Dans le Silence Affreux des Pouvoirs Publics
Vous les rencontrez en semaine et surtout en début de weekend sur nos routes, le pied collé à l'accélérateur. A peine avez-vous senti leur souffle qu'ils sont déjà au loin faisant des fantaisies, zigzaguant sur la route dans un déni effarent du code de la route au mépris total de leur vie et de celles des autres. Ils ont entre 14 et 18 ans, en quête de sensations fortes, de montée d'adrénaline n'obtiennent malheureusement que blessures graves, amputation ou la mort.
C'est connu, les jeunes, notamment les adolescents cherchent tous les moyens pour laisser exprimer leurs hormones et pour certains l'exutoire, c'est de "faire le fou" sur les voies publiques. Les "Djènanan et les grosses motos "Venus de France" sont le must du moment et ces derniers sont prêts à tout pour s'en acheter une, quitte à se coller des heures durant, les yeux aux écrans d'ordinateurs pour monter et accomplir des actes d'escroquerie sur Internet.
L'inconscience, le summum de la bêtise atteint son paroxysme les weekends ! Après s'être gargarisés d'alcool et survoltés à l'extrême, ils planent sans parachute ; prennent d'assaut la route qu'ils transforment en champs de course, puis l'inévitable se produit ! Pourtant, ils l'ont si bien cherché.
Le mardi dernier aux services d'urgence du CNHU, un gosse d'à peine 15 ans accompagné d'une bande de jeunes motards-"Djènanan", la jambe gauche brisée à plusieurs endroits gémissait de douleurs atroces. Le lendemain, ce fut d'autres drames impliquant toujours des adolescents : jambe broyée par ci, tête fracassée par là. De l'avis des urgentistes, le fait est habituel, banal et les weekends encore plus.
Cela fait déjà un bout de temps que nos jeunes se comportent très dangereusement sur nos routes, bien aveugle qui n'a remarqué jusqu'alors ces malfaiteurs du goudron. Mais notre mentalité d'attentiste, défaitiste, laxiste fataliste fait que tout le monde se tait y compris ceux-là payés pour le savoir et tirer la sonnette d'alarme! C'est à se demander si la Sécurité Routière n'est pas qu'un slogan pour ces bureaucrates du Centre National de Sécurité Routière (CNSR) ! Ont-ils jamais élaboré une stratégie, un plan d'action pour sécuriser nos routes ? Tiennent-ils des statistiques régulières, annuelles ? Les partagent-ils avec le public ? Quelles mesures prennent-ils pour diminuer ces statistiques ? On est bien tenté de répondre par le négatif ! Il ne s'agit aucunement de faire des visites techniques - quelque fois bien douteuses vue l'état des carcasses et autres guimbardes qui ont tout de même reçu le "permis de circuler" - de faire quelques interventions sporadiques sans réel suivi, d'intervenir une fois en passant à la télé et de retourner se terrer dans son bureau pour prétendre assurer la sécurité routière. Les accidents de la route constituent plus de 90% des admissions aux urgences et cela ne semble pas les préoccuper outre mesure ! Avec la multiplicité de moyens de communication disponibles actuellement, garder ainsi le mutisme, continuer dans une telle passivité est tout sauf raisonnable. Par ailleurs, la configuration et l'état de bien d'infrastructures routières sont déjà sources de fréquents accidents de la circulation.
Personne ne demande aux responsables du Ministère de l'Intérieur et du CNSR notamment d'aller conduire à la place de ces excités, ces délinquants qui sèment la désolation sur nos routes, mais d'user de moyens de sensibilisation et de coercition de communiquer abondamment avec toutes les couches sociales, de réaliser des interventions régulières en direction des cibles pour arriver à endiguer le phénomène.
A part le fait d'être peuplé de conducteurs dangereux, indélicats, très rarement courtois, le Bénin est très certainement le pays où il est très difficile de conduire, tellement le non respect du code est flagrant, délibéré et l'inconscience grandiose. Les étrangers en font l'expérience à chaque fois. Qu'on se le dise, les conducteurs béninois ont besoin d'être recyclés.
Déjà très vulnérables, les conducteurs de deux roues roulent toujours sans casque et ne veulent toujours pas entendre parler de permis de conduire ; ils en sont contre et on laisse faire ! Quant aux automobilistes, ils ne jugent toujours pas nécessaire de munir leurs voitures de ceinture de sécurité. Par ailleurs, les taxis dictent toujours leur loi aux usagers et aux hommes en uniformes en continuant à entasser jusqu'à 7 clients dans un véhicule 5 places ! Ils mettent en danger la vie des autres et on laisse faire ! Dans cette terrible pétaudière, les hommes en uniforme en faction sur les routes font le strict minimum, ferment les yeux et se contentent de monnayer leur silence. Ceux qui ont reçu le mandat d'assurer la sécurité routière jouent aux spectateurs devant le désastre et la population elle fataliste compte ses morts à chaque instant, chaque jour et dans un silence consentant. Ainsi va le Bénin émergent !
La route tue sous tous les cieux mais un pays qui place l'être humain au cœur de sa politique ; un pays soucieux de la vie et de la survie de sa jeunesse, de ses forces vives, des contribuables de demain, aurait déjà élaboré tout un arsenal de mesures éducatives, incitatives et coercitives pour réduire le nombre de morts sur ses routes !
En attendant que nos autorités daignent s'occuper du problème, les parents peuvent encore choisir entre réagir ou enterrer leurs enfants.
Paula AGBEMAVO
Copyright, Blaise APLOGAN, 2008, © Bienvenu sur Babilown
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