Avec l'idéologie régionaliste à tropisme septentrional qui sévit sous Yayi, tout se met aux couleurs du Nord : de la dénomination d'un patrouilleur de l'Armée jusqu'au premier bachelier de l'année en passant par la Miss Bénin. Bonne volonté et vigilance régionaliste à fleur de peau. Les hasards sont têtus. Le coton, la manne poussive du pays ne vient-il pas essentiellement du Nord ?
« Allez ! Braves congénères, ne nous gênons pas ; toute occasion est bonne pour assurer la présence nordique jusqu'ici bafouée ! C'est le moment de rattraper des décennies de mépris et de profil bas ; faire le plein de fonctionnaires et d'agents de l'État originaires du Nord ; prendre notre part du gâteau avec tous les arriérés et manques à gagner du passé et ce sans états d'âme… »
Avec ce discours que M. Yayi n'a pas besoin de prononcer tout haut mais qu’il fait sien et applique dans les faits, bientôt le Nord comblera tous ces retards, pense-t-il. Il ne restera plus qu'à transférer l'océan Atlantique à quelques encablures du fleuve Niger pour que le bonheur revanchard soit parfait. Inonder le Sahel et le tour sera joué. Le coton du Nord sera directement expédié par bateau dans le monde entier à partir des nouvelles côtes d'un océan nordique. Délire romantique…
Que ce soit en Côte d'Ivoire, au Nigéria comme au Bénin ou au Togo ce qui me gêne dans le discours régionaliste axé sur l'opposition Nord/Sud dans notre sous-région du golfe du Bénin, opposition qui renvoie à bien d'autres, comme celles implicites entre musulmans et chrétiens, entre l'océan et le Sahel, la forêt et le désert etc., bref ce qui
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me gêne dans un tel discours c’est l'alliance subtile entre le romantisme ethnique d'une part et le réalisme de la conservation de la poule aux œufs d'or. Cette alliance contradictoire est intellectuellement embarrassante mais rationnellement compréhensible. On ne veut pas quitter le bateau mais on veut qu'il soit dirigé vers la terre ethnique promise ; on veut que ce soit sa famille qui en tienne le gouvernail.
Or si les motifs romantiques qu’évoquent souvent les tenants de l'idéologie régionaliste nordiste devaient se suffire à eux-mêmes, ceux qui ne se sentent pas à l'aise dans le bateau national, pourquoi ne continuent-t-ils pas le voyage libre en chaloupe ? Dans la chaleur syncopée des fantasmes ethniques retrouvés, ils vogueront vers cet océan nordique de leurs rêves, au lieu de faire des guerres par-ci, de poser des bombes par là, ou comme au Bénin depuis 50 ans, de faire fonds sur la présidence de la république, travestissant de ce fait la volonté démocratique d'un peuple épris de paix
AYICI Bertin
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Pour ce qui est de la tension entre le gouvernement et plus précisément Monsieur Yayi et quelques hommes d'Affaire impliqués dans l'économie du coton, il suffit de remplacer des noms très "sudistes" comme Ajavon ou Talon, par des Aboubakar, ou Issoufou, bien "nordistes" et son bonheur est atteint !
Rédigé par : Toglossou Antoine | 21 août 2012 à 11:08