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Pourquoi le délestage s’est-il installé dans nos mœurs ?
Pour répondre à cette question, il faut s’intéresser aux causes du délestage, traduction d'une crise énergétique qui frappe le Bénin, mais aussi ses voisins.
Pour ce faire on distinguera trois sortes de causes :
1) Les causes matérielles
Elles sont liées à un déficit hydrologique dans l’ensemble des barrages de la sous-région : Nangbéto au Togo, Akossombo au Ghana, Taabo et Kossou en Côte d’Ivoire, dont dépendent l’approvisionnement du Bénin. Ensuite, il existe des perturbations dans la fourniture de gaz naturel alimentant les groupes thermiques de production électrique en Côte d’Ivoire.
2) Les causes efficientes
Mais la crise decoule concrètement des problèmes que rencontrent les fournisseurs d’électricité du Ghana et de la Côte d’Ivoire dont dépendent, à 80 pour cent, le Bénin et le Togo. La "Volta Région Autority" (VRA) du Ghana et la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) ont considérablement réduit leurs livraisons en énergie électrique, passées de 140 mégawatts (MW) par jour en mars 2006 à 80 MW actuellement, selon la CEB.
Par ailleurs, la situation financière de la CEB n’est pas satisfaisante. L’organisation reste devoir quelques 31,8 millions de dollars à la CIE et la VRA et aux compagnies pétrolières pour l’achat de l’énergie hydroélectrique et du carburant pour ses centrales thermiques. Ensuite, la CEB a fait des prêts bancaires qui s’élèvent à 5,7 millions de dollars.
3) Les causes formelles
Sous le qualificatif de causes formelles, nous désignons la réflexion sur la politique énergétique du Bénin. Ici on ne peut que déplorer le manque de vision prospective. Les problèmes de la fourniture de courant électrique qui durent depuis une dizaine d’années de façon permanente, et qui sont à l’origine du délestage avec ses conséquences économiques et sociales, jamais mesurées en termes financiers et publiés, « apparaissent aujourd’hui comme une véritable défaillance de la gestion prospective de l’énergie par les structures qui en ont eu la charge et l’Etat. Bref, en matière d’énergie on s’est contenté depuis des décennies de gérer les crises énergétiques cycliques par des palliatifs.» N’est-il pas temps de voir plus loin avec une volonté politique plus affirmée ? De crise en crise, l’Etat donne l’impression de ne pouvoir faire de la production et de la fourniture d’énergie une priorité stratégique. Tous les régimes qui se sont succédé depuis la Révolution jusqu’aux quinze premières années du renouveau démocratique, ne font que ressasser les mêmes projets jamais réalisés. Le parc de la production énergétique a vieilli sans que l’on ne pense à le renouveler qu’au pied levé en cas de crise.
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Source : IPS (Lomé), et l’Autre Quotidien.
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