Depuis quelques semaines, comme frappé par la grâce du consensus et une sagesse miraculeuse, M. Nago, le perpétuel président de l'Assemblée Nationale, va de rencontre au sommet en rencontre au sommet avec les chefs de parti, les anciens présidents de la république, bref les personnalités politiques qui comptent dans le pays : HOUNGBEDJI, ZINSOU, SOGLO, KEREKOU, etc. Il est étonnant que dans une démocratie saine, le chef de l'Assemblée reste en poste fixe comme s'il était inamovible alors qu'il y a eu des élections et que la législature a changé. Mais le régime de M. Yayi est plus en odeur de sainteté avec une monarchie dictatoriale qu'avec la démocratie. Et cette anomalie ne dérange pas. Était-ce pour s'excuser de son impudeur politique que M. Nago, armé de son bâton de pèlerin, se promène de personnalités politiques en personnalités politiques pour distribuer la bonne parole de la paix, après le viol ; la bonne parole de la fraternité après le coup de force et l'injustice politique qui n'ont fait qu’asphyxier la démocratie pendant qu'un simulacre de démocratie se gargarise de son théâtre, de ses fantasmes et de son fonctionnement en trompe-l’œil ? On pourrait le croire. D'autant plus que sans tarder, les conséquences politiques et économiques des errements et excès du régime--du climat de corruption qu'il a favorisé, des nombreuses affaires scandaleuses qui ont défrayé la chronique et qui demeurent jusqu'à ce jour impunies, des dizaines de milliards autoritairement distraits des caisses de l'État pour acheter les consciences, soudoyer les acteurs politiques, et imposer le hold-up de mars 2011 --ces conséquences, disons-nous, ont commencé à se faire sentir de façon inquiétante. Et quand bien même on essaie de les draper dans le faux linceul de la crise qui défraie la chronique mondiale, ces conséquences ont la vie dure et trahissent la vérité de leur étiologie. Mais le consensus frauduleux de la crise et les mièvreries consensualistes qui l'accompagnent et qui font que des criminels patentés d’il n'y a pas si longtemps --des gens perdus à la cause de l'histoire comme MM.TEVOEDJRE ou d'autres--n'hésitent pas à se muer en prophètes de la vérité et de la raison, tout ce théâtre d'arrière-garde d'une venimeuse engeance d'escrocs politique et de renégats intellectuels ne suffit pas à justifier la nouvelle passion péripatéticienne du Président de l'Assemblée.
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En fait, profitant de toutes ces situations M. Nago, instruit par M. Yayi, essaye probablement de préparer le terrain pour les élections présidentielles prochaines auxquels il a l'intention de se présenter...
Dans la logique monarchique qui prévaut depuis 2006 et à l'image de ce qui s'est passé en Russie entre Poutine et Medvedev, ça ne serait pas étonnant que le Président de l'Assemblée, fidèle parmi les fidèles de M. Yayi devienne président de la république tandis que celui-ci prend sa place ou devient premier ministre. Manière de continuer leur sinistre aventure et de verrouiller toutes les voies institutionnelles par lesquelles le peuple pourrait avoir à poser la question de leur bilan et les mettre devant leurs responsabilités. Face à tant de crimes commis au sommet de l'État depuis 2006, crimes dont le moindre n'est pas l'aggravation de la situation socio-économique du pays, le refus d'assumer ses responsabilités pourrait passer par une confiscation rusée du pouvoir façon Poutine/Medvedev. C'est pour cela que le peuple béninois a tout intérêt à rester vigilant afin de déjouer toutes ces manipulations visant à enterrer la démocratie, après l’avoir mise dans le coma.
Eloi Goutchili
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