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Pourquoi, en 1989, la remise en cause du Régime Kérékou par les syndicats débute-t-elle par une lutte interne contre l’UNSTB ?
Les syndicats, essentiellement de la fonction publique, ont joué un rôle déterminant dans l’organisation des mouvements de protestation ; et leur contribution est d’autant plus intéressante que, contrairement au PCD, ils « émergent » au cours de la crise [du régime], se constituent en, tant qu’acteurs autonomes par leur participation à la mobilisation. Il serait trop long de faire ici l’histoire du mouvement syndical béninois. Brièvement, il suffit de noter que dans les années soixante, comme dans de nombreux autres pays africains, les syndicats dahoméens étaient très puissants, qu’ils pouvaient « faire et défaire les gouvernements » selon la formule consacrée. Le rôle central de l’UGTD (Union générale des travailleurs du Dahomey) et de son leader, M. Paoletti, lors de la « révolution » de 1963 en témoigne. En 1972, au lendemain du coup d’Etat qui porte Kérékou au pouvoir, la majorité des syndicats choisit de soutenir le nouveau régime.
C’est le temps de la recherche d’alliances qui dure jusqu’en 1974-75. Mais à partir de cette date débute le processus de radicalisation du régime avec l’adoption officielle du marxisme-léninisme, la création du Parti de la Révolution Populaire du Bénin et, en novembre 1974, la constitution d’un syndicat unique, 1’UNSTB (Union Nationale des Syndicats des Travailleurs du Bénin) qui fédère l’ensemble des structures syndicales et devient une simple courroie de transmission du pouvoir
L’action syndicale reste ainsi verrouillée par 1’UNSTB jusqu’en 1988-89 où la direction et l’orientation de la centrale sont remises en cause de l’intérieur. Parallèlement à la lutte pour les salaires, les syndicats mènent en effet, tout au long de l’année 1989, un combat pour se dégager du carcan des structures héritées de 1974. A l’initiative notamment du SNES (Syndicat national de l’enseignement supérieur et du SYNAPOSTEL (Syndicat national des postes et télécommunications), ils revendiquent leur autonomie, l’organisation pluraliste des intérêts des travailleurs et lancent le mouvement qui va mener à « désafilliation ») de la plupart des membres de la centrale et la création d‘une CSA-Bénin (Confédération des syndicats autonomes).
Ainsi on peut dire que La mobilisation des syndicats, et leur remise en cause du régime Kérékou, débutent par une lutte interne et procédurale contre la direction de I’UNSTB.
Source : R. BANEGAS, Mobilisations sociales et oppositions sous Kérékou, 1995
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