Il faut distinguer la culture subie, de la culture choisie ; la culture tsunami qui vous écrase de tout son poids, vous noie et vous ensevelit de la culture éolienne qui est une énergie que vous domptez-vous-même.
Il faut éviter d'obscurcir la thématique de la culture y compris par des amphibologies passablement historisantes.
La croisade économique du coton que mène le nouveau gouvernement avec au premier rang le chef de l'Etat lui-même a été comparée par certains journalistes à la décision historique du roi Guézo de développer la culture du palmier à huile. On peut toujours continuer cette comparaison intellectuellement par régression, jusqu'à pénétrer dans le plus obscur de notre histoire. Mais de grâce, il ne faut point abuser des régressions à l'infini, et des explications à forte valorisation idéologique.
Nous sommes mûrs et voulons en toute conscience assumer notre maturité, cela suppose aussi de regarder en notre culture et d'y choisir ce qui y est bon pour nous, et pour notre développement. Comme je l'ai sous-entendu, il faut commencer par définir ce que nous entendons par culture, avant d’en critiquer l'orientation. Il ne s'agit nullement de faire l'apologie des sacrifices humains ...
La dynamique de la culture
Dans mon esprit, le dynamisme de la culture se voulait plus concret. Par exemple on voit que le nouveau chef de l'Etat, en raison de sa formation d'économiste initie une démarche de relance de l'agriculture et met en place les méthodes et les outils à cet effet ; il a compris que c'est indispensable au développement. Ce que je souhaite c'est de se mettre dans le même état d'esprit par rapport à la culture. On a souvent mis l'accent dans les discours préélectoraux sur la valeur des hommes ; mais Ô Dieu tout cela est terriblement théorique, terriblement abstrait, terriblement rhétorique ! La seule formation des hommes en tant qu'ils sont instituteurs, professeurs, médecins, ouvriers, techniciens, cadres, ne suffit pas au développement, il faut que tout cela soit empreint d'un esprit de culture. Par exemple, un médecin ce n'est pas seulement quelqu'un qui soigne, ou quelqu'un qui est assuré d'avoir un métier valorisé avec la garantie d'un bon revenu et d'un certain prestige social : c'est un peu plus que cela. Il faut donc se payer le luxe d'aller au-delà de l'approche téléologique et fonctionnelle de la définition des hommes en tant qu'acteurs du développement.
Et puis, il ne s'agit pas d'éveiller les vieux démons de la manipulation politique à l'africaine, cette façon que nous avons de nous ébaudir tout seuls par une utilisation frauduleuse du thème de nos cultures nationales ou de je ne sais quelle culture noire par opposions aux autres. La thématique de la culture invoquée ici n'a rien à voir avec les idées bateau d'authenticité ou des choses de ce genre. Il ne s'agit pas d'être authentique dans la monstruosité ou les institutions absconses héritées du passé et qui n'ont aucune prise sur le présent.
L'Asie et l'exemple japonais
Si vous regardez les grandes civilisations du monde, elles ont une face nocturne et une face diurne. Pour autant, il n'est jamais arrivé aux hérauts de ces entités de faire des raisonnements qui tendent à confondre la culture de leur groupe avec des aspects relevant de la face nocturne de ces cultures.
Au Japon, puisque la comparaison a été faite sur ce type de pays, si vous prenez l'institution du geisha ; cette institution est considérée dans ce pays comme ayant une valeur culturelle indéniable, "authentique". Pour autant, si vous allez à l'origine du geisha, vous y trouverez des histoires de malheur, de violence, de cruauté inénarrable : une fille de 6 ans donnée à une matrone, travail domestique dur, dépucelage à 13 ans par une vieillard de 60 ans...etc. …
D'un point de vue occidental, cette institution de par son ambiguïté est à mi-chemin entre la prostitution, l'art, l'esthétique, la poésie, etc. ... Or il n'est jamais arrivé à un Japonais sérieux de considérer uniquement la face nocturne de cette institution au détriment de sa face diurne.
Par ailleurs, notre culture de vidomègon n’est rien à côté des pratiques similaires au Japon du siècle passé, pour autant ces pratiques sont dépassées de nos jours.
On sait qu’un élément de la force des Asiatiques, et notamment des Japonais, réside dans leur clôture symbolique : répression du christianisme, écriture spécifique, religion ancestrale ou adaptée à la mentalité, etc. ... et aussi politique : autarcie, fermeture du pays, jusqu'à l'orée du 19ème siècle.
Mais supposons par pure hypothèse que conformément à leur ethos porté sur l'exploitation industrielle à haute dose des pratiques humaines ( qui a fait par exemple que l'esclavage interne à l'Afrique, et transsaharienne avec eux ont pris une terrible tournure industrielle) les Occidentaux, après une domination politique se fussent un tant soit peu immiscés dans le système des geishas. Pour eux ça n'aura jamais été qu'un système idéal que l'ordre Providentiel des choses a inventé pour leur bon plaisir. On entrevoit des caravanes de geishas embarquées vers l'Occident pour les prostituer dans le cadre d'un tourisme sexuel en vogue sous la bannière romantique de l'érotisme oriental cher à certains écrivains de l'époque.
Si une telle catastrophe se produisait, en viendrait-on à jeter la pierre à l'institution du geisha pour autant ?
Donc il faut se méfier des raisonnements qui ont tendance à imputer des causalités dans l'histoire sans faire de nuance ni prendre les gants. De plus quand on veut être sérieux une seconde, on peut se rendre compte que les gens qui faisaient de l'esclavage ici ou ailleurs ne raisonnaient pas. Ils étaient obnubilés par l'appât du gain, un point c'est tout. C’est après que par dénégation, d’autres qui ont honte d’assumer leur forfait raisonnent à leur place. Utiliser la culture pour raisonner à posteriori dans une logique de dénégation n'est que de la rhétorique, c'est la preuve de ce que l'on peut faire de pire avec de l'idéologie.
Nécéssaire clarification
Donc il faut clarifier le débat et non pas l'obscurcir.
Dans mon esprit, l'idée de dynamisme culturel est à deux niveaux. Pour aller vite, il consiste à défier la sagesse qui veut que "ventre affamé n'ait point d'oreille" ; et mener de front le combat culturel et le combat économique, car l'un est un ferment et un levier de l'autre et réciproquement.
En terme positif, après avoir défini enfin une orientation intelligente à notre système éducatif, investir massivement dans l'éducation, revaloriser l'enseignement à tous les niveaux. Développer l'idée de gratuité, c'est à dire de l'amour de la connaissance, mais pas seulement une connaissance finaliste ; car jusqu'ici les Béninois sont champions dans la connaissance finaliste;
En terme symbolique, dans le domaine des langues nationales, choisir trois ou quatre langues régionales pour une politique d'alphabétisation intelligente et rapide qui permette aux gens de communiquer dans leur langue, d’enfin se parler vraiment, et de libérer les zones les plus fertiles de leur cerveau en sommeil. Revoir le but et le rapport des langues autochtones avec les langues d'emprunt, et réorganiser les hiérarchies. Développer les formes d'expression nouvelles et anciennes : la danse, le théâtre, la littérature, la poésie; mettre tout ça à l'honneur dans les écoles, les lycées, les universités ; insuffler un esprit nouveau dans les recherches des universités, qui tienne compte de nos réalités. Développer l'édition, la presse, la culture dans les médias ; donner la parole aux historiens, aux sociologues, aux philosophes, aux penseurs, écrivains, et artistes : les laisser apparaître à la surface de la réalité sociale, des médias, et parler aux jeunes, aux citoyens ; donner vie et envie aux gens de lire, de découvrir non pas seulement pour les diplômes mais pour l'amour de la découverte et le plaisir ; susciter une ambiance de curiosité permanente, etc. ...
Mais quand je dis tout ça, je suis loin de l’idée de catalogue qu’affectionnent les programmes ou discours politiques, je dis de comprendre que c’est en prenant vraiment et pour une fois au sérieux cette dimension que nous pouvons soulever l’obstacle du développement.
Par ailleurs, tout ce que je viens de dire est terriblement spontané, et au mieux ne peut donner qu’une vague idée de direction, ou de cadre à remplir à tête reposée.
Et par tous.
Enfin voici une histoire tout à fait culturelle :
Dans le cadre de fouilles dans le sous-sol russe jusqu'à 1000m de profondeur, les scientifiques russes ont trouvé des vestiges de fil de cuivre qui dataient d'environ 1000 ans. Les Russes en ont conclu que leurs ancêtres disposaient depuis près de 1000 ans d'un réseau de fil de cuivre.
J’espère que les Béninois poursuivront à leur tour les fouilles et nous donneront bientôt leurs résultats, D’ici là, je vous souhaite une bonne journée. Cordialement
Les Américains, pour faire bonne mesure, ont également procédé à des fouilles dans leur sous-sol jusqu’à une profondeur de 2000m. Ils y ont
trouvé des restes de fibre de verre. Il s'est avéré qu'ils avaient environ 2000 ans. Les Américains en ont conclu que leurs ancêtres disposaient voilà 2000 ans d'un réseau de fibre de verre numérique. Et cela, 1000 ans avant les Russes!
Une semaine plus tard, en Belgique on a publié le communiqué suivant : "Suite à des fouilles dans le sous-sol belge jusqu'à une profondeur de 5000m, les scientifiques belges n'ont rien trouvé du tout. Ils en concluent que les Anciens Belges disposaient voilà déjà 5000 ans d'un réseau Wifi !
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