fait couler beaucoup d’encre et de salive ces temps-ci. Elle a été au centre d’un de ces mélodrames que l’approche des élections suscite au sein du pouvoir. Restée introuvable pendant des jours au-delà de la date officielle de dépôt, à l’instar de la LEPI du chaos électoral, elle fut invisible. Mais Dieu merci, cette particularité fantomatique de triste mémoire que la liste FCBE partage avec la LEPI d’antan a fait long feu. Maintenant, son confectionneur suprême, à force de veille et d’élucubration, épuisé de la tenir sous le coude, vient de la libérer ! Et à ausculter le nouveau né, on se rend compte des raisons de la gestation laborieuse. D’entrée, on constate que 52% des candidats de la liste FCBE aux législatives sont connotés plus ou moins. régionalement proches de Yayi. Or selon l’état démographique du pays, il y a plus d’habitants dans la région différente de celle de Yayi, et ce dans un rapport de 60/40. Dans la mesure où les élections législatives sont par excellence des élections de représentants du peuple, et pour autant que sa formation soit une formation nationale, il devrait y avoir moins de candidats de « sa région » que de la région concurrente sur la liste proposée par Yayi. Dans la réalité, nous avons 8 circonscriptions au nord plus 2 au centre. Donc en gros 10 circonscriptions dans la « région » d’identification proclamée de Yayi. Soit 42% des circonscriptions. Ce qui représente 33 communes sur un total de 80, soit 41% des communes. Dans tous les cas, nous voyons que la représentativité réelle de la région d’identification de Monsieur Yayi tourne autour des 40% soit bien en deçà du reflet qu’en donne la liste FCBE à travers ses positionnements Nous évitons de parler de Nord et de Sud, car selon la géographie culturelle imaginaire qui prévaut sous Yayi depuis bientôt 10 ans, le Nord et le Sud de Yayi ont pris une autre signification. D’abord en terme de Nordique, Yayi Boni préfère monter en épingle des gens qui sont des Nordiques d’accueil que des Nordiques de souche. Ainsi Yayi les tient facilement parce qu’ils ne peuvent pas s’adosser à un rapport intime avec le peuple, les Nordiques se contentant de sa figure représentationnelle vis-à-vis du sud, mais sont loin d’être comblés par celle-ci. Ce choix d’opposition subtile est à l’origine de la fronde qui fait rage dans le nord actuellement entre ceux qu’on pourrait appeler les Nordiques de souche et les Nordiques d’accueil. On est obligé de dévoiler cet état de chose rance car ce n’est que la conséquence du parti-pris raciste et régionaliste qui a tenu le haut du pavé dans la démarche politique de Yayi, où faire la politique suppose un terroir à opposer à un autre terroir. L’autre identité ou espace complémentaire de la géographie politique de Yayi est l’ensemble des Nago, et par extension des Yoruba. Qu’ils soient des départements des Collines et du Plateau ou qu’ils soient d’ailleurs. Yayi poursuit le vice jusqu’à aller au cas par cas mettre sa marque régionaliste sur tel résidu ethnique yoruba niché dans tel hameau perdu du paysage démographique du pays. Sa quête s’appuie à cet effet sur les patronymes yoruba qu’il recycle avec ferveur et malice, pour en faire un tout relié par le même fil conducteur de l’appartenance à la grande famille des Nago. Entreprise idéologique douteuse et antinationale, à fort relent de revanche historique de ceux qui naguère, selon la perception historique infecte de Yayi, auraient été opprimés par les royaumes du Danhomè et assimilé. Cet activisme écœurant et sinistre qui a défiguré le tissu sociopolitique du Bénin de ces dix dernières années est affligeant de la part du chef de l’Etat, celui-là même qui est garant de l’unité du pays. On parle de la corruption comme étant le premier fléau qui mine la vie socioéconomique des pays africains. Le régionalisme est aussi de la corruption, qui génère d’autres corruptions comme le népotisme, l’injustice ethnique, les fraudes électorales et administratives, les détournements, le mépris de la rationalité légale. Mais le plus gros handicap de la lutte contre la corruption en Afrique c’est la crapulerie des dirigeants qui violent les lois, instaurent l’impunité et foulent au pied les valeurs dont ils sont censés être les garants du strict respect. La présentation des listes aux législatives par les partis politiques en fournit l’exemple le plus éclatant. De tous les partis politiques, la FCBE est le seul dont on a pas vu la liste après la date buttoir prévue par la CENA. Le président se réservant le droit de faire comme bon lui semble, parce que, comme en toute chose depuis son accession à la magistrature suprême de notre pays, Monsieur Yayi se considère non seulement au-dessus de la loi mais la loi elle-même. Gouverner sainement c’est gouverner par l’exemple. Le Bénin de Yayi Boni est loin d’illustrer cette vérité éthique Abdouharamane Boubakari |
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