Liberté de Presse : la Presse Béninoise mesure-t-elle la portée du statut de quatrième pouvoir qui lui est conféré ?
Par Paula AGBEMAVO
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Il n'est un secret pour personne que la presse béninoise tient une bonne place au rang des presses dont les droits et prérogatives ne sont pas violés quotidiennement. Une presse libre et expansive dans son désir d'informer. Seule tache sur ce tableau auquel on accorderait bien volontiers la mention "passable", les délits de presse qui jusqu'ici ont conduit derrière les barreaux, des journalistes qui ont jeté la première pierre en piétinant l'essence
même du métier, leur déontologie. Le jeudi 03 mai, le monde entier a célébré la journée de la liberté de la presse. Les diverses associations de journalistes en ont profité pour réclamer le respect de leurs droits, de leur liberté. Malgré les désaccords qu'on a pu noter ça et là, l'importance de la presse est si avérée que les démocraties balbutiantes ou séculaires lui attribuent le rôle de quatrième pouvoir. La presse béninoise saisit-elle la portée de ce pouvoir qui lui est conféré ? Celui d’informer !
Pendant très longtemps, l’ORTB nous a confinés dans un seul format de présentation. La démonopolisation des ondes a mis à nu leurs insuffisances. Aujourd’hui, avec l’accessibilité du béninois moyen aux chaînes de radios et télévisions étrangères, nous pouvons aisément dire des performances de la presse béninoise qu'il s'agit d'une histoire d'"au pays des aveugles, les borgnes sont rois". On pourrait nous reprocher la comparaison mais il est quasiment certain que nombre de journalistes/animateurs d’aujourd’hui doivent leur "vocation" à certaines pointures du journalisme, de l’animation audio-visuelle, qu'ils soient béninois, africains ou occidentaux. De plus, les principes et les référents journalistiques sont universels. Oublions les monstres sacrés que sont : YESSOUFOU Saliou, Francis KPATINDE, Marie Roger BILOA, Dénise Epoté DURAND, Puis N’JAYE, PPDA, Christine OCKRENT, Arlette CHARBOT, Claire CHAZAL, Anne Saint-Clair…etc…Que ce soit au niveau régional ou international, les jeunes, ceux dans la fleur de l’âge qui remplissent nos petits écrans de leur frimousse sont tout aussi bons, non pas parce qu’ils exercent dans des conditions optimales mais parce qu’ils ont des compétences, de la détermination, une pugnacité, l’amour du travail bien fait, du professionnalisme, la passion du métier. Et aussi parce que les responsables de presse ne laissent aucune place à la médiocrité, à l’amateurisme. Vous êtes bon et on vous garde, on vous propulse sous les feux de la rampe. Vous êtes mauvais et vous allez voir ailleurs. Présentateur de 20h, vous vous permettez aujourd'hui, de glisser sur des mots, de faire des lapsus, de vous mélanger dans vos papiers et demain vous devenez le présentateur de la dernière édition du journal dans la nuit profonde. Ici nous avons vu et voyons toujours en prime time, des journalistes qui sont inaudibles, n’alignent pas deux phrases cohérentes sans lapsus, sans se reprendre une, deux et plusieurs fois et pourtant ils sont toujours là, suffisants. Ils endossent le manteau de grand journaliste/présentateur vedette. La démonopolisation des ondes n’a pas apporté que du bon dans nos oreilles. Le métier est devenu un «fourre-tout». On ne devient plus journaliste par vocation mais par dépit, par suivisme. N’importe quelle personne pensant à tort ou à raison avoir une capacité de rédaction dans la langue de Molière se donne le titre de journaliste. La plupart des grands noms du journalisme ont appris le métier sur le tas pourtant ils ont laissé en lettres d'or leurs empreintes dans les annales du journalisme. Ce n'est pas une école qui fait un bon journaliste. C'est une question d'amour du travail d'application et de beaucoup de volonté.
Les chaînes de radio et télévision privées ont voulu surfer sur la même galaxie que leurs homologues occidentales en émettant 24h/24 bien que n’étant pas toujours outillées pour ; résultat, à plus de 60% du temps, elles nous bombardent de clips de chansons. Du coupé décalé à profusion, gangster rap, zouk-miel, RNB. Apparemment, l’acquisition de téléfilms semble ne plus être à la portée de certaines télévisions qui ont battu tous les records de rediffusion ou peut-être ont-elles privilégié une autre option, celle des débats, ce qui est très instructif et le serait davantage si les capitaines du bateau ne perdaient pas le nord et ne transformaient pas ces émissions en conversations de salon et s'il n'y avait pas une sorte de confusion entre entretien et débat.
En pleine psychose sociale, insidieusement occasionnée par nos «dévoués» honorables, la radio nationale avait organisé en juin 2006, un débat mettant en face les principaux protagonistes. Tout ce qu'a fait le journaliste c’est de lancer le débat, de poser une et deux questions et de se taire pour laisser les lions s’entredéchirer. A un moment donné, l’honorable Quenum s'est exprimé en des termes pas très courtois. Vous pensez que c’est le journaliste qui a repris la main pour remettre la balle à terre ! Non, c’est encore une invitée qui a éteint le feu. Le journaliste, on ne l’a entendu de nouveau qu’à la fin du débat, juste pour clôturer, peut-être s’était-il retiré entre-temps. En juillet 2006, les vendeuses de Bazin sont descendues dans les rues. Pourquoi ? Les grossistes Indo Pakistanais leur discuteraient leur petite part du marché. «The best radio in FM» a reçu trois des plaignantes. A un moment donné, les femmes se sont écriées « …Yayi, c’est le peuple qui l’a mis là !». Un des journalistes sur un ton débonnaire demanda «Vous aussi, vous l’avez mis là ! ». Et ce qui était censé être un débat tourna en une banale conversation de salon, «entre amis» avec des questions non avenues, à la limite bêtes, irréfléchies et c’est peu dire ! Avril 2007, sur la doyenne des télévisions privées, la musique béninoise était en cause : "En vous empêchant de continuer votre travail, c'est comme si le BUBEDRA favorisait le travail des pirates ?" C’est clairement du parti pris et plus une conclusion toute faite qu’une question et d'ailleurs Karl prit le soin de le laisser allumer tout seul la braise «Ce n’est pas moi qui le dis». "On a appris que vous avez produit certains artistes tout dernièrement, "c'est quoi ces produits là?". C’est trop léger, trop brute comme travail. Il y a-t-il eu un travail d’investigation profond et sérieux en amont ? Apparemment non. De plus, il n’y a aucune démarche méthodique devant aboutir à un résultat probant pour qu’à la fin d’un débat, les auditeurs/téléspectateurs puissent saisir les tenants et aboutissants de tel et tel sujet, objet du débat. Il n’y a pas vraiment débat puisqu’au lieu de lui poser de vraies questions, de le contredire, de contrecarrer ses arguments afin que les non-dits soient dits, les sous-entendus soient désormais explicites, le journaliste accompagne plutôt ses invités dans son exposé, dans ses opinions. Il acquiesce, complète les phrases de son interlocuteur. C'est tout sauf un débat, c'est du remplissage. Par ailleurs, dans leurs reportages, les correspondants des radios dans les villes à l'intérieur du pays donnent souvent clairement l'impression d'un élève qui peine à déchiffrer et à lire son texte. Claudy SIAR disait dans une interview qu'il écrivait mot pour mot ses émissions. Nos jeunes animateurs devraient suivre ses pas ; cela nous éviterait de nous farcir ces « hum, hooh, « heu oui », «il faut le savoir»… à chaque inspiration, des commentaires insipides, inutiles, bancals.
Défis institutionnels et économiques à relever
Aujourd'hui, n'importe quel individu peut ouvrir un journal, soit parce qu'il se sent un certain amour du métier, soit parce qu'il a des comptes à régler à ses pairs, aux politiques, soit pour des raisons pécuniaires. C'est ainsi que la plupart des structures des journaux se tiennent dans quelques mètres carrés, dans un salon et avec seulement deux ou trois personnes pour faire tourner la machine. La quasi-totalité des postes est occupé par le grand chef qui est à la fois, directeur général, rédacteur en chef, chef d'édition, correcteur, reporter, directeur commercial… Dans la grille des salaires contenue dans l'agenda de la presse 2006, l'Union des Professionnels des Médias du Bénin classifie les reporters, journalistes comme agents de maîtrise, catégorie 1 et ne leur concède que 60.000 FCFA par mois, c'est-à-dire moins payés qu’un chauffeur ou agent logistique ou opératrice de saisie dans une structure privée. De plus, dans la réalité, ces journalistes, reporters qui ne pointent qu'au début et à la fin des séminaires/réunions perçoivent rarement 40.000 FCFA comme salaire. C'est la porte ouverte à la débrouillardise, à la corruption et à des comportements pas très glorieux. En début du mois de février 2007, un dimanche, devant le portail de l'INFOSEC, quelques jeunes gens avaient pris racine au beau milieu de cette venelle et s’envoyaient des boissons SOBEBRA qu'ils se servaient dans la malle arrière d'un véhicule. Je me suis demandée qui étaient ces gens là qui se comportaient aussi vulgairement et mon frère de répondre "qui d’autre ça peut être à part tes amis journalistes ! ». Malheureusement c'était vraiment «mes amis» puisque j'en avais reconnu quelques-uns. Lors des compétitions sportives, certains des journalistes, invités ou pas, notamment ceux de la presse écrite, ne se pointent qu'à la fin des compétitions pour demander les résultats des compétitions non sans réclamer encore et encore des boissons et sandwiches. Certains voudront s’accaparer des T-shirt, de la mayonnaise, du lait, des cahiers destinés aux compétiteurs et comme s’ils n'en avaient pas fait assez, ils insistent instamment pour percevoir des perdiems pour publication de résultats dans leur canard. Une fois, nous avons refusé de leur en donner. Je m'attendais à ce qu'ils s’en aillent, offusqués, mais non, ils ont fait le pied de grue et pour se débarrasser d'eux, le président de la fédération a instruit le trésorier de leur donner 1000 (mille) francs chacun, je dois avouer que j'étais certaine qu'ils ne les prendraient pas mais j'avais tout faux. Non, ce n'est pas mes "héros" ça! Dans cette grille de salaire, le journaliste le plus titré, le cadre et assimilé gagnerait au plus 112.000 F brut. Comment voulez-vous qu'un journaliste-reporter qui peine à gagner 40.000 F puisse résister lorsqu'on lui propose cent, deux cents milles et plus pour pondre un tissu de mensonge ou un article en faveur de tel ou pour massacrer la réputation de ses adversaires ! Comment exigez des résultats, du professionnalisme de ses employés/collaborateurs quand vous leur payez un salaire de misère ! Comment exigez un travail de qualité si les mots qualité, compétence, mérite, excellence ne font pas partie de votre vocabulaire à vous, le patron de presse.
Traitement inapproprié de l'information
Février 2007 "A Parakou, un musulman retrouvé "mort" dans sa chambre vers 10h et enterré à la hâte se réveille dans son tombeau, se débat, crie, demande de le secourir et ceci depuis 12h pour finalement s'éteindre complètement à la tombée de la nuit avant que les gardiens du cimetière ne se décident à aller alerter la police qui l’a déterré et le constat fut fait qu'il était définitivement mort. On a tendu le micro à l'un de ceux qui l'ont mis sous terre qui dit mollement que la famille avait supposé qu'il était mort, raison pour laquelle, il fut enterré". Une radio très littorale de la place a traité ce drame de fait insolite. Pour peu qu'on ait un peu de bon sens, on comprendrait que nous sommes en face d'un homicide involontaire aggravé de la non assistance à personne en danger. La recherche effrénée du sensationnel inhibe le jugement de nos journalistes ! Le rôle du quatrième pouvoir devrait être de susciter le débat autour de cette propension qu'on les musulmans à enterrer leurs parents sans qu'un médecin ait attesté le décès, interpeller le Ministre de la Santé à ce sujet. Personne ne peut prétendre du décès de quelqu'un sans un avis médical explicite et certifié et par conséquent, décider de son enterrement ! Cet homicide n’aurait pas été vain si les journalistes avaient correctement fait leur travail en appelant à une prise de conscience et en faisant de ce drame, un tremplin pour rappeler ce qui en est en matière de déclaration de décès et d'enterrement.
Avril 2007, journal de 19H45 sur la "meilleure radio en bande FM", la silhouette filiforme de la journaliste s’afficha à l’écran, sourire aux coins, pour annoncer comme premier titre, «Collision entre un gros porteur et un conducteur de taxi moto. Heureusement, il n’y a qu’un seul mort ». Heureusement pour qui ? Certainement pas pour les parents du défunt ! «Heureusement» n’a rien à faire dans un tel drame. Puis il y a de ces sujets qu'on traite très sommairement, légèrement ou qu'on passe sous silence. Que de fois n'avons-nous pas vu des êtres humains en flamme, calcinés dans les journaux, à la radio et surtout sur nos petits écrans. Un supposé indélicat, selon que la justice individuelle et populaire, spontanée et hystérique, l'ait jugé de voleur, malfaiteur, sorcier, voleur d'enfant, de sexe, de seins…a du coup moins de valeur qu'un chien galéré, pourtant la personne humaine est sacrée et inviolable, dixit la déclaration des Droits de l'Homme que le Bénin a pourtant ratifié mais "l'Etat de Droit du Bénin démocratique" n'en a pas souvent la même lecture. Des images funestes, choquantes, à la limite insoutenables qu'on passe et repasse maintes fois sur nos petits écrans avec une délectation à peine voilée, un crédit, un soutien à l'œuvre diabolique de criminels.
Le non droit dans l'univers carcéral où il faut payer son loyer. Les enchères commencent à 60.000 F par mois et 22.000 F pour les frais d'électricité et d'entretien, c’est cela ou la «chine populaire» où les détenus dorment debout et les plus chanceux sur à peine 2 cm². On est toujours dans un pays de Droit ! C'est maintenant connu de tout le monde mais la presse n'a jamais fait un dossier d'analyse, de commentaires sérieux sur cette mafia puante, ostensible qui rackette impunément et se nourrit du malheur des autres. Ces autres là qui peuvent être nous, un jour, à leur place, dans les mêmes conditions. La dramatique situation des patients au CNHU est édifiante du système de santé chaotique du "pays de droit" que nous prétendons être.
Un jeune drogué, début vingtaine, incarcéré quelques jours auparavant tente de s'évader de prison, il est criblé de balles. Il était "toxicomane" et non dealer, alors qu'est-ce qu'un malade qui a une sérieuse dépendance, une réelle addiction à la drogue faisait en prison? Quand on sait qu’une fois en manque, il est bien capable de tuer père et mère pour avoir sa dose. Qu'il tente de s'évader est hautement prévisible. Ce malheureux n'avait tout simplement pas sa place derrière les barreaux mais plutôt dans un centre de désintoxication. Etalé par terre des heures durant, le corps de ce jeune homme était un trophée que les gardiens toutes dents dehors, gonflés à bloc par le satisfecit de l'autorité exhibaient sous les objectifs des caméras qui en ont fait un compte-rendu détaillé sur le côté macabre de l'histoire mais rien sur le pourquoi d'un tel drame.
A l'issue du récent incendie à la réanimation au CNHU, les responsables et le ministre de la santé ont assuré l'opinion publique et le Président de la République, qu'aucune victime n'en était à déplorer. Branchée à l'oxygène avant que les flammes ne fassent détaler tout le monde, une patiente fut débranchée mais dans cette panique, ceux qui devraient s'occuper d'elle ont omis de lui retirer le masque. Résultat, trois heures durant, elle a inhalé son propre gaz carbonique et en est morte. N'importe quel "bon journaliste" aurait fouiné son nez là dedans, histoire de ressortir la vérité vraie. La très grande utilisation de sachets, blancs, noirs et de couleur dans la préparation et l’emballage à chaud des "akassa", «cown»…lesquels libèrent des toxines hautement cancérigènes directement dans nos aliments ! Ces femmes, mêmes enceintes, nourrices ; ces enfants d’à peine 8 ans qui manipulent à longueur de journées des carburants à corps et à mains nus. Ces enfants à bas âge à qui les parents ignorants, snobs font avaler des bouteilles de bières ! Ces adolescents qui s’envoient des bouteilles d’alcool attablés sereinement dans les bars et lors des foires de la bière sans que personne n’en voit un danger…C'est autant de faits saillants qui passent inaperçus et mêmes lorsqu'ils sont relayés par la presse, le sont d'une manière simpliste, brute, sans analyse, sans esprit critique aucun, sans discernement et apparemment sans un travail d'investigation. La pénalisation des délits de presse ne saurait expliquer ce manque de mordant, ce service minimum.
C’est bon d’apprendre par la presse quelques-uns des scandales politico-financiers, de savoir que tel et tel député a transhumé… etc… mais c’est tout aussi bon de voir étaler dans tous les journaux, sur toutes les radios et télévisions les problèmes publics dont la résolution améliorerait les conditions sociales du plus grand nombre et sauverait des vies. Ce n'est naturellement pas le rôle de la presse de prendre des mesures pour remédier à tel ou tel problème mais il lui appartient incontestablement d'éclairer l'opinion publique là-dessus, d’interpeller publiquement l’autorité, de susciter le débat sur des situations critiques, dramatiques, chaotiques sur lesquelles les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ont aisément tendance à s'asseoir. Elle doit être la voix des sans voix.
Il est des métiers comme la police, la santé, les services sociaux… dont on retire plus de satisfaction que le chèque qu’on reçoit à la fin du mois. La satisfaction d’avoir été pertinent, d’avoir tout simplement fait du bon travail. Le fait que le métier confère la latitude de côtoyer, de tutoyer de grandes personnalités, des autorités intouchables et inaccessibles pour monsieur et madame tout le monde, la satisfaction d’enrichir son carnet d’adresse, d’avoir le numéro direct de tel et tel ministre, de côtoyer la crème des crèmes et éventuellement de monnayer des informations compromettantes contre un gros chèque n’en sauraient être les seules motivations.
J'ai toujours eu une grande admiration pour les journalistes parce que pour la petite fille et l'adolescente que j'étais, ils sont des magiciens des mots, de la parole, détenteur du savoir parler, du français correcte, de qualité, et je dois avouer que je ne retrouve pas toujours de la magie, dans la bouche, sous la plume des bricoleurs d'aujourd'hui. Outre les élèves et étudiants qui maltraitent, hachent le français et dissimulent leur carence derrière le français simpliste, le Nushi Ivoirien, c'est dans la presse qu'on se rend compte de l’énorme flétrissement du niveau de la langue française. Sous des dehors de «stars», mes «amis» ne me mettent aucune étoile dans les yeux. Je n’ai pas la prétention de donner des leçons à qui que ce soit mais quand je me mets devant mon petit écran, je m’attends non seulement à être informée, à élargir ma culture, mais aussi à apprendre de nouveaux mots, de nouvelles expressions, à récupérer des tournures savantes mais quand le journaliste sur lequel je compte pour renforcer et élargir mes connaissances se perd dans les dédales de la langue et se mélange dans les fautes de prononciation, permettez moi de ne pas lui passer la pommade.
Que ce soit l’exécutif, le législatif, le pouvoir judiciaire…, dans toutes les sphères de la vie publique, nous nous complaisons beaucoup trop souvent dans la médiocrité, dans l’à peu près et le service minimum devient la règle. La presse ne doit pas se confiner dans ce schéma devenu "classique". La liberté de la presse est la base de toute démocratie mais qu'est-ce qu'une presse libre mais anémiée pourrait apporter à l'enracinement de la démocratique ! Une presse terne, engourdie, affaiblie par la corruption, le manque de matériels, de formation - les cadreurs font souvent intrusion dans les jambes, dans le soutien-gorge des dames mais peinent à poser leur objectif sur les éléments/personnes appropriées lors des émissions -, une presse qui n'est toujours pas caractérisée par l'éthique, la morale et l'amour du travail bien fait. La presse ne souffre que des maux qu'elle pourrait elle-même guérir et pour ce faire, une autocritique, une auto-évaluation régulière ne lui ferait que du bien. Mes hommages aux feux Jean HOLAKOUE, HOUNHAKOU Kossi Mesmin, à Annick BALEY, Georges AMLON, DIEGO Pélu, René BEWA, et bien sûr au doyen Alex CHODATON et bien d’autres talentueux journalistes/animateurs qui ont dû exercer dans des conditions précaires, difficiles, avec des matériels précaires, désuets, de deuxième, voire troisième choix quand ils peuvent en mettre la main sur un et pourtant, ils ont entretenu une certaine noblesse du métier dans nos esprits. Aujourd’hui, certains de leurs jeunes confrères ont tôt fait de ranger ces talents d’hier et d’aujourd’hui au placard, en leur collant l’étiquette de «has been» au lieu d’en prendre de la graine.
Paula AGBEMAVO
Copyright, Blaise APLOGAN,2007
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