Cette question ouvre un chapitre riche d’enseignement dans le lien très profond entre Pascal Fantondji et sa terre natale le Bénin. Entre départ volontaire et exil forcé.
D’abord, sur cette terre du Bénin qu’il aima avec passion il a fallu qu’il naquît quelque part ; ce fut en 1943 à DJAKOTOMEY dans le département du Couffo. En ce temps jadis, le Mono seul existait en tant que département. Et il ne le quitta qu’en 1954, pour Porto-Novo, département de l’Ouémé, où il fut admis au Lycée Victor Ballot.
Après 7 années d’études au Lycée Victor Ballot de Porto-Novo, Pascal Le Grand quittera son pays pour la France en 1961. C’était son premier vrai exil, mais un exil volontaire, régulier comme ce fut le cas de nombres de ces concitoyens de l’époque.
Durant cet exil volontaire, diurne et placé sous le signe de la formation et de l’enrichissement intellectuel Pascal Fantodji fit des études de mathématiques, sanctionnées par un doctorat. Elles lui permirent entre 1967-1971 d’être Assistant à la Faculté des sciences de Lille ; entre 1972-1974 : Professeur de Mathéma-tiques Spéciales à l’Ecole Sainte Geneviève de Versailles ; et enfin entre 1975-1976 : Professeur vacataire de Mathématiques à l’Ecole Spéciale des Travaux Publics de Paris.
De 1986-1988 il fut Chef du Département Formation Scientifique INSET (Mathématiques, Physiques Fondamentale et Informatique) à Yamoussoukro ; de 1986-1988 : Membre du Conseil de Gestion de plusieurs grandes écoles en République de Côte-d’Ivoire.
En 1986, le camarade Pascal FANTODJI est décoré, Chevalier dans l’Ordre du Mérite de l’Education Nationale, de la Recherche Scientifique, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle de Côte-d’Ivoire.
Oui, la Côte d’Ivoire, c’est justement autour de ce pays, terre de rassemblement des élites ouest-est africaines francophones sous la houlette paternaliste de Houphouët Boigny, que va se dérouler le deuxième exil, involontaire celui-là, forcé, et qui fut aussi un exil de combat. La raison de cet exil nocturne est dans le droit fil des engagements de Pascal Fantodji, au service des peuples d’Afrique et du Bénin.
De 1968 à 1975, Pascal FANTODJI a travaillé activement à la mobilisation et à l’organisation de la paysannerie et de la jeunesse de sa région d’origine. Dans cette période il accepta de faire avec les masses l’expérience de participer aux élections législatives dites tournantes de 1970. Dans le temps, dès 1971, il engagea un combat contre le populisme en soulignant la nécessité d’œuvrer pour l’avènement du parti de la classe ouvrière. En 1975, à la suite du mouvement de masses de mai-juin de cette année, et en particulier à la suite d’une grève de vente du coton par l’Union paysanne de sa région d’origine, il est banni du Bénin par le régime de KEREKOU. Cette situation le força à l’exil en Côte-d’Ivoire.
Membre fondateur du Parti Communiste du Dahomey (PCD), aujourd’hui Parti Communiste du Bénin (PCB), Pascal Fantodji en est devenu le Premier Secrétaire depuis sa création le 31 décembre 1977.
Rentré d’exil en septembre 1988, il a vécu en clandestinité et en semi clandestinité d’où il a dirigé la lutte pour le renversement de l’autocratie le 11 décembre 1989.
En 1993, il fit son apparition publique après le renversement de la dictature et en prélude à la légalisation du PCB.
En 1994, il anima le premier séminaire organisé par le PCB pour souligner le caractère primordial pour les peuples du droit à l’instruction et concomitamment il conduisit une campagne pour les nœuds d’information comme moyen d’étude des réalités au niveau de chacune des nationalités du pays et la liaison, via le Net, avec l’expérience des autres peuples.
En 1996, il fut candidat à la Présidence de la République.
En 1997, il fonda l’Institut International pour la Recherche et la Formation qui a contribué à révolutionner les conceptions culturelles dans notre pays.
En 2009, il a promu, sur la base de leur histoire, le regroupement des nationalités du Bénin en quatre ordres avec leurs sous-ordres correspondant à la soixantaine de parlers linguistiques
Auteur de beaucoup d’articles de journaux et de monographies sur des sujets aussi variés que la philosophie, l’économie politique, la stratégie et la tactique révolutionnaires, il est décédé le 05 avril 2010 à Cotonou.
Ce fut là son dernier exil, dans notre cœur, cette foi-ci
Binason Avèkes (source Gilbert Kouessi et Nouvelle Tribune)
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merci de nous faire connaître l'homme dont nous pleurons la disparition combien prématurée aujourd'hui. on sait qu'il mourra un jour mais pourquoi si tôt au moment où les illusions tombent sur les dépouilles de la dictature de boni yayi. merci pour votre article . vous avez oublié une oeuvre de l'homme . il s'agit de la convention du peuple dont il était le président de l'organe exécutif à savoir le CSN; COMITE DU SALUT NATIONAL . Merci de l'insérer pour l'image de sa lutte.
Rédigé par : wab raba | 03 mai 2010 à 16:20