Il y a quelque chose qui m'échappe et que je voudrais qu'on m'explique. C'est à propos des passionnés d'Afrique, je veux parler de ces Africains qui n’ont que le mot Afrique à la bouche. Une Afrique reçue en bloc et jamais questionnée ! Une manière même de paraître plus Africain que l’Européen n’est européen ou ne revendique son européanité. Et comment l’Africain, moins organisée, qui a moins de systèmes symboliques unifiés où l’écriture ou la religion jouent un rôle de taille, comment cet Africain, dans ce que cela a d’identirairement et d’ontologiquement unifié peut-il être plus africain que l’Européen n'est européen ou ne le revendique jamais ? Comment se fait-il -et c'est souvent ces passionnés qui se font les hérauts de cette noble cause éthérée- que des gens incapables d'unir leurs familles, incapables d'unir leurs villages, incapables d'unir leurs communes, leurs provinces pour ne pas dire leurs pays, et qui, au moindre heurt, en sont encore à déterrer des haches et des flèches empoisonnées ou à inviter le Blanc à arbitrer leur divisions fratricides, comment se fait-il que ce sont ceux qui, comme dans un dédoublement de personnalité, prêchent à tue-tête l'unité de l'Afrique, qui ont à la bouche ce concept générique, éthéré et somme toute obscur de l'Afrique dont l'unité leur tient à cœur ! Pourquoi cette prédilection à la fuite en avant et la subversion de la démarche d'unification logique qui tombe sous le sens ? Avant d'unir un ensemble que n'est-il sensé d'unir, d'abord et avant tout, ses
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parties ? Avant de se réconcilier avec le général que n’est-il impératif, urgent, nécessaire et sage d'être en bons termes avec le particulier ? La démarche de ces enragés d'Afrique, une Afrique héritée d'une conception aliénée souvent léguée par le colonisateur qui fait partie de sa vision de l'autre, (négativement uni en tant que différent du Blanc) est une démarche pour le moins suspecte, ambiguë, pathétique fuite en avant devant la prise à bras-le-corps et la confrontation directe avec nos responsabilités locales dont l’agrégation conjuguée conduirait au changement global et à l'unité africaine tant proclamée de façon à la fois magique, inconsciente ou zombie...
Aminou Balogoun
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