J’ACCUSE MONSIEUR YAYI BONI de grave irresponsabilité au regard de la préservation du climat de paix au Bénin. Je l’accuse d’avoir planifié de conserver le pouvoir au mépris de la réalité. Pourquoi cette accusation ?
Eh bien, chers compatriotes, Frères et sœurs du Bénin et de la diaspora ! Yayi Boni a été élu dans l'euphorie en 2006 avec un score de 75 %. Ce score était rendu possible à 40 % par les partis établis, qui se sont ligués en sa faveur contre son adversaire du second tour, Me Adrien Houngbédji.
Yayi Boni a été élu sur le thème du changement. Et pour le peuple ce changement clair et net, signifiait :
– Mettre fin à la corruption d'État et à l'impunité.
– Remettre le Bénin au travail en relançant l’économie.
– Jeter les bases d'une prospérité partagée.
Pour accomplir sa mission, Yayi Boni bénéficiait d'un fort capital populaire de départ ; mais très vite, il a dilapidé tout ça, et ne pouvait plus relever ses défis. Son style, sa méthode et son approche de la politique se sont révélés ineptes. La précipitation, l'improvisation et l'autoritarisme ont instauré une gouvernance chaotique et informelle. Avec le temps, on pouvait se demander si Yayi Boni partageait le même idéal que le peuple qui l'a élu. Car on avait le sentiment que ses erreurs qui s'accumulaient d'année en année n'étaient pas seulement le fait de l'inexpérience, mais qu’elles étaient le résultat d'une duperie préméditée.
Au fur et à mesure que les erreurs de gouvernance s’accumulaient, Yayi Boni se raidissait dans une attitude autoritaire et antidémocratique. Il s’arrogeait le monopole de l'information, faisait du matraquage, excluait ses adversaires de l'accès aux médias, donnait à fond dans une propagande surannée. Ses manières n’étaient pas sans rappeler ce qui se passait au Togo sous Eyadema père ou bien au Zaïre sous Mobutu. Moins de deux ans après son accès au pouvoir, la tension politique était à son comble. Et parmi ses divers adversaires, il n'avait pas su ménager la chèvre et le chou, ni faire la part du feu. La tension allait de pair avec la fixation qu'il a conçue sur la réélection. Cette fixation a marqué tous ses faits et gestes. L'un des aspects de la déception que Yayi Boni inspire réside dans son parti-pris populiste. Même les gens les plus ordinaires se sont rendu compte de l'agitation démagogique qui entoure ses réalisations. Ce côté tape-à-l’œil a été tellement poussé à bout que même si Yayi Boni peut revendiquer des choses comme la construction de ponts supérieurs, leur rapport avec le bien-être du peuple n'est pas évident. La vie concrète des gens n’est pas prise en compte. Les hôpitaux continuent toujours d'être des mouroirs. Le panier de la ménagère s'est vidé à vue d'œil, et les Béninois sont plus pauvres aujourd'hui qu’en 2006. Et ce n'est pas seulement à cause des crises alimentaire ou financière mondiales. Car comme chacun sait, ces crises ont frappé tous les pays africains dont le Ghana qui a résisté tant bien que mal. Et puis, dans ce climat de propagande, il y a eu l'avalanche des scandales. Ces scandales découlent souvent des erreurs délibérées de gouvernance ; ils étaient tous plus graves les uns que les autres. Et chose inédite, les scandales n’étaient pas seulement dénoncés par l’opposition mais aussi par des personnalités de la mouvance présidentielle. C’était une preuve de leur cruelle réalité. La voix du député Janvier YHOUEDEHOU à ce sujet est très vibrante. Elle donne une mesure de l'ampleur de la corruption sous Yayi Boni. Le plus grave de ces scandales a été ICC Services. Dans ce scandale, des dizaines de milliers de nos concitoyens ont été escroqués par des sociétés de placement véreux qui opéraient en toute complicité avec le pouvoir. Plus de 150 milliards de nos francs ont été détournés ! Des promesses de remboursement ont été faites au peuple. Mais dans la réalité le remboursement est resté symbolique ; une goutte dans l’océan. Comme toujours, Yayi Boni a géré l'affaire de façon autoritaire, mettant ministre et procureur général en prison. Le procureur général depuis sa geôle vient d'écrire un mémorandum. Dans ce document à charge, le magistrat implique Yayi Boni et démontre que sa prise en main autoritaire de l'affaire ne visait qu'à se protéger lui-même. L'affaire ICCS est probablement en rapport avec une autre affaire criminelle, la disparition de Pierre DANGNIVO ; selon les considérations les plus concordantes, Pierre DANGNIVO, tenu pour le bruiteur impertinent de l'affaire, a été fait absent corps et âme. Or une telle disparition est bien cohérente avec les méthodes de Yayi Boni en matière de disparition de preuves ou de création de bouc-émissaire sous prétexte de régler la crise apportée par le scandale ICCS.
Cet imbroglio montre bien la tournure morale du personnage Yayi BONI. C'est un homme sans parole qui impose un personnage au prix de violence et d'agitation. Un homme qui ne dédaigne pas la tension. Yayi Boni l'a prouvé tout au long de son règne. L’agitation, la tension et la mise en danger de la démocratie ont fait l'unanimité contre lui. L'ensemble des partis établis qui l’avaient soutenu en 2006 sont réunis contre lui aujourd'hui sous la bannière de l’UN dont le candidat unique est Houngbédji
Ajouté à cela, la culture du régionalisme que Yayi Boni a exacerbée a fini par se retourner contre lui dans le Nord. Notamment avec les candidatures importantes de Abdoulaye BIO TCHANE et de Salifou ISSA.
Dans ces conditions, il est clair que Yayi Boni n’a aucune chance d’être réélu. Il est clair que le candidat de l'UN qui regroupe potentiellement 60 % des voix de 2006 sous son nom aujourd'hui pourrait passer au premier tour des élections. Il est clair que dans le pire des cas la plupart de ceux qui sont contre Yayi Boni aujourd'hui et qui se regroupent dans un front commun pourrait agir de façon à favoriser l'élection d’Abdoulaye BIO TCHANE. Mais malgré toute cette réalité démocratiquement claire, Yayi Boni continue de foncer tête baissée. Il continue de nier l'évidence. Et, fidèle à sa méthode Coué, il se raconte la fable d'une victoire imaginaire correspondant à la volonté d'un peuple tout aussi imaginaire dont la voix non moins imaginaire serait portée par les gazettes et les médias à sa solde. De même, Yayi Boni compte-t-il sur les institutions qu’il a prises sous sa coupe en violation flagrante de leur esprit comme de la loi qui les régit. Aujourd'hui, la Cour Constitutionnelle est dirigée par un homme, M. Robert DOSSOU, qui passe pour un juriste compétent mais qui est bien connu pour son appartenance à la FCBE, le parti du président. Et de façon incroyable, toute l’action de ce Monsieur à la tête de la Cour est marquée du sceau virulent de son appartenance partisane plutôt que du respect sacré de la haute mission qui lui est assignée par la loi. M. Robert DOSSOU s'est tout simplement substitué de façon cavalière et acharnée à l'Assemblée dont il n’a de cesse de combattre point par point les lois et propositions. Le but de ce combat d'arrière-garde a été de faire passer la volonté du chef de l'État dans les faits en dépit de la réalité politique ; cette guérilla juridique a visé à pallier la perte de majorité du pouvoir à l'Assemblée. C'est dans cette optique que d'une manière très irresponsable, la Cour dirigée par M. Robert DOSSOU a imposé sans aucune nécessité pratique ni légale l’utilisation de la LEPI alors que cette liste n'était pas susceptible d'être à jour dans les délais légaux. Elle l'a aussi imposée au mépris de toutes les revendications des parties prenantes quant au déficit de parité, et aux vices dont sa réalisation à marche forcée était l'objet. La cour a, ce faisant, abdiqué son rôle d'instance suprême de sagesse ; elle s'est jetée à corps perdu dans la mêlée. Elle a réussi à faire obstruction à la manifestation de la vérité sur l'intention du pouvoir de truquer la LEPI. Aujourd'hui l'une des preuves les plus flagrantes de cette volonté de bâcler les élections réside dans le fait que la LEPI, imposée par le pouvoir et la Cour constitutionnelle au mépris des protestations de l'opposition, exclut au bas mot plus de 1 300 000 électeurs ! Exclusion délibérée, savamment orchestrée pour aboutir à travers des élections truquées et tronquées, à confisquer le pouvoir.
Et c’est de cela que j’accuse Monsieur Yayi Boni ! Car M. Yayi est rejeté pour son incompétence !. M. Yayi est rejeté pour sa tyrannie ! M. Yayi est rejeté pour sa corruption ! Il est rejeté pour son imposture, et son faux changement ! Mais M. Yayi ne veut pas accepter la réalité et préfère encore le désordre qui lui permettra de s'accrocher au pouvoir. Et c’est de cela que j’accuse Monsieur Yayi Boni, ce désordre qu'il met en place avec hargne et cynisme.
Tout le peuple doit en être conscient. Les élites, les intellectuels, les diplômés, les paysans les fonctionnaires, les forces vives de la nation, les forces de l'ordre, les Béninois de la diaspora, bref tout le pays doit savoir ce qu'il risque de se passer. Et peut-être en le sachant pourrait-on l'éviter ! Pour avoir une idée de ce qu'il va se passer il ne serait peut être pas inutile de rappeler deux ou trois événements qui viennent de se dérouler dans notre pays.
1. Au Parlement hier, un député de l'opposition a failli être rossé par des militaires sur ordre du président NAGO qui voulait imposer une séance sans la présence des secrétaires parlementaires, en violation de la loi.
2. La veille de cet incident fâcheux, 17 février , 11 des 14 candidats en lice pour les élections présidentielles se sont réunis à Cotonou. Dans leur communiqué final, le collectif a :
– . Invité les acteurs à divers niveaux de responsabilité de notre pays en général et du processus électoral en particulier à rechercher les solutions de consensus par le dialogue en vue de la sauvegarde de la paix.
– Constaté l’exclusion de un million 300 mille électeurs soit plus du tiers du corps électoral, la non disponibilité de la liste électorale permanente informatisée et la non distribution des cartes d’électeurs à la veille de l’ouverture de la campagne électorale.
– Exprimé la nécessité de s’assurer de la disponibilité de la liste électorale par une expertise indépendante et le cas échéant d’opérer les corrections qui s’imposent.
En conséquence, le collectif a demandé le report des élections présidentielles de quelques semaines aux fins ci-dessus énumérées.
Par rapport à ces événements, nous avons assisté à une série de réactions édifiantes de la part du pouvoir. La première a été la prise de position du Médiateur de la République. Tout le monde sait que, nommé par M. Yayi qu'il a contribué à faire élire, M. Albert TEVOEDJRE en est un suppôt et un partisan. M. Albert TEVOEDJRE joue la politique de l'autruche bien qu'il soit suffisamment averti de la médiocrité de Yayi Boni et du danger qu’il fait encourir au Bénin et à sa Démocratie. Bien que parti, M. TEVOEDJRE se fait fort d’être juge. Il faut faire remarquer que fidèle à son habitude tentaculaire, M. TEVOEDJRE se permet d'entrer sur le terrain politique. Alors qu’il a été nommé Médiateur par le chef de l’Etat en remerciement de ses bons et loyaux services politiques, quelle peut être l’objectivité d’un jugement politique de sa part ? Ceci justifie la nécessité pour lui de circonscrire son action dans le cadre strict de son rôle social et administratif. Passant outre cette nécessité de façon insidieuse, Monsieur TEVOEDJRE se permet d'être juge sachant qu'il est parti. Et il propose d'ouvrir une espèce de cahier de doléances auprès des bureaux de vote pour recueillir après coup les dépositions des mécontents de la LEPI ou des dysfonctionnements électoraux. Sa proposition est curieuse et vicieuse. Curieuse parce qu’elle vise à placer le pays devant le fait accompli. Vicieuse parce qu’elle vise à piéger l'opposition ; lui faire avaler le poison avec de l'eau sucrée. Comme l'a dit un commentateur avisé, la méthode consiste à vouloir compter les brûlés pour apprécier l'étendue d’un incendie. Et quand on aura apprécié l'étendue de l'incendie, par quelle magie pourra-t-on régénérer les cendres ? L’illusionniste TEVOEDJRE dont les ruses n'abusent que les simples d’esprit, n'a pas donné la recette magique. Mais tout le monde voit là où il veut en venir. On voit comment il prend ses marques. Il s'agit, avec sa casquette de Médiateur, de jouer dans l'opinion internationale les ambassadeurs du bon sens, les dépositaires naturels de la vérité sur les tenants et aboutissants des élections. M. TEVOEDJRE est prêt à faire jouer ses relations internationales pour annoncer la vérité du Médiateur, la sainte vérité du Médiateur. Ce qui est déjà une forme de corruption car les rôles internationaux qu’il a joués et qui lui valent ces relations l’ont été au nom du Bénin et non en son nom personnel. Et par rapport à ce type d'interférence frauduleuse, il est important pour les Béninois de dire haut et fort non ; de dire haut et fort que la Constitution béninoise ne reconnaît pas à M. TEVOEDJRE le droit du kpanlingan international. M. TEVOEDJRE doit respecter la Constitution. La violation de la Constitution, que ses amis ont érigée en habitude et méthode de gouvernement, ne doit pas être exportée !
Le dernier événement qui achève d'identifier l'intention frauduleuse du pouvoir est dans sa réaction aux événements précédents. La mouvance présidentielle, on l'imagine, ne pouvait pas rester insensible à la prise de position des partis d'en face. Mais sa réaction et le cynisme absurde qui la caractérise sont un signe évident de ce qu'il va se passer. En fait, 11 candidats sur 14 se sont réunis comme il a été dit plus haut. Et au vu de la situation difficile de leur organisation, ces partis ont proposé le report des élections de quelques semaines. Ils ont pris cette décision collective au nom de la paix, et dans un esprit de responsabilité. Ils ont pris cette décision parce qu'ils ont vu comme le peuple entier que nous allions tous vers la crise, vers la confusion à grande échelle et vers un danger de guerre civile. Or, dans sa déclaration de réaction, la mouvance présidentielle balaie ces considérations d'un revers de main. Dans une morne rhétorique, elle considère que tout est normal ; que la LEPI est bonne ; que les cartes électorales seront délivrées, etc. ; bref que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ; que si les HOUNGBEDJI, BIO-TCHANE, TCHALA, BIOKOU, TOPANOU, YAHOUEDEHOU, DAYORI, SINZOGAN, LAGNIDE, KOUAGOU, et SALIFOU ISSA se sont réunis pour tirer sur la sonnette d'alarme c'est parce qu'ils auraient peur d'être battus aux élections. Et que cette peur les pousse dans une stratégie de blocage. Stratégie assimilée à un complot contre la démocratie. Elle les accuse de vouloir s'accaparer du pouvoir sans passer par les urnes. Cette accusation est pour le moins paradoxale. Pourquoi? Eh bien parce qu'elle est à la fois ridicule et grave.
Elle est ridicule parce qu'en vérité tous les Béninois savent qu’un seul des 11 candidats du collectif est en mesure de battre M. Yayi Boni au premier tour.
Elle est grave parce que le cynisme avec lequel elle a été proférée donne une mesure de la manière dont Yayi Boni et les siens sont décidés à nier le principe de réalité jusqu'au bout. Ils agissent avec l'a priori de l'inamovibilité politique Ils agissent avec l'a priori du refus de la réalité démocratique. En plus, ils embouchent une rhétorique consacrée, faite de lieux communs et d'une phraséologie éculée dont la grandiloquence soporifique semble se rapporter à des évidences, mais dont tout le monde perçoit la nature grotesque, cynique, et loufoque. L'idée maîtresse c'est que l'élection est devenue un artefact. Le peuple lui-même est un artefact. Il s'agit de passer en force. C'est pour cela que Yayi Boni et les siens nient la confusion qu'ils préparent activement. Car ils ne sont jamais à l'aise que dans la confusion. La confusion permettra à la Cour constitutionnelle d'entrer en action et de dire le droit. C'est-à-dire de le dire de la manière partisane et crapuleuse dont il a été dit ces quatre dernières années.
Chers compatriotes, chers frères et sœurs du Bénin et de la Diaspora, voilà ce qu'il se passera. Et voilà pourquoi J’ACCUSE MONSIEUR YAYI BONI de grave irresponsabilités au regard de la préservation de la paix dans notre pays. Nous sommes en face d’un potentiel scénario à l’ivoirienne. Les acteurs de ce scénario lugubre sont connus ; ils ont nom Thomas, Robert, Bako, Albert, et les autres ; une bande d’opportunistes, ensorcelés par le pouvoir et les milliards ; une bande de fous qui, en rupture avec le principe de réalité, s’apprêtent à jouer les fauteurs de confusion, les incendiaires, les va-t-en-guerre. Il ne faudra pas les laisser faire. Nous devons les arrêter. Le peuple doit les arrêter avant qu’il ne soit trop tard. La Société Civile doit faire front pour les arrêter. Car s’il n’était mis un coup d’arrêt à leur ignoble dessein de confiscation du pouvoir au mépris de la volonté du peuple, ces hommes irresponsables réaliseront leur rêve, c'est-à-dire notre cauchemar !
Béninoises et Béninois, chers compatriotes, barrons-leur la route pendant qu’il est encore temps !
Dieu Bénisse le Bénin
Dr Emile Kojo Zolaciadji
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