L’insoutenable lâcheté des sacrifices humains…
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Selon les anthropologues, le sacrifice humain, est un rite religieux pratiqué par des anciennes civilisations de cultivateurs sédentaires pour s'attirer les faveurs des dieux, en particulier pour conjurer la sécheresse. Il donne lieu à des définitions diverses.
Définitions.
V. Groh (Sacrifizi umani, 1933) définit les sacrifices humains comme des cas de mises à mort de citoyens pour des raisons sociales.
A. Brelich (Symbol, 1969, ) propose pour sa part une définition en distinguant sacrifices humains et mises à mort rituelles : les sacrifices humains sont offerts à des êtres supra-humains (superhuman recipient), tandis que les autres sont des rites exigeant la mise à mort d'humains sans toutefois appartenir au culte d'êtres supra-humains.
P. Bonnechère (1994) choisit d'appeler sacrifice humain «toute mise à mort rituelle d'êtres humains ».
Pour H. Cancik (1999,) « Le sacrifice humain se situe dans le
cadre des rituels d'offrande qui sont généralement acceptés dans une religion et une culture donnée et qui sont également utilisés pour la mise à mort d'autres êtres vivants. »
Géographie et histoire
Le sacrifice humain n’épargne aucune culture ou civilisation. Grecque, Romaine, Gauloise, Amérindiennes, Africaines.
En Mésoamérique, les prêtres effectuaient la mise à mort au moyen d'un couteau d'obsidienne avec lequel ils ouvraient la cage thoracique du sacrifié pour en extraire le cœur à la main.
Ces sacrifices, pratiqués souvent à grande échelle (les Aztèques allaient jusqu'à sacrifier des milliers de prisonniers en quelques jours), se déroulaient devant les temples situés au sommet des célèbres pyramides à degrés caractéristiques de ces civilisations.
Exemple africain : le Danhomey.
Dans le royaume du Dahomey, le sacrifice humain se pratiquait aussi. Le mode le plus courant en était la décapitation ; exécuté par le Migan en personne, il servait à « laver la figure » du ciel et permettre le lever du soleil sur le Danhomey. Pratiqué sur demande des oracles, à diverses occasions de la vie politico-religieuse du royaume, il avait une multitude de fonctions transactionnelles dans les rapports généraux entre les vivants et les morts.
Le courant de pensée fonctionnaliste s'est attaché à la question de la fonction sociale du sacrifice humain au sein du groupe humain. En effet, il aurait pour but de canaliser la violence vers un individu (sacrifié) et vers le domaine du sacré, institutionalisant ainsi la violence qui est encadrée et pratiquée selon des rites et règles bien précis. Ainsi, le sacrifice humain assurerait la cohésion et la pérennité du groupe protégé de toute "violence intérieur" qui est évacuée par des rites magico-religieux. Par rapport aux dieux auxquels ils sont dédiés, ils ont une fonction propitiatoire.
Même lorsqu’il s’abaisse au rang de meurtre, le sacrifice humain est symboliquement mis en jeu en politique pour imposer la sacralité du pouvoir autocratique et inspirer la crainte du tyran.
Cette pratique a toujours choqué la sensibilité humaine la plus pure. A la fin des années 70 av. notre ère, Cicéron, dans sa défense de Fonteius, gouverneur de la Gaule Transalpine, à l'encontre les Gaulois disait ceci :
« Enfin que peut-il y avoir de saint et de sacré pour ces hommes qui, même quand la terreur leur fait concevoir qu'il faut apaiser les dieux, souillent leurs autels et leurs sanctuaires de victimes humaines (humanis hostiis), et ainsi ne peuvent célébrer un culte sans l'avoir d'abord profané par des pratiques criminelles ? Qui ne sait en effet qu'ils ont conservé jusqu'à ce jour la coutume monstrueuse et barbare des sacrifices humains. Ainsi, quelle peut être, croyez-vous, la bonne foi, la piété de ces hommes, capables de s'imaginer que les dieux immortels se laissent le plus aisément fléchir par les crimes et par le sang des hommes ? Et ce sont de tels témoins que vous associerez à votre religieuse loyauté ? et vous croirez que dans leurs paroles ils aient fait preuve de scrupule ou de modération ? ». (Cic. Font. 31 ; trad. A. Boulanger, CUF, 1919)
Le sacrifice humain est choquant pour la sensibilité humaine. De nos jours on peut le considérer dans sa forme intrasociale traditionnelle, mais on peut le voir à l’œuvre dans sa dimension internationale. Que l’on considère l'horreur des inégalités sociales ou le fait que nous soyons dans un monde où une majorité de gens meurent de faim là où une minorité vit dans l’opulence : la comparaison est à peine imagée. Mais de tous les sacrifices humains le type le plus écoeurant concerne les sacrifices humains qui, à l’intérieur d’une même société ou à l’échelle du monde, se dénient comme tels et sont lâchement qualifiés d’accidents, de dégâts collatéraux ou de bavures…
Binason Avèkes.
Copyright, Blaise APLOGAN, 2007
Fascinant!
Rédigé par : Jennifer Brea | 24 mai 2007 à 01:48