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Pourquoi Appelle-t-on Cotonou, « Koutonou » ?
Le nom de la ville semble traduire le rapport que les fons entretiennent avec les étendues d’eau qui dans leur imaginaire inspirent la crainte d’être happé par les abîmes ou le danger de mort du fait des animaux réels ou imaginaires dont ils peuplaient leurs profondeurs.
Plusieurs versions sont en concurrence pour expliquer l’origine du mot. Elles ont en commun le fait que la ville a été prospectée par des émissaires du roi Ghézo en quête d’un emplacement portuaire autre que Ouidah. Le hameau d’origine, situé à 42 km à l’est de Ouidah serait habité par des Aïzo de Kétonou. A partir de là, il y les versions qui privilégient l’identité étymologique des mots Kétonou et Koutonou avec une légère variation sémantique et phonétique volontaire. Cette variation étant probablement le fait de l’existence du lac (lagune) repère topologique et culturel central dans la vie des autochtones mais qui pour les Fon inspire l’idée de mort. La même idée de la mort est reprise par d’autres versions selon lesquelles le lac aurait la couleur du sang, conséquence peut-être des feuilles mortes qui en jonchaient la surface ; ou par d’autres qui en font le dépotoir naturel des cadavres dans une culture où les morts étaient confiés à l’eau plutôt que mis en terre. Enfin, il y a une autre version où le chef Aïzo du hameau auquel appartiendrait le lac aurait pour nom Okou.
Bref, pâtissant de l’imprécision inhérente aux témoignages oraux, ces versions retiennent tous que le nom Koutonou est en rapport avec la lagune. Est-ce en rapport avec la localité Aïzo nommé Kétonou ? Ou plus directement avec le nom d’un chef nommé Okou ? Dans tous les cas, ces diverses versions apparaissent comme des variations sur le thème de la mort en rapport avec les représentations associées aux étendues d’eau dans l’imaginaire des Fons.
Source : Ouidah au cœur de son destin, Dominique Quénum, l’Harmattan, Paris, 2005
Copyright, Blaise APLOGAN, 2007
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