Il y a deux ans de cela, plus précisément le 14 février 2010 la maison de John Jerry Rawlings brûla. John Jerry Rawlings, faut-il le rappeler, est un ancien militaire, qui a d'abord été chef d'une junte puis, converti en civil est devenu président démocratiquement élu du Ghana qu'il a dirigé durant deux mandatures. Il y a quelques jours, la maison de Olusegun Obasanjo construite sur les hauteurs d'Abeokuta brûlait aussi. Maison, soit dit en passant, qui vaut plusieurs milliards de nairas que seul le salaire honnête d'une vie de militaire ou de président ne pourrait justifier. Mais, bon, nous sommes en Afrique, et combien d'hommes politiques--sans même parler de président de la république--pourraient honnêtement justifier leur train de vie ? S'ils existent, exception faite de Nelson Mandela, ils se compteraient sur les doigts d'une main. Mais trêve de commentaires déviants, revenons aux propos. Milliards ou pas, qu'il suffise de dire que la maison de Olusegun Obasanjo vient de brûler, et de deux… Pourquoi ? Parce que, certes avec une variante éthique et pratique notable, en ne restant qu’au niveau biographique et politique, on peut dire que Olusegun Obasanjo est l’équivalent nigérian du Ghanéen John Jerry Rawlings…
De même, l’ancien président du Nigéria Umaru Yar’Adua est mort de maladie en exercice, et a été remplacé par son vice-président Jonathan Goodluck. Celui-ci, par la suite, n'a pas hésité à se présenter à l'élection pour se faire élire président en titre. Au passage, entre ces deux événements, il est venu au Bénin épauler le holdup électoral qui s'y commettait, grondant la classe politique comme un père gronde ses enfants… Mais cela, me direz-vous, est une autre histoire… d'interférences. Mais interférence ou pas, holdup crapuleux ou pas qu'il suffise de rappeler que l'ancien vice président, sans aucun vice de forme, est devenu constitutionnellement président en exercice après la mort de celui qui tenait le titre.
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Au Ghana John Atta-Mills meurt au pouvoir, et sa mort ouvre la même succession d'événements qui conduit à l'élection--certes à confirmer par la cour suprême--du président John Mahama Dramani qui avant même de prêter serment vient de gracier un autre Dramane,-congénère régional et député, trempé dans une affaire de falsification de documents et d'usurpation d'identité qui n'est pas sans rappeler celle qui pesa jadis sur un certain Dramane Ouattara… Mais trêve de dramanisme --et quel drame, surtout s'il s'avérait que la cour suprême du Ghana infirmât l’élection de M.Dramani : les cautionnaires de telles malversations ou leurs bénéficiaires vous sortiront leur argument massue : « nous sommes tous des Africains que l’on soit burkinabé, ghanéens ou ivoiriens… » Et la boucle de du nomadisme identitaire en politique est bouclée. Mais restent ces troublantes coïncidences : deux pays anglophones de l'Afrique de l'Ouest situés sur le même golfe du Bénin connaissent des événements dont la succession répétée n'a pourtant rien de nécessaire… Y a-t-il une main invisible derrière ces troublantes coïncidences ? Éloi Goutchili
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