Mon Idéo va, court, vole et tombe sur...
Démocratie et Esprit des Lois
Dans une récente déclaration, le Ministre de la défense, Monsieur Kogui N’Douro, est monté au créneau pour justifier, constitution à l’appui, le droit du militaire à être Ministre. Or un Ministre est un homme politique. Donc selon l’interprétation de leur Ministre de tutelle, les militaires ont le droit de faire de la
politique, à condition toutefois de ne pas occuper une fonction élective. Au regard de l'histoire politique mouvementée de notre pays, et des avancées du Renouveau démocratique qui la rectifient, cette interprétation cavalière a quelque chose de spécieux. Elle soulève la question de la sincérité démocratique.
La sincérité démocratique sépare les hommes politiques en deux catégories bien étanches : ceux pour qui le texte est avant tout un prétexte et qui, le cas échéant s’agrippent à la constitution et font une fixation sélective sur les deux ou trois articles qui paraissent servir leur cause du moment à l'exclusion de tous les autres ; et ceux qui en toute honnêteté démocratique, loin des joutes intestines, élargissent le texte au contexte, le juris à la jurisprudence. A en croire les propos du Ministre de la défense – dont soi dit en passant, on se demande à quel titre il les a tenus : porte-parole du gouvernement ? Ministre de tutelle du Ministre de l’Intérieur ? ! – Yayi Boni et ses hommes appartiennent à la première catégorie. Et encore, quand ça les arrange ! Puisqu’en son temps, on n’avait pas cru devoir expliquer l’implication des militaires dans la logistique des élections législatives par la même bonne volonté constitutionnaliste. Ainsi, tout ce qui n’est pas interdit par la constitution est expressément faisable, nous dit le Ministre, y compris ce qui va à l’encontre de son esprit. Raisonneur, ce raisonnement ne paraît pas raisonnable. Dans une démarche absurde, on pourrait concevoir qu’on l’exaspérât un de ces sombres petits matins… avec un gouvernement de 26 militaires et un seul civil… Pourquoi pas ? Du moment que le premier Magistrat du pays (Ô élégante métaphore) le juge nécessaire… Pourvu qu’il conservât longtemps le magister de son jugement !
Eloi Goutchili
Copyrigt, Blaise APLOGAN, 2007
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