Le ciel de la musique traditionnelle béninoise vient de s'enrichir d'une nouvelle étoile nommée Norberka. La nouvelle star cumule un certain nombre de qualités tout à fait fantastiques que sont sa jeunesse, sa truculence, une gestuelle à la fois esthétique et riche, une prodigieuse capacité à vous donner envie de danser, et surtout sa très belle voix. Comme le dit son producteur, on peut affirmer que Norberka « c'est la représentation d'un rythme », un rythme qui transporte au comble de la joie. La nouveauté de Norberka c'est de proposer un rythme zinli typiquement du mono.
Comme chez beaucoup de Béninois la jeune chanteuse glane dans le champ de ses prédécesseurs. Notamment, la chanteuse Vivi l’internationale qu'elle cite nommément et Sagbohan Danialou qu'elle considère comme un maître affectueux. Mais il y a chez Norberka un emprunt des grivoiseries gestuelles d’un Anice Pépé qu'elle oublie au passage de citer parmi ses références. Il est vrai que ceux que nous imitons le plus souvent sont ceux que nous feignons d'ignorer.
Il y a aussi dans les images qui accompagnent ses albums notamment le dernier, un accent sur des gestes suggestifs qui, sous prétexte d’excitation, flirtent avec l'obscène sans pour autant, Dieu merci, y succomber tout à fait. Je pense que pour qu'elle s'affirme, Norberka doit se refréner du côté d’une Pélagie la Vibreuse pour tendre plutôt vers une Anagonou Vodjo, où la danse est d'abord une joie saine, magnifique, riche et spontanée et non pas un mécanisme bestialement racoleur. Sur le plan des thèmes, comme elle l’a bien réussi avec la plupart des
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titres de son dernier album Kpe Dido, il faudra qu'elle évite la thématique de l'encensement de la haine de soi qui est devenu un lieu commun dans les chansons du sud du Bénin. Au contraire, elle doit mettre l'accent sur des thèmes et des idées positifs.
Enfin pour la langue, Norberka dit elle-même qu'elle vient battre en brèche l'apanage fon du zinli. Elle n'est pas la première à donner un écho diversifié et un cachet spécifique au rythme zinli de l’aire AdjaTado. Anice Pépé aussi a élargi la base culturelle du zinli en donnant sa voix et ses gestes de noblesse à une variété authentiquement de l’Ouémé. Cela dit si Norberka veut
s'en tenir à sa démarche d'authenticité, il faut qu'elle s'abstienne des errances idiomatiques qui font que sous prétexte d'unité de l'ère culturelle Adja/Tado, elle se rabat souvent sur des intonations goun ou fon. Au contraire, à l'instar de Dahoue Doto qui a promu le rythme gogohoun en démontrant avec brio que la poésie de la langue d’Aplahoué avait du beau et du vivant, susceptible d'être magnifié, Norberka doit vraiment coller au parler Adja qui définit la variété spécifique du zinli qu'elle propose. Car une variété musicale traditionnelle n'est pas seulement faite des gestes et des rythmes mais elle touche aussi à la langue, aux accents, aux mots et à l'expression.
Bienvenue donc à la jeune et talentueuse, Norberka la Fougueuse à la voix sublime et aux gestes envoûtant… Écoutez plutôt
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Profil: Norberka, la voix de stentor du Zinli-Gbété
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Rédigé par : B.A. | 16 septembre 2013 à 13:42