L’année 2008 ferme le rideau des joutes électorales.
Place neuve à la consolidation du projet démocratique dans la concorde.
T. Nouatin
Nous nous acheminons vers la fin de l’année 2008 qui aura connu la dernière de la série d’élections qui se sont succédé dans notre pays depuis Mars 2006. Elles furent âprement disputées donnant parfois lieu à des heurts inévitables. Il n’y a là rien d’anormal. Nous avons bien vu Barack Obama et Hillary Clinton s’affronter de manière parfois acerbe lors des primaires des dernières élections présidentielles. Aujourd’hui, les deux adversaires d’hier sont sur la rampe de départ pour une collaboration au service des Etats-Unis. Après les joutes électorales, la cordialité et l’esprit de collaboration devraient reprendre droit de cité.
Mobiliser et focaliser nos attentions sur 2011 constitue une attitude dont il convient de relever le caractère antidémocratique. En effet, nous avons pris en 2006 l’option d’écrire une nouvelle page de notre démocratie. Or tout essor novateur en démocratie s’appuie sur une analyse du passé pour élaborer un projet de société à plus ou moins long terme. Nous savons ce que fut ce passé qui a précédé les élections de Mars 2006 : une gestion préjudiciable sur bien des plans à l’intérêt national ; une autorité centrale abdiquée au profit de fiefs et de clans sans devoir comptable. Il s’agissait dorénavant dès 2006 d’éviter de retomber dans les mêmes travers qui ont mis le pays en coupes réglées.
Il apparaît que l’autorité que nous avons démocratiquement élue en 2006 a bien pris la mesure de cette analyse du passé. Il nous a proposé un projet de société à plus ou moins long terme. Ce projet est ce qu’il est avec ses mérites, des caractéristiques à améliorer en continu, sans relâche. Ce projet élaboré à partir des aspirations exprimées à la base pour une société prospère, solidaire et plus juste, devient notre projet à tous, le projet de chacun de nous, un projet démocratique en somme. Il est indépendant de l’équipe qui le porte, il est indépendant du régime en place. Les régimes passent, les peuples demeurent. De ce fait, il nous appartient de porter le projet démocratique à travers le temps, par delà les divergences, par delà les quinquennats. Mandela adressait ces mots à Barack Obama « Votre victoire a démontré que personne partout dans le monde ne devrait avoir peur de rêver de changer le monde pour le rendre meilleur »
Qui que nous soyons, où que nous soyons, de quelque bord que nous soyons, nous ferons une grave entorse à l’histoire, une véritable fracture à notre histoire si nous faisons le choix de geler ou d’occulter dans l’inconscient collectif la prééminence de notre projet démocratique sur les dissensions et contingences particulières, partisanes, corporatistes, claniques. L’on nous accusait encore récemment d’être victimes d’une mentalité enfermée dans le temps cyclique, peu préoccupée par un projet ascensionnel qui s’affranchit de l’éternel recommencement. Nous prêterons toujours flanc à des jugements de ce genre, si nous laissons le cycle des élections délimiter l’horizon de nos projets collectifs. Des projets accrochés aux échéances électorales ne peuvent être des projets démocratiques mais bien des échafaudages élaborés par des groupes particuliers pour des intérêts spécifiques. La démocratie concentre plutôt le lieu géométrique des intérêts communs et cela de façon diachronique, évolutive dans le temps. Aucune rationalité ne saurait nous dicter de nous détourner du projet démocratique librement amorcé en 2006 pour porter maintenant notre attention sur 2011. Maintenant c’est le temps d’œuvrer dans la paix et la concorde pour soutenir notre projet démocratique et apporter nos pierres individuelles à l’édifice commun. 2011 viendra à son heure.
Théophile Nouatin
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