4/5 Immigration des occidentaux vers l'Afrique
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Paula AGBEMAVO
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Le thème consacré est "l'expatriation" qu'ils soient arrivés d'eux-mêmes explorer les possibilités d'emploi ou d’investissement en Afrique ou dans le compte de la fameuse Coopération Internationale. Les procédures d’obtention de visa sont d’une simplicité expéditive. Visa d’entrée obtenu en moins de vingt-quatre heures, pas de longue file, pas de tracasserie, pas d’humiliation et quasiment jamais de rejet.
D’autres encore y débarquent sans le moindre visa. Ils régulariseront leurs situations quelques jours plus tard une fois sur le territoire. A peine l’offre d’emploi a-t-elle été publiée que le logisticien d’ici se met déjà martel en tête pour trouver une maison au veinard. Quartier chic, belle villa meublée, climatisée, avec jardin voire piscine, gardien de jour et de nuit, même l’eau qu’il boit, l'électricité et le téléphone portable qu'il utilise seront aux frais de la princesse. Il peut tirer un trait sur
C'est ainsi que la femme, le mari, voire la petite amie, le petit fiancé d'un coopérant/Assistant Technique – c'est le thème consacré – finit par devenir aussi "expert" en quelque chose. Des compétences qu’on ramasse à la pelle sur place(...)
son appartement contigu de deux pièces dont il peinait à payer le loyer. Bientôt, il roulera dans un des 4X4 rutilants immatriculés ONG, OI, AT…. S'il a des enfants, ils seront scolarisés à "Montaigne" ou dans une de ces écoles de riches qui coûtent des millions de francs par an. Leurs fournitures scolaires et les billets d’avion pour les vacances de la famille seront pris en compte par l’organisme. Rien que le loyer de sa résidence représente trois à quatre fois le salaire d’un cadre local, détenteur d'une maîtrise et travaillant avec ou sous lui. Je travaillais dans une organisation non gouvernementale internationale dont le siège social envoyait des infirmiers, assistants sociaux et des nutritionnistes comme coopérants au Bénin. Il y en a qui nous envoient même des assistants administratifs, des assistants de direction, des logisticiens, des chargés de marketing. Parfois c'est une fois sur place qu'on les colle à un profil professionnel. C'est ainsi que la femme, le mari, voire la petite amie, le petit fiancé d'un coopérant/Assistant Technique – c'est le thème consacré – finit par devenir aussi "expert" en quelque chose. Des compétences qu’on ramasse à la pelle sur place même s’il n’est pas rare que certains possèdent une expertise réelle, des compétences certaines qui devraient être utilisées dans un processus de transfert de compétences aux locaux, la plupart ont beau ne détenir que le baccalauréat, au mieux la maîtrise, une fois en Afrique, ils deviennent tous experts, spécialistes en ci, en ça avec beaucoup d’expérience mêmes s’ils viennent de sortir de l’école et sont affublés de titres ronflants. C’est à se demander si les occidentaux savent que le temps où ils estimaient que l’Afrique produisait peu de compétences valables et confirmées était révolu depuis des lustres.
La coopération internationale a besoin d'être rafraîchie, repensée selon les réalités actuelles pour qu'elle profite réellement à l’Afrique mais ça c'est un autre débat.
Aujourd’hui, à peine les jeunes africains ont 25 ans qu’ils sont déjà médecins, experts comptables, détenteurs de DEA, de Master. Des compétences, l’Afrique en a à revendre. L'exportation de personnel alourdit les charges d'un projet/organisme, en salaires, en primes et souvent en accompagnement familial mais pourquoi devraient-ils garder leurs chômeurs là-bas et nous envoyer les fonds ici en Afrique ! Mais en même temps, de quoi je me mêle, c’est leur argent après tout dira-t-on, ce n’est pas toujours le cas quand on sait que quelque fois les "prêts" sont déguisés en "aides" que moi, mes petits et arrière-petits-enfants devront rembourser. La coopération internationale a besoin d'être rafraîchie, repensée selon les réalités actuelles pour qu'elle profite réellement à l’Afrique mais ça c'est un autre débat.
RMIST chez lui, l'assistant technique, le coopérant…devient millionnaire en Afrique même si c’est en F CFA. Vu le faible niveau de vie sur place, il est un grand privilégié. Il mène une vie de pacha
Pour ceux qui recherchent de meilleures perspectives d’avenir en Afrique, l’énorme complexe d’infériorité de nombre d'Africains, vis-à-vis de l’Homme blanc et le mythe du "blanc qui connaît forcément tout", le "blanc qui vient sauver l’Afrique de la misère" et d’autres considérations superficiellement farfelues aidant, les portes leurs sont ouvertes quel que soit le secteur dans lequel ils s’orientent. Une des ONG internationales au Bénin loue les services d'un Canadien, Réparateur d’ordinateurs dont l'expertise n'était pas avérée puisqu'il est en fait un mécanicien automobile de formation, ce qui n'était qu'un secret de polichinelle mais puisqu'il fallait s'entraider entre concitoyens, il est toujours là, à empocher des centaines de milles par mois. C'est la Coopération Internationale ! Une coopération à sens unique.
L’Afrique est peut-être synonyme de pauvreté, de misère - ce qui est loin d'être avéré - mais c’est leur paradis à eux. RMIST chez lui, l'assistant technique, le coopérant…devient millionnaire en Afrique même si c’est en F CFA. Vu le faible niveau de vie sur place, il est un grand privilégié. Il mène une vie de pacha.
L'absence totale de réglementation dans l'accès au foncier dans les pays africains aidant, l’Assistant Technique/Coopérant... etc... acquiert très facilement des terres qu'il bâtit et loue à prix d'or dans son pays d’accueil. Il serait resté chez lui qu'il rassemblerait difficilement, à sa retraite, de quoi s'offrir un appartement décent. C’est avec des regrets et des larmes qu’ils quittent l’Afrique quand ils en sont contraints pour cause de fin de contrat ou autres. Il fait bon vivre en Afrique pour les occidentaux mais par pour les Africains eux-mêmes, paradoxal non!
Conclusion, nos frères occidentaux viennent résider le plus aisément du monde dans nos pays africains, parfois même sans le moindre visa d’entrée, comme dans leur jardin privé mais leurs frères Noirs sont indésirables dans les pays occidentaux.
Une poignée de politiciens enferme dans leurs portefeuilles la quasi-totalité des revenus de leur pays et les peuples ne reçoivent que des miettes dans leurs mains tendues
S'expatrier, aller chercher le bien-être ailleurs que chez soi n'est jamais une mauvaise décision en soi encore faudrait-il que ce soit fait dans des conditions minimums de sécurité qui ne mettent pas en mal la dignité humaine. Dans le cas contraire, le bon sens recommanderait de ne pas forcer l’hospitalité de pays qui promulguent chaque jour, de nouvelles lois hostiles en durcissant drastiquement les conditions d’entrée et de séjour chez eux. Des pays qui se protègent derrière des barricades, des murailles érigées en frontières. Le vieil adage qui dit qu'on est "bien que chez soi" prend tout son sens quand on sait les conditions inhumaines qu’on fait aux clandestins. Au 18ème siècle, l'Amérique, le Brésil et certains pays occidentaux à la recherche d'une main-d'œuvre avaient ouvert leurs frontières à des millions d'immigrés infortunés dans leurs pays d'origine qui en étaient arrivés à se faire leur place au soleil dans ces pays d’accueil. Aujourd'hui, ils refusent ce droit d'asile aux Africains qui cherchent de meilleures perspectives ailleurs que chez eux.
Le problème de pauvreté accrue et par conséquent d'immigration clandestine, périlleuse est la conséquence de l'inégalité accrue dans la distribution des revenus dans les pays africains. Une poignée de politiciens enferme dans leurs portefeuilles la quasi-totalité des revenus de leur pays et les peuples ne reçoivent que des miettes dans leurs mains tendues. Conséquence : famine, chômage, dégradation de systèmes de santé : des hôpitaux de référence devenus des mouroirs et des dirigeants bien dans leur peau, aveugles et sourds devant le désastre.
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Paula AGBEMAVO
© Copyright, Blaise APLOGAN, 2007
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