Yayi Boni aime les louanges et déteste les critiques. Cela peut paraître un truisme voire une tautologie mais il n’en est rien. En toute logique existe une variété de type de personnalités.
2. Il y a ceux qui aiment les critiques et détestent les louanges
3. Il y a ceux qui n’aiment pas les louanges et détestent les critiques
4. Et enfin ceux qui aiment les louanges et détestent les critiques
Yayi Boni fait partie de cette dernière catégorie, qui est tout le contraire de la précédente. La controverse déclenchée par le Chef de l’État avec les syndicats au sujet de la gestion des fonds alloués par l’état ainsi que de leur organisation interne trouve sa racine dans cette tournure de sa personnalité politique. Il en va de même avec la mise sous contrat de la presse. Comme aussi, au nom de l’appui à la Société civile, cette manière sans vergogne de donner des millions crus aux chefferies et rois plus ou moins autoproclamés ainsi qu’aux religieux. Sans compter les achats spectaculaires de soutien, ou les retournements d’acteurs de premier plan du monde politique et médiatique. Difficile de savoir pourquoi, lorsqu’on quitte un parti quelconque de l’’oppostion c’est pour atterrir tout droit dans le giron du pouvoir Yayi, preuve que cette mobilité unidimensionnelle n’est pas si libre qu’il y paraît et est sous l’emprise de l’argent.
C’est justement là qu’entre en action la personnalité politique de Yayi Boni, maître d’œuvre de cette mobilité tarifée. Car les gens ainsi mus sont tenus de respecter et de magnifier cette personnalité. Comme le fait sire Gbadamassi depuis son dernier mouvement, ils doivent faire les louanges du Président, s’abstenir de le critiquer, au besoin ravaler leurs propres vomissures comme le font les chiens, et enfin critiquer ceux qui critiquent le Chef de l’état. Voilà le cahier de charge des assauts de faveur dont Yayi Boni fait étalage dans tous les secteurs de la société. Comme l’élu de mars 2006 n’est pas le fruit d’un vieux parti structuré, mais le résultat d’une génération spontanée obtenue par réaction populaire, il n’a pas d’autres moyens que de s’accrocher au peuple en utilisant des ficelles populistes. C’est la politique d’un homme politiquement pauvre, servie par une personnalité antidémocratique viscérale.
Et cette pauvreté conduit inévitablement à des dérives ou à des biais de représentation, comme l’idée que Yayi Boni, en tant que Chef de l’État et tenant de l’idéologie cauri se fait de l’argent public. Grosso modo – et quitte à en présenter in fine un bilan déguisé et fantaisiste – l’argent public est considéré comme sa propriété. Sans se cacher de personne Yayi Boni ne distingue pas sa poche et les caisses de l’État. C’est pour cela que toutes ses œuvres sont motivées en permanence par la tension et l’intention électoralistes. Exemple quand on construit un échangeur, ce n’est que très accessoirement pour l’échangeur lui-même mais pour qu’il soit dit que Yayi Boni a construit un échangeur et ses retombées électorales. Donc la construction d’un ouvrage comme l’échangeur de Godomey est principalement dédié à servir de support publicitaire à une campagne non-stop de réélection. Il en va de l’échangeur comme de la moindre chose que Yayi fait. De même que toutes les sorties diverses des caisses de l’État. Ces sorties sont considérées comme devant expressément servir aux intérêts électoraux de Yayi Boni, et seulement accessoirement au but de leur usage déclaré. Telles sont les caractéristiques et le caractère de la culture cauris instaurée par et sous le régime du Banquier-Président. Une façon d’appliquer l’éthique du banquier à l’inexpérience de son entrée miraculeuse en politique. Malheureusement, cette application n’est pas sans couac ni danger. C’est ce qui se passe à travers les démêlées actuelles du chef de l’état avec des syndicats. A l’instar des sommes d’argents énormes utilisées de-ci de-là pour ses sombres activités clientélistes à visée électoraliste, Yayi Boni pense sincèrement que les dotations de l’État aux syndicats, dotations dont il n’a d’ailleurs pas la paternité, constituent des sommes qui doivent expressément prouver leur utilité électorale pour lui sinon leur nuisance à ses ennemis politique.
Conséquence logique d’une dérive érigée en norme et seconde nature. Or voici qu’en tant que syndicats ces organisations se piquent de faire ce qui est dans leur nature et fonction : protester, revendiquer les droits des travailleurs, critiquer le gouvernement qui les foule au pied.
Et là s’éveille la personnalité politique de Yayi Boni. Pour lui trop c’est trop ! Les syndicats commettent un double crime : de lèse-majesté et éthique. Inadmissible que ceux qui reçoivent l’argent de l’État, in fine de lui Yayi, ne soient pas entièrement dévoués. L’État étant devenu l’État-Personne Yayi. Quand on reçoit l’argent de l’État-personne Yayi non seulement on ne le critique pas, mais on doit l’encenser, faire ses louanges jour et nuit : dire qu’il est beau, qu’il est brave, qu’il est un quasi-Dieu, le messie envoyé par Dieu pour sauver le Bénin, et qu’il sera réélu en 2011 ! Caprices du fils aîné de la génération spontanée en politique
Le propos n’est pas ici de dire que les syndicats sont blancs comme neige et peuvent disposer des fonds de l’État, comme bon leur semble en dépit de toute transparence. Il ne s’agit pas d’une caution apportée sous forme intellectuelle à des situations de rente politique déguisée ou d’accaparement léonin des allocations de l’État par quelques malins prétendus défenseurs des travailleurs. De même la problématique soulevée par le chef de l’État concernant la mobilité politique de l’encadrement des syndicats n’est pas dénuée de sens, surtout lorsque ceux-ci, de manière trop voyante, et outrepassant leur vocation, se piquent de donner des leçons de bonne gouvernance au pouvoir.
Mais agiter ces menaces sans vergogne ni scrupules en prenant le risque de ternir l’image des syndicats et de leurs dirigeants, parce qu’on n’est pas parvenu à les transformer en béni-oui-oui ou en chiens dociles qui doivent remuer la queue et, langue pendante, aboyer les louanges de leur maître à la moindre chiquenaude, voilà qui devient obscène !
Comme on le voit, la personnalité politique de Yayi Boni est inquiétante ; parce qu’elle met en danger la paix sociale. Et pas dans le sens de la dialectique d’un changement sain, mais plutôt dans celui d’une folie des grandeurs. Conséquence fâcheuse et regrettable de l’intrusion réactive de la génération spontanée en politique, cette personnalité devient une véritable menace pour la démocratie. Un passager venu du diable Vauvert et entré en contrebande dans le navire du Renouveau démocratique ; un passager dangereux à débarquer sans état d’âme à la prochaine escale ...
Ahokponou Bertin
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008,© Bienvenu sur Babilown
Effectivement, ce sur lequel l'on ne peut se taire et qu'il faut invariablement et infatigablement relever, c'est toute réflexion qui mettrait un iota d'eau au moulin de ceux qui par le passé ont leur part de responsabilité dans le statu quo.
Cela dit je trouverai l'occasion de donner un point de vue qui vaut ce qu'il vaut mais qui loin de tout tropisme anti-Yayiste fait le constat que le changement est pris dans la nasse des tendances lourdes du système et que les dérives plus ou moiins graves que l'on peut hélas relever ne sont pas que des faits et erreurs de la volonté de Yayi Boni mais résultent pour une bonne part des contraintes qui régissent le système et qui surdéterminent les marges de manoeuvre des acteurs. De ce fait la volonté d'une seule personne fut-elle chef d'Etat élu à 75% n'est que fétu de paille. Il doit composer à son corps défendant avec ces déterminants pour survivre. De ce fait il a besoin d'être aidé, soutenu, compris, pardonné, rectifié plutôt que brocardé à tout bout de champ. A bientôt pour un point de vue et un regard plus contrastés sur le quinquennat en cours et les promesses qu'il peut encore remplir car je refuse de céder au catastrophisme, convaincu que le débat démocratique a fait un grand pas en trois ans. Le consensus frauduleux et son corollaire, la loi du silence sont brisés du fait que Yayi Boni a pris la courageuse et risquée responsabilité d'assumer le pouvoir que le peuple lui a conféré!
Thomas Coffi
Rédigé par : Thomas coffi | 24 août 2009 à 22:31
Cher Monsieur Thomas Coffi
Dans Rebonds 1 que vous avez suscité et que je vous convie à relire attentivement, E. Goutchili a eu à répondre, je crois, aux arguments, toujours les mêmes que vous amenez comme un infatiguable snipper, qui ne change pas de créneau, tire un coup et s'éclipse sans approfondir le débat. Par exemple ce qui est souligné ici c'est la mise en danger de la démocratie par Yayi Boni, pas la question de détournement -- un journaliste de mon village natal vient d'être emprisonné-- Et même pour ce qui est du détournement Yayi n'est pas propre. Ce n'est pas parce que lui et ses amis dénoncent les autres et qu'il prend des airs de celui qui sait rendre des comptes ou qu'il dit qu'il est responsable mais pas coupable ou demande pardon que ça y change grand chose. C'est le moins qu'on puisse imaginer de quelqu'un dont le staff des conseillers en communication emplirait la moitié d'une ville de taille moyenne. Par ailleurs personne ne nie l'utilité relative de Yayi dans le procès historique de la politique Béninoise. Même les chacals ont leur utilité dans la savane, ce n'est pas pour autant qu'il faut en faire le roi des animaux. Ma conviction est que le Bénin a intérêt à tourner la page Yayi en 2011. Un point c'est tout. Pour ce qui est de l'argument qui vous tient lieu de mantra et sur la base duquel vous disqualifiez le droit à la rédemption des anciens hommes politiques, relisez ceci et renouvelez-vous, pour l'enrichissement du débat : nous vous en savons capable... Amicalement, AB. :
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Je crois que tout le monde s’est fait berner par Yayi Boni et ce pour une raison simple. Le type n’a jamais gouverné, jamais rien fait. Et il arrive et dit « ça va changer » (autant dire, je "vais changer") Mais comment peut-on changer si on n’a jamais rien fait ? Or ces anciens voleurs à la cuiller à café comme ils s’avouent eux-mêmes – et dont certains comme Amoussou Bruno depuis quelque temps essaient de prendre devant la postérité des postures raffinées de politologue panafricain – ont eu à faire quelque chose, à gouverner ; et ils ont fait des erreurs, des erreurs assez graves d’ailleurs. Ces erreurs ont essentiellement nom : manque de vision, division et vol aggravé (compte tenu du passé) Toutefois, de par leur volonté d’organisation, ces gens ont commencé à donner des gages en ce qui touche à la vision et à la division ; et on peut penser que s’ils ne devaient se servir, une fois au pouvoir que de la cuiller à café comme ils en ont l’habitude, ce serait déjà un changement par rapport au régime actuel de la louche. Donc ces gens que l’on appelle « vieille classe politique » dans une Afrique où la vieillesse n’est pas une tare mais un atout sont des agents actifs d’une dialectique du progrès et du vrai changement. A condition que le peuple veille. Or l’état et la culture de veille est l’une des choses que Yayi Boni s’attache à détruire. ( liberté d’expression mise en danger, journalistes emprisonnés, monopolisation des médias, propagande effrénée, achat de conscience, compromission de la Société civile, manipulation des partis politique, transhumance, clientélisme, etc.) Si des gens peuvent changer – et dans le même élan changer quelque chose dans ce pays, – c’est bien ceux qu’on appelle la vieille classe, c’est-à-dire ceux qui ont déjà eu à gouverner et se sont trompés. Sans vouloir verser dans le prêche chrétien de la faute et du pardon, je crois que depuis le Christ, on sait que l’être humain est perfectible et amendable ; et qu’à partir d’un point de déchéance, il peut se résoudre à s’améliorer, corriger son passé. Les hommes ont droit au pardon, non pas comme le dit le Christ « parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font » mais justement parce qu’ils ont fini par le savoir, et prendre la résolution du « plus jamais ça » ’ Vous me direz, cher ami que le raisonnement vaut aussi pour l’actuel régime. Je dirai non, parce qu’il est dans le feu de l’action et n’a pas le recul de l’expérience pour atteindre à la conscience heuristique de son erreur. Non, parce que, d’avoir été élu massivement le Président actuel en est ivre et cette ivresse le fait errer en même temps qu’elle obnubile la conscience de ses errements. Non, parce que le Président actuel a lourdement déçu, même si à tout bien penser cette déception était prévisible : le gars qui vient de nulle part et surtout un banquier ouest-africain qui promet de lutter contre la corruption et les détournements d’argent de l’état, c’est trop beau pour être vrai ! Mais quelque part, d’une manière dialectique, le régime actuel était censé représenter ( subsumer comme le dirait Hegel) tous les autres qui l’ont précédé en prenant sur soi leur faute, comme l’exemple de ce qu’il ne faudrait plus jamais faire, et en faisant mieux. Or il n’a pas trouver mieux à faire que de s’entourer des pires acteurs du passé ( Azonhiho, Amos Alègbé, etc...) En somme, il n’a pas trouvé mieux à faire que de faire pire, et ce n’est pas trop demander comme l’a fait le Président Houngbédji que de lui demander de partir. Mais désormais et dans l’esprit d’un changement vrai, on ne doit pas seulement laisser partir un type comme Yayi Boni. Il doit répondre devant la justice de ses fautes et de ses crimes et le cas échéant aller en prison. Car lui qui n’hésite pas à envoyer de petits journalistes en prison, ce serait pas mal qu’il aille aussi respirer l’air pur de la prison ; cela lui fera comprendre la valeur inaliénable de la liberté ! E.G.
il y a 3 jours sur Haro 8
Rédigé par : B. A. | 23 août 2009 à 21:19
Le "navire du Renouveau démocratique" parlons de ce navire. Vous savez bien que ce navire n'a véhiculé que la dilapidation des ressources de la collectivité avec un consensus du silence basé sur le " à chacun ses oignons, n'empiète pas sur mes plates-bandes". Fort et peut-être ivre comme l'a ironisé quelqu'un sur ce blog de ses 75%, Yayi Boni a cru pouvoir devenir maître à bord. S'il avait continué sur le modus hérité du système Kérékou, nul doute qu'il n'aurait eu aucun problème et le navire du renouveau démocratique aurait continué à voguer comme par le passé: Fossoyement de l'économie au vu et au su de tous dans un silence total des principaux acteurs, du moment que chacun y trouve son compte. Souvenons nous des déclarations ironiques de Soglo sur RFI à l'endroit du renouveau démocratique après son échec en 1996 " On dit démocratie, démocratie, si j'avais arrosé les gens..."
Yayi Boni a involontairement brisé le consensus frauduleux et la loi du silence, remercions la providence: Pour la première fois un chef d'Etat déclare sa responsabilité dans des actes de corruption. C'est une évolution. Remercions la providence de cette évolution des choses et ne croyons pas que le meilleur est à venir. S'il n'est pas dans le passé, ni dans le présent, le futur ne le portera ps. Ce qui a été, sera. C'est sur ce même blog que j'ai lu une analyse combien pertinente sur les motivations qui amènent les hommes africains au pouvoir...2011 ne nous rsserve que des mirages. Un de plus.
Thomas Coffi
Rédigé par : Thomas coffi | 23 août 2009 à 19:37