Mon Idéo va, court, vole et tombe sur ...:
L'Animal et le Progrès
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La division aveugle souvent nos hommes politiques. Le phénomène s’observe entre partis différents et – plus grave encore – au sein d’un même parti. La division se consomme avec passion en dépit du bon sens, et au-delà d’une limite raisonnable vitale pour le progrès du pays. Cet enfermement passionné dans l’intérêt personnel au mépris de l’intérêt collectif, à certains égards, est imputable à l’éducation reçue par nos hommes politiques. Cette éducation a façonné leur éthos. Les hommes politiques ont tendance à perdre le sens des réalités et sont prompts à se jeter à corps perdu dans des batailles narcissiques motivées par la promotion de leur seule personne. Le spectacle de division et l’immensité de la tâche à accomplir sont pourtant incommensurables.
En effet, d’un côté quelques dizaines de personnes livrent
un combat douteux pour occuper des postes dont ils sont obsédés une fois conquis d’en optimiser les avantages ; tandis que de l’autre côté des millions de gens attendent que des problèmes vitaux qui se posent à eux soient résolus : comment sortir du régime du délestage ? Comment se loger ? Comment trouver du travail et un logement décents ? Comment nourrir sa famille ? Comment se soigner ? Comment envoyer ses enfants à l’école? Comment vivre dans des villes à l’abri des dangers de pollution ? Comment se déplacer décemment ?
Par exemple, on ne voit pas en quoi le fait que x et pas y soit Président de l’Assemblée nationale, ou Président de la commission des lois aura une incidence directe sur le délestage chronique dont souffre le pays depuis des années. Et pourtant, les luttes pour ces postes obnubilent nos hommes politiques au plus haut point, à moins qu’elles ne soient une double manière d’exorcisme et d’aveu d’impuissance de leur part. ( je suis occupé à me battre pour tel ou tel poste, voyez-vous, je suis vraiment désolé de ne pas avoir le temps de contribuer à trouver une solution au délestage) Quand on met sur les plateaux d’une même balance de la vie sociale ces luttes byzantines et les vrais problèmes du pays qui durent depuis des siècles on voit que la pesée est absurde.
Cette incommensurabilité a sans doute des causes multiples. Mais l’éducation ne saurait être négligée. Car l’un des objectifs de l’éducation doit être de faire germer en nous le sens de l’intérêt collectif. L’éducation doit aiguiser notre capacité à appréhender les limites ; elle doit nous apprendre là où s’arrête le bien personnel et là où commence le bien public ; elle doit nous inculquer là où s’arrêtent les divisions entre personnes et là où commence l’appel à l'unité nationale. Bref, l’éducation doit développer en nous l’intelligence patriotique.
Sans cette intelligence qui manque cruellement à nos hommes politiques, nous ne pouvons pas progresser. L’homme est un animal politique. Or les divisions narcissiques compromettent la dimension politique de son être. A terme il ne restera plus que l’animal, recroquevillé sur lui-même. Sans perspective ni avenir : oui, parce que l’animal par définition ne progresse pas.
Eloi Goutchili.
Copyright, Blaise APLOGAN, 2007
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