OFFICE de RADIO THOMAS BONI ?
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Ce que j’ai vu, ce que j’ai ouï [ 1 ]
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Polémique juridique et bras de fer institutionnel entre la Présidence de la République et la Haute autorité de l’Audiovisuel et de la communication (La HAAC). Pomme de discorde ? La nomination du directeur général de l’Office de Radio diffusion et de Télévision du Bénin (ORTB) par le Président de la République. En gros, l’affaire porte sur un vice de procédure supposé, dénoncé par la HAAC. Selon les textes, la Haute autorité de l’audio-visuel doit soumettre trois propositions de nomination au Président de la République qui choisirait parmi la liste des postulants présélectionnés selon une procédure de dossiers étudiés sur une base concurrentielle de qualification. Les critères de qualification retenus par la Haute autorité convergent tous vers la compétence, le bon fonctionnement, la gestion saine, un mieux disant culturel et une ambitieuse politique de modernité axée sur les nouvelles technologies. Mais la guerre de procédure qui fait rage entre la Présidence et la HAAC, guerre à retombées médiatiques, charge et décharge, accusations et droit de réponse, protestations et attestations de bonne foi – guerre qui se déroule par conseillers interposés – est une guerre de position. Elle se veut technique. A ce que j’ai vu, à ce que j'ai ouï, la HAAC se devait de proposer trois candidats ; au lieu de quoi, elle s’est contentée d’en éliminer deux, considérés comme « ceux du Président », ne soumettant à celui-ci qu’une seule candidature.
Dans ces conditions, la règle constitutionnelle voudrait que le Président récusât l’unique candidat et demandât une nouvelle procédure. Mais le Président, court-circuitant la décision de la HAAC, nomme d’autorité une autre personne, justement une de celles qui avaient été rejetées par l’autorité compétente. L’interprétation des conseillers de la Présidence est que, en proposant une seule candidature, les conseillers de la HAAC visaient un objectif politique : celui d’éliminer une candidature perçue comme favorable à la Présidence ; ce contre quoi les conseillers de la HAAC se défendent avec force main sur le cœur, moult démonstrations et arguties juridiques et logiques.
Ce débat souligne un double abus qui hante la démocratie. Un abus structurel qui est celui du juridisme tatillon et la surinterprétation des prérogatives des tenants des institutions clés de la République. Un deuxième abus conjoncturel celui-là et lié aux changements politiques récents qui ont vu l’élection de Yayi Boni, un homme qui, sous des dehors de démocrate positiviste venu hors du sérail, et parce qu’il ressortit de cette extraction honorifiquement contrariée, est un homme qui a besoin de reconnaissance et pour qui l’adulation populiste, loin d'être un luxe est un viatique nécessaire et un atout stratégique.
Par ailleurs, sous le lambris doré du service de la nation, de la volonté politique de participer à ou de diriger la vie d’une nation, il y a toujours, une dimension narcissique non négligeable qui, chez certains hommes politiques, fait le lit de la mégalomanie. Cette donnée structurelle (psychologique) combinée à une donnée conjoncturelle, celle d’un homme élu de manière providentielle et à une confortable majorité, peut expliquer certains élans autoritaires ou les précipitations d’un Président qui confond majorité et plein pouvoir d’une part, et gouvernement et popularité à vie de l’autre. Un Président qui dès lors fait tout pour redorer le lien imaginaire d’une popularité qui est au principe de sa force politique mais dont le prix peut devenir sa faiblesse démocratique.
Binason Avèkes
[ 1 ] Mise en page initiale : 5 février 2007
Copyright Blaise APLOGAN, 2007
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