Adrien Houngbédji parle enfin :« Trop c’est trop »
Un an après son échec à la présidentielle de 2011, Me Adrien Houngbédji, est sorti de son mutisme pour se prononcer sur plusieurs sujets de l’actualité sociopolitique du pays. Dans un langage de vérité, il a répondu sans tabou à toutes les interrogations sur son expérience avec l’Union fait la Nation, l’avenir de la coalition avec en toile de fond le projet de fusion des partis membres. Leader du Parti du renouveau démocratique (Prd), il a exprimé à ce sujet sa vision pour sa formation politique, pas sans avoir évoqué les cas des démissionnaires. Son pardon à l’endroit du président Nicéphore Soglo, son regard sur la gouvernance de Yayi Boni, le sujet sur la révision de la Constitution, l’arrestation de l’opérateur économique Patrice Talon et bien d’autres questions ont été abordées par l’invité de la télévision Canal3, ce vendredi 27 avril 2012. Il est apparu comme un homme excédé par des accusations et attaques contre sa personne ou le Prd. « Trop c’est trop » a-t-il lancé au cours de l’émission. Convention de l’Un Je veux parler en réaction de ce qui a été dit sur l’émission Actu-Matin où il y a eu des attaques frontales contre le Prd. Je voudrais que le réquisitoire que j’ai entendu sur Actu-Matin s’arrête aujourd’hui. Que nous fassions un vrai débat d’hommes responsables. Je me demandais si c’est du Prd qu’ on parle ou d’un autre parti. C’est le seul parti politique qui se soit réuni en congrès depuis l’élection présidentielle au Bénin et après ce congrès, le seul qui s’inscrit sur la liste des partis d’opposition. Je ne comprends pas pourquoi on parle de ligne inverse vers Yayi Boni. Yayi Boni est-il dans l’opposition ? Nous allons finir avec le réquisitoire parce que trop, c’est trop. Depuis 20 ans que je suis en politique, on m’attaque. Je ne parle jamais. Houngbédji est comme la tête de Turc. On peut dire tout ce qu’on veut de lui. Du faux, du vrai, on sait qu’il ne répond jamais. Mais vous savez pourquoi je ne réponds pas ? Il y a un proverbe de chez nous qui dit : « Lorsque vous avez l’ambition de diriger un pays, vous devez accepter qu’on jette sur votre tête toutes sortes d’immondices. ». Aujourd’hui, j’ai 70 ans, je n’ai plus d’ambitions. En réalité, qu’est-ce qui se passe à l’Un ? Rien de grave ne s’y passe. Il y a deux courants de pensée : ceux qui pensent qu’il faut faire la fusion et ceux qui pensent qu’on n’en peut pas pour le moment. En politique, il est sain de voir au sein d’une alliance des opinions divergentes. Vous pensez que je n’ai pas lu les textes. Nous avons créé l’Union dans un contexte donné pour prendre le pouvoir. Nous n’avons pas pu. Qu’est-ce que nous avons constaté ? L’une des principales forces de l’Un est partie avec 10 députés : la Rb. Deux autres formations politiques avec deux députés sont parties. Et, nous ne savons pas quand est- ce que l’hémorragie va s’arrêter Par conséquent, nous disons que la donne a changé. L’équilibre des contrats est rompu du fait qu’un ou deux des principaux protagonistes sont partis. Comme nous sommes en politique, il faut voir les choses avec réalisme. La réalité est que l’Un a été créée avec beaucoup d’enthousiasme. Cet enthousiasme aujourd’hui a disparu du fait de la défaite et du départ de certains partis politiques. Pas de perspectives. C’est quoi ? Nous avons créé une alliance pour prendre le pouvoir par les urnes. Telle que l’Un est aujourd’hui, elle n’a plus la possibilité d’offrir cette |
perspective aux Béninois. Telle qu’elle est là, elle ne peut pas gagner. A partir de ce moment, elle n’est plus attractive. Nos partis qui sont allés aux élections, on ne sait pas leurs forces. Il faut aller réévaluer cela et se renforcer sur le terrain. Par conséquent, la fusion n’est pas d’actualité. L’occasion de se renforcer, c’est les élections communales et municipales. Et, au retour des élections, on verra ce que représente chaque parti. En ce moment-là, on peut aller à la fusion. Sacrifice Vous savez en politique, il n’y a pas de cadeau. Personne ne s’est sacrifié pour moi. Tout est intérêt politique. Ils m’ont choisi parce que j’étais le meilleur. Ça veut dire quoi ? En termes d’électorat, j’ai représenté tout seul 25% et les autres partis sont loin de là. En termes de mobilisation des ressources, j’étais le plus à même de les mobiliser. Si vous n’avez pas d’argent, vous ne pouvez pas faire de la politique. Et enfin troisième chose, ils ont constaté pour leur carrière, il vaut mieux quelqu’un qui est en fin de parcours pour qu’il leur dégage la place pour qu’ils deviennent eux-mêmes candidats et président de la République. Voilà les raisons qui ont fait qu’ils m’ont choisi. Par conséquent, je dis que personne ne s’est sacrifié pour personne. J’étais celui qui répond mieux aux objectifs visés par les uns et les autres. Si quelqu’un a consenti des sacrifices, c’est le Prd. Une alliance de partis fonctionne comment ? Il faut des moyens, de l’argent. Je veux que l’un des partis en question vienne vous dire que moi j’ai dépensé tant de 2008 à 2011. Rien. Ils sont venus dans l’alliance pour me soutenir à cause de leurs intérêts. Si ce n’était pas leurs intérêts, le Psd, le Madep, la Rb étaient ‘’Wloguèdé’’. Ils avaient soutenu Yayi Boni en 2006 et même au gouvernement. Le Prd est le seul parti qui soit resté hors de tout cela. C’est le Prd qui s’est sacrifié. Nous avons englouti des sommes très importantes dans la machine Un pendant trois ans. Même quand on était à l’Un, il y a des partis politiques qui, étant à l’Un, étaient au gouvernement. Par le Madep dont le Secrétaire général était au gouvernement. La Rb, n’en parlons pas. Le régime Yayi Boni est sa maison. Donc, c’est du faux procès. Je ne souhaite plus entendre dire qu’on s’est sacrifié pour lui. C’est faux. |
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