Comme déjà pressenti par des observateurs avisés, aucun verdict ne tombera aujourd'hui dans l’affaire de demande d’extradition de Talon et Boko par Yayi Boni sous les chefs d’accusation de tentative d’empoisonnement et de coup d’État. La France est trop férue de néocolonialisme et la Françafrique trop sourcilleuse pour froisser l'un de ses fidèles serviteurs. Tant que la tension sera forte entre les deux parties, le verdict sera renvoyé à plus tard sous un de ces jolis prétextes que les hommes de droit savent concocter... Jusqu'à ce que Yayi Boni sorte du pétrin de son 3ème mandat. L’idéal françafricaine serait une belle réconciliation entre les frères ennemis... En attendant, le système demandera à chacun des belligérants de mettre de l’eau dans son vin. À Yayi Boni de commencer par cesser de retenir illégalement en prison des présumés complices que la justice de son pays a mis hors de cause, car se retrouver dans une situation où le verdict parisien prolongerait ceux de non-lieu déjà prononcés au Bénin serait vécu ou perçu comme une vraie claque non seulement au président béninois dans ses errances et agissements idiosyncrasiques, mais pour le Bénin tout entier. En revanche si Yayi Boni par des gestes d’apaisement montrait son attachement au respect de la rationalité légale en élargissant les présumés complices encore retenus en prison, il donnerait l’impression d’avoir pris une décision allant sinon dans le bon sens du moins qui ne dépareillerait pas avec le verdict de la Cour d’Appel de Paris qui se fait attendre. La France éviterait de ce fait de se retrouver dans le rôle absurde de l’arbitre principal sinon l’otage d'un conflit politico-financier interne à un pays étranger qui, quoiqu’ancienne colonie, est formellement indépendant. L’absurdité du rôle que la France est amenée à jouer à son corps défendant souligne le sans gêne avec lequel Yayi Boni assume pour lui-même et pour le pays qu’il dirige le manque de dignité nationale, de pudeur, d’autonomie, de maturité et de responsabilité qui confine au mépris de soi et à l’abaissement national. La problématique de l’autonomie des pays africains qui ont hérité langue, système administratif et organisation de l’état ( Comme le faisait remarquer à juste titre le président Ahomadégbé, la constitution du Bénin de 1990 n’est qu’un remâché de la constitution française) est déjà en soi épineuse. |
Toutefois, des voies de libération et d’autonomie existent et on peut en faire le constat en comparant la différence d’autonomie existant entre les pays anglophones d’Afrique, héritiers de l’indirect rule colonial et les pays francophones élevés sous la serre de l’assimilation à la française. Mais de là à s’abaisser frénétiquement comme aime à le faire Yayi Boni, un homme habitué à faire l’âne pour avoir le foin, il y a un pas que tout homme un tantinet épris de dignité, et soucieux de son autonomie n’aurait pas franchi en acceptant de laver le linge sale de la discorde non seulement hors de la famille mais à la face du monde entier. En refusant de respecter le verdict des tribunaux béninois, Yayi Boni en tant que président du Bénin démontre qu’il n’a que mépris pour son propre pays et ses institutions ; et en attendant tout du verdict des juridictions étrangères, (on parle de plaintes déposées en Belgique et en Suisse au cas où il serait débouté par la Cour d’Appel de Paris), il démontre son indignité, son aliénation, son complexe d’infériorité et son hétéronomie. La Françafrique ou la France n’en demandait pas tant. Le zèle hétéronome du président béninois laisse pantois à Paris et dans les milieux de la Françafrique ; c’est sans doute la raison principale de l’attitude dilatoire de la Cour d’Appel de Paris et de la France dans ce dossier. Ambroise Bojirɛnu |
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