1. La mainmise sur les média Quand on regarde bien, les médias —radio, journaux, télévision — au Bénin sont constitués en un système d'agences de propagande de M. Yayi. L’homme du changement au pire s'y taille la part du lion —notamment à l’ORTB — puis passe le relais à ses ministres, hommes ou femmes de main, puis aux militants de son parti, à ceux qu'il considère comme sa région électorale, le Nord et les Collines, à ses coreligionnaires, les évangélistes et aux religions en général, etc. 22/07. Dans ma suite, un poste de télévision propose une sélection de 40 chaînes. Bien que je ne sois pas un mordu de télé— je n'ai pas de télé chez moi et je n'ai horreur de rien tant que d'avoir à m'en justifier lorsqu'il s'agit d’éviter de payer la redevance en pure perte. |
Ce qui reste frappant, dans cette comparaison somme toute lapidaire, c'est que, entre l'Afrique et le reste du monde — plus précisément l'Occident et l'Asie — la différence de sensibilité saute aux yeux. Sur les chaînes africaines on tombe souvent dans des moments d'aboiements plus ou moins véhéments, plus ou moins élaborées dans des langues auxquelles on a du mal à identifier leurs locuteurs (comme le fait de déclamer dans une langue poétique shakespearienne, vêtu d'une toge traditionnelle du Ghana) relayés par d'interminables plages de danse africaine où les gesticulations, l'agitation physique, les contorsions à motivation lascive sont érigées en forme suprême de culture. Et ceux qui les dispensent ou les exécutent ont une sacrée tendance à se prendre très au sérieux, et s'assument comme des demi-dieux dont dépendent le salut de l'Afrique et sa valeur absolue. Sur les autres chaînes du monde en général, d'abord on s'aperçoit que l'ambiance, contrairement aux chaînes africaines, très extraverties, est plutôt à la valorisation de l'intériorité et de la réflexion. Ensuite lorsqu'ils parlent d'eux-mêmes, les chaînes nationales de cette catégorie utilisent des langues auxquelles on identifie aisément leurs locuteurs. Ce qui épargne au téléspectateur quelque peu réfléchi le désarroi des exhibitions aliénantes auxquelles les chaînes africaines et leurs acteurs s'adonnent avec un zèle et une passion confondants. Et la question qu'on se pose à l'issue de ce petit périple comparatif est : combien de nations avancées ont fait de l'agitation et de l'extraversion une éthique ? Combien de nations ou de races au monde ont fait de la danse et des trémoussements lascifs l'élément essentiel de leur exhibition culturelle ? Binason Avèkes |
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