La démocratie nous a conféré certaines libertés apparentes. On peut se permettre maintenant de critiquer ouvertement et publiquement le pouvoir sans se retrouver au "PCO" ou dans une prison secrète. Mais la démocratie sans lois devient très vite une anarchie. C'est ainsi que dopés par l'impunité, les béninois se sont aussi octroyés la liberté d'exercer le droit de vie et de mort sur leurs prochains et pour ça, les prétextes ne manquent pas. Les cocus livrent leurs rivaux aux justiciers ; des présumés voleurs sont battus à mort et/ou brûlés vifs. Il suffit juste de crier "Olé" (au voleur !) pour lancer la meute et l'instant d'après, une vie humaine est prise ! |
Des vols ou tentatives de vols de "matériel", la meute de justiciers s'est aussi lancée sur la trace de supposés sorciers, voleurs d'enfants et il y a 10 ans est survenu le phénomène de vol de sexe sur fond de xénophobie anti-Ibo (Nigérians). L'instinct tueur des prédateurs s'était réveillé et nous avons perdu tout bon sens, toute limite et tout esprit cartésien. Pendant les 5 jours qu'à durée cette folie meurtrière, 18 vies humaines dont 16 béninois, 1 nigérian et 1 congolais ont été brûlées vifs et des familles brisées, meurtries à jamais. Ceci uniquement sur la base d'allégations fallacieuses. Le samedi, 23 novembre 2001, pour avoir serré la main d'un apprenti menuisier, Pierre ACAKPO venu prendre livraison d'un meuble à été accusé d'avoir volé le sexe dudit apprenti et pris pour un IBO. En moins de 5 mn, il s'est retrouvé la tête fracassée et aspergé d'essence. Il a pu se réfugier in extrémis dans une maison voisine à l'atelier de menuiserie, dans la rue face à l'Hôtel de l'Etoile à Cotonou. C'est ainsi que débuta une horrible scène de jungle digne du Far-West dans un pays dit "Etat de droit". Pour n'avoir pas voulu livrer "l'accusé" à la vindicte populaire, la famille AGBEMAVO a été assiégée des heures durant par des milliers de délinquants, qui avaient pour ultime objectif de tuer père, mère, enfants, petits-enfants, cousins et neveux, tous pris au piège dans leur propre maison. Il faut l'avoir vécu pour se rendre compte de l'énorme fragilité de la Vie aux mains meurtrières de ces infâmes justiciers. Mais grâce à la providence, au miracle, nous avons eu la vie sauve ; les 2 policiers finalement dépêchés sur place ayant tout simplement détalé. Le gouvernement béninois a aboli en octobre 2011, la peine de mort et certains esprits simplistes et superficiels ont tôt fait de monter au créneau pour glorifier ce qui n'était qu'une simple formalité, étouffant ainsi la cruauté inconcevable des exécutions sommaires et publiques qui ont cours au Bénin depuis l'avènement de la démocratique en 1990. Chaque année, des dizaines de personnes trouvent la mort dans les mains de "justiciers", d'assassins qui pensent être investis de la mission de nettoyer notre société de ceux qu'ils qualifient de "vermine". Ici, le verdict et la sentence sont prononcés et exécutés en même temps par une foule en délire vivement motivée par l'assurance de l'impunité de son crime. Des images macabres de corps humains carbonisés en lambeaux autour desquels s'ébattent d'autres Hommes sont de plus en plus banalisées dans la société béninoise qui compte tout de même des institutions d'envergure nationale et internationales de protection des Droits de l'Homme qui se sont aussi murées dans un mutisme coupable.
La Vindicte populaire est une violence gratuite ! Ceux qui ont du sang sur les mains ! Ceux-là qui assaillent l'infortuné de projectiles, le rudoient de coups et qui finissent par lui arracher délibérément et avec délectation la Vie ne se font pas justice car dans 99% des cas, ils ne sont victimes de rien du tout ! Ce sont souvent des intrus, des badauds, des indélicats, des délinquants qui sortent de nulle part pour se défouler et extérioriser leurs frustrations, leur mal-être. La forme la plus expéditive et la plus abjecte de la peine de mort est tolérée par les pouvoirs publics, les politiques et vivement encouragée par la société béninoise et nous osons encore claironner que le Bénin est un pays de droit de l'homme ! Où est-il ce droit ? |
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