Philosophe, mathématicien et homme politique français, Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de Condorcet est né à Ribemont dans l'Aisne le 17 septembre 1743.
De 1765 à 1774, s'étend la période purement scientifique de sa vie. En 1765, il publia son premier travail sur les mathématiques, intitulé Essai sur le calcul intégral, qui fut très favorablement accueilli, et lança sa carrière de mathématicien de renom. Cet essai ne sera d’ailleurs que le premier d’une longue série.C'est au cours de cette période qu'il est élu, le 25 février 1769, à l'Académie royale des sciences.
En 1774, Condorcet fait son entrée dans la controverse philosophique avec Lettres d'un théologien à l'auteur du Dictionnaire des trois siècles. Cette année-là, il est nommé inspecteur général des Monnaies dans l'Aisne par Turgot, nouveau contrôleur général des Finances, dont il soutient activement la politique. En 1776, il est élu secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, et en 1782 à l'Académie française. Dans les années qui vont suivre, le mathématicien et académicien va se consacrer de plus en plus à une activité militante: défense des droits de l'homme en général, des droits des femmes et des Noirs en particulier. Il soutient la cause des jeunes États-Unis d'Amérique et propose des projets de réformes politiques, administratives et économiques destinées à transformer la société.
A l'annonce de la convocation des états généraux, 1789, l'activité politique de Condorcet devient intense. En 1790 il fonde avec Sieyès la "Société de 1789" et dirige le Journal de la Société de 1789, la Bibliothèque de l'homme public (1790-1792), la Chronique de Paris (1792-1793), le Journal d'instruction sociale (1793). En 1791, il est élu à l'Assemblée législative et en 1792 à la Convention.
Décrété d'accusation le 3 octobre 1793 pour avoir osé critiquer le projet de Constitution présenté par Hérault de Séchelles, il se cache pendant cinq mois dans la maison de Mme Vernet, rue Servandoni, à Paris. C'est là qu'il travaille à un Tableau historique des progrès de l'esprit humain. Il achève la première version de ce qui constitue l'Esquisse en octobre.
Le 25 mars 1794 Condorcet quitte son refuge. Le 27, il est arrêté à Clamart. Le 28 (29?), on le trouve mort dans la prison de Bourg-l'Égalité (Bourg-la-Reine).
Bibliographie Du calcul intégral (1765), Lettres d'un théologien à l'auteur du Dictionnaire des trois siècles (1774), Réflexions sur la jurisprudence universelle (1775), Collaboration à la partie Mathématiques de l'Encyclopédie méthodique (1784-1789), Vie de Turgot (1786), De l'influence de la révolution d'Amérique sur l'Europe (1786), Essai sur la constitution et les fonctions des assemblées provinciales (1788), Sur l'admission des femmes au droit de cité (1790), Cinq Mémoires sur l'instruction publique (1791-1792), Sur la nécessité d'établir en France une constitution nouvelle (1793), Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain (posthume, 1795). |
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Citations de Condorcet :
"Que les actes qui constatent la naissance, le mariage, la mort des citoyens soient soustraits à une autorité étrangère et ne reçoivent leur authenticité que d'officiers d'état civil établis par la loi. Que la morale fasse partie d'une éducation publique commune à toutes les classes de citoyens. Que l'on écarte avec soin de cette éducation toute influence sacerdotale."
(Condorcet / 1743-1794 / Discours d'avril 1790)
"La vérité appartient à ceux qui la cherchent et non point à ceux qui prétendent la détenir."
(Condorcet / 1743-1794 / Discours sur les conventions nationales, avril 1791)
"Plus un peuple est éclairé, plus ses suffrages sont difficiles à surprendre [...] même sous la constitution la plus libre, un peuple ignorant est esclave."
(Condorcet / 1743-1794 / Cinq Mémoires sur l'instruction publique / 1791-1792)
"Il ne peut y avoir ni vraie liberté ni justice dans une société si l'égalité n'est pas réelle."
(Condorcet / 1743-1794 / Journal d'instruction sociale / 1793)
"Le mépris des sciences humaines était un des premiers caractères du christianisme. Il avait à se venger des outrages de la philosophie ; il craignait cet esprit d'examen et de doute, cette confiance en sa propre raison, fléau de toutes les croyances religieuses. La lumière des sciences naturelles lui était même odieuse et suspecte ; car elles sont très dangereuses pour le succès des miracles ; et il n'y a point de religion qui ne force ses sectateurs à dévorer quelques absurdités physiques. Ainsi le triomphe du christianisme fut le signal de l'entière décadence et des sciences et de la philosophie."
(Condorcet / 1743-1794 / Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain / 1795)
"Le hasard des événements viendra troubler sans cesse la marche lente, mais régulière de la nature, la retarder souvent, l'accélérer quelquefois."
(Condorcet / 1743-1794 / Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain / 1795)
"Toutes les fois que la tyrannie s'efforce de soumettre la masse d'un peuple à la volonté d'une de ses portions, elle compte parmi ses moyens les préjugés et l'ignorance de ses victimes."
(Condorcet / 1743-1794 / Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain / 1795)
"Pour se garantir du feu passager [le fouet], il suffit [...] de donner assez d'argent aux prêtres, mais, pour le feu éternel, il n'y a pas d'autres remèdes que de raconter ce qu'on a fait aux genoux d'un prêtre [..] L'humiliation et l'opprobre sont l'état naturel du chrétien."
(Condorcet / 1743-1794 / texte non publié où il dénonce les écoles des Jésuites, cité dans "La Raison" de mars 2004)
"L'espèce humaine marche d'un pas ferme et sûr dans la route de la vérité, de la vertu et du bonheur."
(Condorcet / 1743-1794)
"Toute société qui n'est pas éclairée par des philosophes est trompée par des charlatans."
(Condorcet / 1743-1794)
Rédigé par : B. A. | 08 juillet 2008 à 15:07