Regardez attentivement cette image qui est une capture d’écran d’une vidéo où Yayi Boni apparaît en solitaire. C’était lors de l’inauguration de la toute nouvelle cour d’appel de Cotonou. Le Président a un visage endeuillé, fermé, déserté par la moindre esquisse de sourire. Ce qui contraste avec le visage détendu et souriant de son aide de camp ou je ne sais quel attaché militaire tout juste à l’arrière plan. Sans parler de l’image en médaillon où le victorieux Président de mars 2006 est tout sourire flottant dans l’éther de la victoire cauris.
D’où vient cette tristesse, ce spleen, cette lourdeur du regard. S’enferme-t-il dans le splendide isolement du premier magistrat – c’est le cas de le dire, il se trouve à la Cour d’appel, – adopte-t-il cet air hautain et désabusé pour mystifier encore ceux qui peuvent l’être ? Est-il écœuré du spectacle qui lui échoit en tant que Président ? Pense-t-il aux péchés qu’il a commis ? Les excès que son penchant populiste a suscités, les gens qu’il a arbitrairement emprisonnés pour les anesthésier politiquement. Est-ce que c’est toute cette injustice qui lui pèse sur la conscience au moment où il est dans ce haut lieu de la Justice ? Ou bien pire encore cette cour d’appel qu’il inaugure augure-t-elle d’une autre Cour, la Haute Cour de Justice, où il mériterait d’être pour expliquer le maelstrom de corruption que la culture cauris qu’il a répandue béatement dans le pays a provoquée ? En tout cas, cette mine d’enterrement qu’il arbore ne laisse pas d’intriguer ; elle montre si besoin est que la fonction de Président des Béninois n’est pas de tout repos…Qu’est-ce qui le pousse donc à vouloir remplier ? Une pulsion masochiste irrépressible ?
Aminou Balogoun
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