Dans une Tribune au journal Le Monde, Edgard Morin, un penseur humaniste épris de justice et d’avenir et aux idées fortes déclare : “La formation des sociétés historiques, au Moyen-Orient, en Inde, en Chine, au Mexique, au Pérou constitue une métamorphose à partir d'un agrégat de sociétés archaïques de chasseurs-cueilleurs, qui a produit les villes, l'Etat, les classes sociales, la spécialisation du travail, les grandes religions, l'architecture, les arts, la littérature, la philosophie.”
Comme on le voit, cette recension, qui ne brille d’ailleurs pas par sa brièveté, ne fait aucun cas de l’Afrique noire, qu’elle omet subtilement, et pourrait-on dire fatalement. l’Afrique n’aurait pas de Société historique. Il fallait qu’elle existât déjà cette Afrique dans l’esprit de ce penseur de France, l’un des pays les plus négateurs de l’existence de l’Afrique en tant qu’entité positive et autonome. Ce genre d’omission lorsqu’il s’agit de compter ce qui compte dans le monde et dans l’histoire du monde, fût-ce celle du savoir, n’est pas nouvelle. Elle est une banalité récurrente du regard des Occidentaux Blancs sur l’Afrique Noire, considérée comme une table rase, un désert historique, culturel, et épistémologique. Il y a chez le meilleur des Blancs, c’est-à-dire des Occidentaux, un mépris intériorisé des Noirs, de l’Afrique noire, qui est d’autant plus injuste qu’il cache une profonde culpabilité et s’administre avec une inconsciente alacrité. Cette réalité, entre autres vices, constitue le malheur de l’Afrique.
Amida Bashô
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Certes, l'aspect sociologie de la connaissance, avec ses contraintes idéologiques et politiques est réel ; mais en l'occurrence ce qui est cruellement, et j'allais dire trivialement à l'oeuvre c'est l'aspect esthétique de la réception du discours. A savoir, il ne sied pas de mettre le nom sombre de l'Afrique dans cette liste dont la connotation esthétique est bouclée ; comme dans un salon bourgeois où n'entrent que des gens selects et spirituels... Le racisme anti-noir, que j'appelle antinégrisme, et qu'il ne faut pas laisser choir dans le phénomène général de la haine raciste, mais bien distinguer, est un mal historique féroce qui a des dimensions multiples. Et la question qui se pose dans nos rapports avec les Blancs qui en sont les pourvoyeurs, c'est de savoir à quel point nous sommes conscients de cette donnée et si nous savons en tenir compte...
Rédigé par : B. A. | 12 janvier 2010 à 06:12
Les occidentaux écrivent l'histoire qu'on leur laisse la latitude d'écrire. Ainsi l'histoire qu'ils écriraient aujourd'hui ou demain du Japon est différente de celle qu'ils auraient écrite si après la guerre, ce dernier pays n'avait pas su trouver les voies et les forces pour imposer un autre rapport. Ainsi en-est-il de la Chine, de la Corée etc...
Finalement, si le rapport que vous savez imposer en usant de vos forces et faiblesses, en transformant vos faiblesses en force, est déterminant, nous voilà amenés à nous poser la question de savoir comment se fait-il que depuis cette rencontre multi-séculaire nous laissons le champ aux occidentaux d'écrire de nous l'histoire qu'ils veulent. Je n'occulte pas les efforts des figures comme C.A Diop qui se sont evertués à donner une lecture moins falsifiée de l'histoire mais ce que je pointe c'est la création de conditions qui enlèveraient de l'eau au moulin des faussaires de l'histoire et en feraient de piètres ridicules s'ils persévèrent dans leurs oeuvres de falsification.
Thomas coffi
Rédigé par : Thomas coffi | 10 janvier 2010 à 11:57