Yayi Boni et le Principe d’Artefact
Ce texte rappelle les faits d’actualité récents ; notamment la décision de levée d’immunité parlementaire des anciens dirigeants de la SBEE. Il soulève les paradoxes de cette situation en faisant remarquer que si les personnes concernées n’avaient pas bénéficié de la bénédiction du Président lui-même dans leur ambition de devenir députés ; et si cette bénédiction n’avait pas porté ses fruits la question de la levée de leur immunité ne se poserait pas aujourd’hui. Autrement dit Monsieur Yayi Boni que ses thuriféraires font passer pour le Saint-combattant de la corruption n’est pas très au clair dans cette lutte. On sent à l'oeuvre un principe d’artefact. Un aspect de ce principe est illustré par la situation de la presse aujourd’hui. La conception propagandiste de l’information qui est celle du nouveau régime n’est pas éloignée de celle de la période politico-médiatique ORTB/EHUZU, où n’existait dans le pays qu’une seule radio et un seul journal d’état. S’il y a différence, ce n’est qu’une différence de forme, pas de nature. En effet, jadis d’une seule source émanait l’information unique ; aujourd’hui, de sources multiples émane une information hégémonique unifiée, donnée par des médias acquis au pouvoir. Et cela fonctionne par chantage à la situation difficile des médias et à la condition non moins difficile des hommes qui y travaillent. Or sans compter les conditions d’octroi légal de l’aide à la presse, le coût d’une telle organisation suborneuse et autocratique de l’information est sujet à caution. Si on suppose que Yayi Boni fait sa pub en permanence au frais du contribuable, au nom de la propagande du Changement, on est obligé de reconnaître là un vice. Car toutes ces sommes astronomiques ne sont pas consacrées légalement dans le cadre d’une aide transparente à une presse libre, mais par un contrat de dépendance occulte totalement antidémocratique. Donc tout se passe comme s’il s’agissait d’une distraction de fond public. Dans la mesure où la corruption consiste à détourner l’argent public à ses fins personnelles, la méthode qui consiste à distraire d’autorité les ressources publiques à des fins cachées dont la nature collective est douteuse procède d’une double corruption. Elle est une corruption en ce qu’elle détourne l’argent public à des fins partisanes ; mais elle aussi une corruption parce que son moyen vise à corrompre les mœurs médiatiques d’un pays qui, naguère, se prévalait encore de son exemplarité…
Il ne s’agit là que d’une simple hypothèse et d’un raisonnement qui malheureusement n’est pas entièrement délirant. Il suffit de déployer ce genre de raisonnement dans tous les compartiments de l’action menée par Monsieur Yayi Boni depuis son arrivée au pouvoir pour en conclure que la corruption a encore de beaux jours devant elle, et qu’en matière de son éradication effective, c’est-à-dire sans artefact ce n’est pas encore demain la veille... Car d’une part, cette action met en scène et en selle les mêmes criminels d’hier plus ou moins déguisés, plus ou moins politiquement immunisés ; et d’autre part, elle change son logiciel pour mieux résister comme le font les moustiques qui résistent aux médicaments antipalustres…
Or dans le texte auquel nous renvoyons, il ne s’agit pas d’une hypothèse, mais d'une conviction. Le pas a été franchi dans le raisonnement et la conclusion qui en est tirée, même lorsqu’elle part de prémisses fondés, prend un accent exaspéré, une tonalité abrupte…
Binason Avèkes
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