Abeokuta, est actuellement la capitale de l'Etat d'Ogun, au sud-ouest du Nigeria. Il est situé sur la rive-est de la rivière Ogun, autour d'un groupe d'affleurements rocheux qui se dressent au-dessus de la savane boisée environnante. Il se trouve sur le chemin de fer principal de Lagos, 78 km au sud, et sur l’ancienne route Lagos-Ibadan. Il a également des connexions routières avec Ilaro, Shagamu, Iseyin au Nigeria et Kétou, au Bénin. Entre 1844 et 1864, les contreforts inexpugnables d’Abéokuta ont constitué un casse-tête et un défi permanent pour l'ardeur conquérante du Danhomè. L’Armée dahoméenne a roulé à mainte reprise la roche de son ambition territoriale sur les pentes rocheuses d’Abéokuta, mais tel Sisyphe, elle dut les dévaler à chaque fois à son corps défendant. En 1844, Abeokuta dut repousser un premier assaut de l’armée dahoméenne. Mais en 1851 le roi Ghézo, revint à la charge. A la tête de 30 000 guerriers, dont 8000 Amazones, il arriva après quelques succès sous les murs de la ville dont il fit le siège. « L'assaut était donné, et déjà les Egba pliaient de toutes parts, lorsque, honteux de se voir battus par des femmes, ils se ruèrent dans un effort désespéré à une nouvelle attaque contre l'ennemi, qu'ils réussirent à obliger à une prompte retraite, qui se transforma en une déroute (1852) » peut-on lire sous la plume lyrique de Louis Brunet.. Mais au-delà de ce courage du désespoir, les Egba, ont surtout été aidés par les missionnaires, et armés par la perfide Albion pour venir à bout de l’armée dahoméenne... En 1953, le roi Ghézo renouvela sa tentative d’invasion d’Abeokuta mais sans succès. Au fil du temps, la résistance des Egbas contre les assauts des dahoméens était devenue la grande affaire militaire du royaume, qui suscitait passions et rodomontades, durant les cérémonies officielles et dans les milieux politiques. Chacun promettait à qui mieux mieux d’en découdre avec Abeokuta. C’est dans ce contexte de surenchère que Glèlè succéda à son père Ghézo en 1858. La première entreprise du nouveau roi fut de chercher à venger l'échec éprouvé par son père en pays Egba, six ans auparavant. Pour cette campagne qu'il voulait décisive, il se prépara secrètement pendant plusieurs années. Il fut prêt en janvier 1860. Glèlè marcha d'abord sur Ichaga, petit pays voisin qui s'était tourné contre Ghézo lors de la retraite de son armée. « La vengeance fut cruelle, écrit Louis Brunet. Le roi et tous ses sujets furent faits prisonniers et vendus à prix d'or à une caravane de négriers en quête d'esclaves ; aucun d'eux ne revit jamais le pays. Les villages furent détruits, les récoltes brûlées, les palmiers coupés. » Après cette première victoire, Glèlè retourna à Abomey pour poursuivre ses préparatifs de guerre contre Abeokuta. En 1863, Glèlè, à la tête d'une armée formidable, reprend la marche sur cette capitale ; après avoir tout ravagé sur son passage, il arrive sous les murs de la ville. Ayant attendu vainement dans la plaine l'attaque de ses ennemis qu'ils défiaient journellement, et la famine décimant son armée, il tenta l'assaut qui fut repoussé avec perte. Pour attirer leurs ennemis à la ville, les dahoméens feignaient alors une retraite précipitée. Les Egba se mirent à leur poursuite, mais, arrivés dans un endroit propice, les fuyards firent volte-face et infligèrent aux Egba des pertes nombreuses. Cependant, la victoire ne fut pour aucun parti, et les agresseurs durent battre en retraite en abandonnant 3000 prisonniers entre les mains des Egba. Presque tous les captifs furent rachetés et ramenés au Dahomey peu après. Dans ce but, Glèlè, outre les ressources pécuniaires de son royaume, avait même emprunté de l'argent aux européens, auxquels il le remboursa intégralement dans la suite. Telle fut l’issue du dernier assaut des Dahoméens contre la cité sous la roche d’Olumo, Abèokuta, qui, à l’instar des Mahi et des Datcha, sut tirer un réel avantage militaire de sa situation géographique. BAMIDELE Aremu |
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