Le Canard du Nord, dans son numéro 190 paru le 26 Octobre 2011, a rendu publique la conférence tenue un an auparavant par Pascal CHABI KAO et dans laquelle il a fait, selon le journaliste, de « troublantes révélations «Pourquoi avoir attendu une année pour rendre public ce « récit exclusif » ? Secret des dieux.
J'ai lu et relu ces prétendues révélations, et j'ai décidé de répondre à Pascal CHABI KAO, puisqu'il prend à témoins les « collaborateurs d'AHOMADEGBE qui sont encore là ».
Dieu merci même si beaucoup sont morts, moi je suis encore vivant pour répondre à Pascal CHABI KAO, avec conviction et passion, dans la vérité et la fidélité à l'histoire.
Mais, pour être clair, je n'adopterai pas la démarche de CHABI KAO. Le texte de sa Conférence que nous avons sous les yeux est un texte confus et incohérent. Il n'est ni composé, ni structuré ; il n'y a aucune suite logique. Il faut démêler cet écheveau d'anachronismes, de fourré-tout, pour voir clair dans ce brouillage de l'histoire délibérément voulu par l'auteur. Je suivrai le fil de l'histoire de cette période telle que l'ont connue les témoins de l'époque. Je distingue donc les deux grands moments où s'inscrit l'exposé de CHABI KAO :
- 1er temps : Mai 1970-Mai 1972
- 2ème temps : de Mai 1972 au coup d'état du 26 Octobre
1972
PREMIERE PARTIE
Mai 1970 - Mai 1972
II correspond à la présidence de Maga qui prend fin le 8 Mai 1972 avec l'avènement du Président AHOMADEGBE.
Pendant toute la présidence de MAGA, AHOMADEGBE a été un loyal collaborateur à qui MAGA confiait de grands dossiers : dossier de la décentralisation, dossier Akossombo,
beaucoup d'intérim avec des instances à traiter.
Alors, une première question à CHABIKAO : son affirmation solennelle initiale niant l'affaire COVACS et y trouvant un
montage politique pour renverser AHOMADEGBE se situe quand ? Dans la première période, c'est-à-dire avant Mai 1972, ou après Mai 1972. Raisonnablement, cela ne pouvait se situer qu'après le 8 Mai 1972. Or, toute la démonstration de CHABI KAO sur le refus d'AHOMADÉGBÉ de renoncer à son tour de présidence nous ramène avant le 8 Mai 1972. CHABI KAO affirme : « Quand le tour du Président AHOMADEGBE approchait, qu'il devait prendre le pouvoir, tous les services de renseignement ont dit partout qu'ils ont raison de croire que le Président AHOMADEGBE, s'il prenait le pouvoir, il y aurait un coup d'état, défaire en sorte qu 'il renonce à son tour. » Les informations des services de renseignement ? Un bluff.
La vérité toute simple, c'est que l'équipe de MAGA, et MAGA lui-même en tête, ne voulaient pas partir et céder la place.
Ainsi donc, toute l'équipe de MAGA, et MAGA lui-même, pas de vulgaires comparses, ont entrepris AHOMADEGBE pour lui faire renoncer à son tour de présidence, le considérant, le moins qu'on puisse dire comme un avorton. Deux preuves de cette tentative. La première est la démarche personnelle du Président MAGA auprès de Jacques Foccart (voir Annexe 3). C'est Foccart lui-même qui le dit dans ses mémoires. La deuxième démarche, c'est l'intervention de MAGA auprès du Président BONGO. Entrepris donc par le Président MAGA pour que AHOMADÉGBÉ renonce à son tour, le Président BONGO a décidé d'envoyer son avion chercher AHOMADÉGBÉ. La veille de ce départ pour Libreville, vers 15 heures, le Président AHOMADÉGBÉ a réuni autour de lui, sous la paillote du Petit Palais, quelques amis politiques : les ministres LOZÈS Gabriel, AHOUANSOU Karl, DOSSOU-YOVO Edmond, PAOLETTI Théophile ; Emile POISSON et Gustave GOUDJO ont-ils pris part à cette réunion ? Je ne peux le dire, là, ma mémoire a flanché. J'étais aussi de la partie. L'objet de la réunion n'a été révélé qu'au début de la séance. Tour à tour, les ministres ont pris la parole pour accepter ce déplacement du Président quand bien même deux d'entre eux ont manifesté quelques réserves.
J'étais outré par cette position des ministres. Je bouillonnais littéralement. Alors, le Président AHOMADÉGBÉ me regarda et dit « le jeune homme ne semble pas content. ». Je ne l'ai pas laissé achever, j'ai répondu : « oui Président, pas content, pas du tout content ». Et alors avec force et conviction, comme si j'avais autorité, j'ai dit : « Président, vous n'irez pas à Libreville. C'est non et non. Vous n'irez pas à Libreville pour deux raisons. Qu'irez-vous faire là-bas ? Aller jusque dans le bureau de BONGO lui dire que vous ne renoncerez pas à votre tour ? C'est jouer à la provocation, et ceci, à l'étranger. Et puis on vous envoie un avion où vous serez seul à bord. En a-t-on mesuré tous les risques ? J'ai conclu en martelant, Président, vous n'irez pas à Libreville demain. » Ce fut comme un coup d'État. Il se fit un profond silence. Et le Président trancha. Le « jeune homme » a raison « je n'irai pas à Libreville et j'informe sur-le-champ MAGA »
CHABI KAO évoque la tentative d'une délégation, restée anonyme, qui ayant rencontré le Président AHOMADÉGBÉ lui aurait dit « Si c'est de l'argent que ça rapporte, nous sommes prêts à te donner cet argent là pour que tu renonces. » Je ne sais quelle est cette délégation qui a eu cette impudence et cette indécence de vouloir corrompre AHOMADÉGBÉ. AHOMADÉGBÉ n'est certes pas un dragon de vertu, mais son rapport à l'argent est légendaire ; jamais, il n'a été séduit par l'argent, surtout l'argent sale de la corruption ; AHOMADÉGBÉ est l'homme d'une époque, c'est l'homme d'un idéal pour qui l'argent n'est pas la valeur suprême.
CHABI KAO évoque une autre raison pour expliquer le refus d'AHOMADÉGBÉ de renoncer à son tour de présidence. Il affirme « AHOMADÉGBÉ a refusé. Toute son équipe a refusé parce qu'ils ont dit que les fils d'autres régions ont porté le « grand collier » et qu 'il faut aussi qu 'un HOUEGBADJAVI porte aussi ce grand collier même s'il doit mourir trois jours après ». Expliquer le refus d'AHOMADÉGBÉ par l'honneur dérisoire et fugace de porter ce grand collier que, du reste un autre HOUEGBADJAVI, le général Christophe SOGLO a déjà porté, expliquer donc le refus d'AHOMADÉGBÉ par le désir de porter ce grand collier, c'est n'avoir rien compris des motivations d'AHOMADÉGBÉ.
Je vais évoquer ces motivations et voudrais le faire sans bégayer, sans aucune restriction mentale, sans crainte d'aucune accusation régionaliste. Deux motivations fondamentales.
• La première la voici….
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