Mon Idéo va, court, vole et tombe sur...:
Le Marché de la Puissance Médiatique.
Les médias ont de nos jours, une importance capitale en politique conventionnelle. Dans ce domaine leur influence est décisive. Pour préparer, réussir, et conserver le pouvoir.
De même, dans la politique non-conventionnelle, un des buts et moyens des terroristes et autres preneurs d’otage est la capture de l’attention médiatique, à l’échelle régionale ou planétaire. L’action terroriste et la prise d’otages sont d’abord des actions médiatiques qui s’appuient sur l’impact politique des médias.
Dès lors existe un marché national et international du médiatique en politique. Tout homme ayant compris l’équation conditionnelle entre le politique et le médiatique de nos jours, tout homme qui sait qu’avant de prendre le pouvoir politique, il faut d’abord s’emparer du pouvoir médiatique et vice versa, est un commensal de ce marché. Même si sa méthode politique est conventionnelle, un tel homme se retrouve sur le même terrain de rapport extrême avec la puissance médiatique recherchée par les terroristes et les preneurs d’otage. Cette commensalité médiatique du politique et du terroriste génère implicitement une alliance. L’art du "dialogue avec les terroristes" ou celui permettant la libération des otages est devenu monnaie courante sur ce marché. Dès lors pour le politique avide de puissance médiatique, la libération des otages ou le "dialogue avec les terroristes", de même que ce qui est présenté comme une guerre sainte au terrorisme, constituent un savoir-faire et une valeur très recherchés. Deux pôles d’exploitation de ce marché existent qui ne sont d’ailleurs pas opposés. L’un qui fait de la guerre sainte contre le terrorisme son leitmotiv et sa raison d’être ; entreprise à visée électoraliste ou prédatrice, lorsque les arguments d’une capacité politique font défaut sur les terrains habituels ; et l’autre qui fait du dialogue avec les terroristes, et surtout de la libération des otages son cheval de bataille et le geste d’éclat par excellence, susceptible de redorer son blason et de lui apporter une sorte d’aura héroïque de libérateur et de secouriste du peuple. Si le premier exploite et met en valeur sa haine supposée du terroriste ou du preneur d’otages, le second a pour fonds de commerce son génie du dialogue avec les fauteurs de mal.
Nicolas Sarkozy fait partie de cette seconde catégorie. Sinon comment expliquer qu’en six mois de présidence, il ait déjà pris langue tour à tour avec la Libye, le Tchad, et le Vénézuéla pour libérer ou tenter de libérer tels otages, ou tels détenus dans des conditions plus ou moins floues ? Cet héroïsme de la libération qui devient une des occupations de choix du nouvel homme politique père et fils de pub se pare des dehors vertueux d’un humanitarisme pragmatique ; mais en réalité, il s’agit d’une escroquerie morale consistant à tirer partie du drame de la politique non conventionnelle à des fins de politique conventionnelle : soigner sa popularité en manipulant les émotions antagoniques que suscitent tour à tour la douleur ou la joie, la peur ou l’espérance des victimes et parents de la politique non-conventionnelle.
Au mépris des obédiences idéologiques des uns et des autres, sur le marché de la puissance médiatique, l’existence d’une alliance de fait entre terroristes et preneurs d’otages d’une part et hommes politiques conventionnels d’autre part, n’est pas une vue de l’esprit malin, mais une réalité fondée dans les faits et l’actualité politique internationale de tous les jours.
Pour rendre raison de l’amitié subite entre Nicolas Sarkozy et des hommes comme le Colonel Kadhafi ou Hugo Chavez, l’argument de la Realpolitik ou du pragmatisme est un peu court. Seule la solidarité objective du marché de la puissance médiatique peut rendre raison de ces amitiés contre nature entre des hommes aussi idéologiquement et politiquement différents.
Eloi Goutchili
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