Kwame Nkrumah, le Père du Panafricanisme est né ce jour en 1909
Kwame Nkrumah est considéré comme le père du panafricanisme. Il fut l’un des tous premiers à rêver d’une Afrique unie, comme les Etats-Unis, une Afrique qui ne serait plus utilisée comme un réservoir de matières premières pour l’Europe, mais une Afrique qui serait elle-même une puissance économique.
Il est le père de l’indépendance du Ghana qui fut le premier état africain à conquérir son indépendance, en 1957
Kwame Nkrumah est né le 21 Septembre 1909 à Nkroful dans le sud-ouest de ce qui s’appelait alors la Côte d’Or ou Gold Coast,
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Copyright, Blaise APLOGAN, 2008, © Bienvenu sur Babilown
« Enfin, la bataille est terminée. Notre Ghana aimé est libre pour toujours », proclamait, euphorique,
Kwame Nkrumah devant des milliers de Ghanéens heureux d’écouter l’annonce que leur pays était indépendant, Un moment historique, mais aussi un rêve, car la liberté dont parlait Kwame Nkrumah reste toujours un défi.
Après la liesse des indépendances des années 60, l’Afrique a connu le retentissement des années 70.
Puis, le désenchantement des années 80, une décennie «perdue» pour le continent. Les années 90 furent un temps de reconversion, de rectifications, de privatisations. Et aussi de réformes économiques qui imposaient aux pays africains de se serrer la ceinture et se conformer aux diktats de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International. Aujourd’hui, tous les pays africains sont indépendants, sauf le Sahraoui. Mais quelle indépendance ?
Certains discours de Kwame Nkrumah gardent toute leur actualité. Bien que la plupart des Africains, disait-il, soient pauvres, notre continent est très riche. Nos ressources minières sont exploitées par du capital étranger, n’enrichissant que les investisseurs étrangers, soit l’or, soit le diamant, soit l’uranium et le pétrole. Nos forêts ont du bois extraordinaire. Nos terres produisent cacao, café, gomme, tabac et coton. L’Afrique possède les 40% du potentiel hydraulique du monde (l’Europe n’a que 10% et l’Amérique du Nord 13%).
C’est le paradoxe africain : la pauvreté au milieu de l’abondance.
Des mots que Nkrumah prononça en 1961 mais qui gardent, 46 ans plus tard, toute leur actualité.
La déception
Des situations dont sont aussi responsables de nombreux dirigeants africains. Le professeur ghanéen Kpakpo Allestey écrivait récemment à propos des critères dans le choix des ministres, au cours de ces 50 ans : « Les ministres qu’on élit sont des amis, des frères, des fidèles du parti, des gars qui ont soutenu financièrement la campagne électorale, des membres de la famille élargie, des individus avec lesquels on priait lorsqu’on était enfants ». Après l’euphorie des premières années, la déception s’installe.
La libération du joug colonial ne garantissait pas, à elle seule, la prospérité et le développement.
Les leaders africains n’étaient pas, d’ailleurs, exempts des maux qu’on appelle ambition, corruption et mégalomanie, virus typiques de nombreuses classes politiques. Pendant ces 50 ans, le Ghana a souffert dans sa chair et a écrit des pages sombres. Plusieurs coups d’État militaires, l’assassinat de trois chefs d’État en l’espace de quinze jours (juin 1979), luttes pour le pouvoir et, surtout, de graves crises économiques. Le même Nkrumah fabriqua sa déchéance. Son programme politique se fixait la conversion du Ghana en un pays socialiste, modèle pour tout le continent. Cependant, en 1960, il dilata ses pouvoirs et se fit appeler « Osagyefo » (rédempteur).
En 1964, il se nomma président à vie, interdit les partis politiques et transforma son parti, la Convention du Peuple, en parti unique. Il ne se faisait pas scrupule d’arrêter ses adversaires politiques. « Pendant la période qui suit l’indépendance peut se présenter la nécessité d’adopter des mesures d’émergence de nature totalitaire », se justifiait-il. Le père de la patrie et architecte des indépendances africaines avait ses faiblesses. Alors qu’il exigeait l’austérité de la part de ses ministres, il avait placé plusieurs millions de dollars dans des comptes à l’étranger, en son nom et à celui de son épouse.
Déposé par des militaires le 24 février 1966, il se réfugia en Guinée Conakry, où son ami Sekou Touré le nomma co-président. Des années turbulentes attendaient le pays.
Mais finalement, la démocratie arriva. L’actuel président, John Ogyekan Kufuor, réélu pour la deuxième fois en 2004, poursuit une politique de tolérance zéro contre la corruption et soutient tous les programmes favorisant la croissance économique. Des ministres coupables de détournements des fonds publics ont été mis en prison.
Deuxième producteur mondial de cacao et bon producteur d’or, le Ghana a favorisé énormément la privatisation de ses entreprises au cours de ces dernières années. L’analyste ghanéen Yeboah Kwesi a écrit : « Aujourd’hui, les Malaisiens construisent nos édifices publics, les Danois et Malaisiens gèrent nos systèmes de communication, les Chinois construisent nos stades et centres nationaux d’art, les Japonais et les Allemands construisent nos routes, les Américains et les Canadiens extraient notre or, la moitié du monde développé construit nos écoles et latrines. En retour, nous importons leur riz, leurs poulets, leurs tôles de zinc pour la construction… ».
Une dépendance sérieuse: un vrai challenge pour l’État, appelé à favoriser l’initiative locale, la transformation industrielle des ressources minières, faite sur place, la promotion d’une agriculture plus dynamique.
« Pour éviter cette nouvelle colonisation économique, remarque Kwesi, il faut encourager sérieusement le secteur privé local. 72% de la population dépend d’une agriculture de subsistance, incapable de répondre d’une manière adéquate aux besoins fondamentaux (santé, éducation, etc.). La plupart des travailleurs agricoles vivent dans des conditions extrêmement dures, particulièrement en ce qui concerne le logement et le régime alimentaire. Il faut donc une réforme agraire qui orienterait le pays vers une agriculture de marché, industrielle, diversifiée, tournée vers l’exportation. Bien appliquée, une telle réforme aura l’avantage de transformer les paysans en gérants de la vente de leurs propres produits. S’agissant du secteur industriel, le Ghana, producteur de la bauxite, principal minerai d’aluminium, possède bien les capacités de le travailler et de le transformer sur place. Il ne manque plus que la volonté de tous, savants, techniciens et dirigeants de tout bord, conclut l’analyste.
Africa González Gómez. M. N.
Rédigé par : Aminou | 21 septembre 2008 à 22:20