Faut-il réagir ou ne pas réagir ? J'ai préféré réagir pour qu'on ne tronque pas l'histoire. Quand un homme politique qui a assumé de hautes fonctions ministérielles dans divers gouvernements de son pays, fonctions qui l'astreignent nécessairement à des réserves, fait de telles révélations, l'on est en droit de se poser un certain nombre de questions. Dans notre pays les gens misent souvent sur le silence pour se donner le droit et le plaisir de tronquer l'histoire. Nous sommes précisément dans ce cas de figure avec les déclarations de Monsieur Pascal CHABI KAO. 1) Quel but visent lesdites révélations truffées d'ailleurs de contre vérités aussi criardes les unes que les autres 39 ans après ? 2) Que veut prouver l'auteur desdites révélations ? 3) Quel service pense-t-il rendre à son pays confronté sur le plan politique, de plus en plus à un clivage Nord-Sud qui s'accentue ? 4) Quel service pense-t-il rendre au général KEREKOU par de telles déclarations, que je qualifierais volontiers de sales, viles, stupides et bêtes besognes ? 5) Quelle haine veut-il assouvir contre les FONS en général, et singulièrement les FONS d'Abomey ? 6) Par ce récit pervers et ennuyeux, n'a-t-il pas davantage terni ou avili l'image du feu Colonel KOUANDETE et souillé par la même occasion la mémoire de son vénéré tuteur, le Président MAGA ? 7) Le Président MAGA vivant ne doit-il pas s'interroger sur son poulain 8) Le Coup d'Etat a eu lieu depuis le 26 octobre 1972, pourquoi a-t-il attendu la mort des principaux antagonistes (MAGA AHOMADEGBE et KOUANDETE) pour nous servir sa version. 9) Enfin, qui pense-t-il convaincre de sa virginité dans ces affaires qui le chargent et qui n'honorent guère les Dahoméens d'hier et les Béninois d'aujourd'hui ? Voilà qui confirme, on ne peut plus éloquemment la boutade du Président KEREKOU contre certaines catégories d'intellectuels de notre pays, qu'il qualifiait d'intellectuels tarés ! J'avoue qu'on est moralement mal à l'aise, et frappé d'horreur de savoir qu'un tel cadre avait été l'un des grands commis de notre Etat. Tout ceci ne manque pas d'inquiéter. Je lui laisse le soin de répondre lui-même à cette série de questions. Pour ma part, je me contenterai de relever quelques contre vérités sur le passage qui touche les événements du 23 février 1972, pour lesquels, nous acteurs avons jugé bon et utile de garder silence depuis près de 40 ans. Ce n'est pas parce que notre langue s'est collée à notre palais que nous continuons d'observer ce silence, car comme a dit Alfred de VIGNY je cite : Pleurer, gémir est également lâche. Seul le silence est grand. J'ajouterai que bavarder, et bavarder avec économie de vérité, surtout lorsque les plus concernés ne vivent plus, est tout aussi lâche. Donc pour avoir été l'un des principaux acteurs des événements du 23 février 1972 sur le terrain, j'affirme haut et fort sous le contrôle de mes collègues encore vivants que : 1) Le camp GUEZO n'a jamais été tenu en otage par le Colonel KOUANDETE, encore moins pendant plus d'une semaine comme le raconte Monsieur Pascal CHABI KAO. La mutinerie n'a duré que la journée du 23 février de 05 h à 21 h. 2) Le Colonel KOUANDETE ne nous a jamais entretenu ou informé d'une quelconque menace de mort de la part du Président AHOMADEGBE, pas moi en tout cas. 3) Que nous n'avions pas la même lecture que lui, des motivations ou des mobiles d'une mutinerie transformée en coup d'Etat manqué du 23 février 1972. Pour nous acteurs, les problèmes étaient d'abord internes au camp GUEZO. Avec le danger imminent de la division de notre Armée en trois armées parallèles alignées chacune derrière son président. C'est le caractère nocif et dangereux du système à trois têtes qui dirigeaient le pays mettant à mal la cohésion de l'Armée qui était à l'origine de cette mutinerie politisée à outrance. |
renseignements faisaient état de ce que l'avènement du président au pouvoir, ferait couler le sang entre le Nord et le Sud. Je pense que par ce grotesque mensonge, M. Pascal CHABI KAO veut tenter de se blanchir dans un dossier qui l’accable plutôt. Alors qu'il nous divise par quels motifs et quelles affaires ses collaborateurs de l'époque, je veux nommer les feux VIDEHOUENOU du budget, André ASSOGBA, MABOUDOU, MIDAHUEN et consorts ont été arrêtés et jetés en prison ? Pourquoi a-t-il attendu leur mort pour faire de telles révélations, si ce n'est du cynisme ? Il y a dans son récit tant d'amalgames qu'il semble difficile de démêler l'écheveau. Mais au-delà de tous ces déballages gratuits, inopportuns, inconscients et délibérément provocateurs de Monsieur Pascal CHABI KAO, je suggère une table ronde regroupant les survivants (militaires et acteurs politiques) avec l'auteur autour d'un débat contradictoire radio télévisé, pour rétablir la vérité. Il nous faut ensuite nécessairement un débat national sur le clivage Nord-Sud pour Exorciser ce mal endémique et récurrent, permettant de déboucher sur des recommandations que prendra impérativement en compte notre constitution au moment de sa révision. Occulter toujours ce débat en laissant les deux communautés Nord - Sud s'offrir des rires jaunes, pour continuer de se regarder comme des chiens de faïence, c'est préparer inévitablement et à coup sûr, un Rwanda et une nouvelle Côte d'Ivoire au Bénin. Que Dieu nous en préserve. Mais prévenir pour enrayer le mal, vaut mille fois mieux que de ne pouvoir rien guérir après. Nous avons besoin de crever cet abcès pernicieux, pour nous créer désormais des espaces de cohabitation pacifique et paisible de tous les enfants de ce pays, dans notre loi fondamentale. Le pays n'en sortira que grandi. GLELE G. Lucien Colonel des Forces Armées à la retraite, Tél. 95 96 44 |
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