.
.
.
ÉTÈWUTU l’avion des mercenaires du 16 janvier 1977 a-t-il pu décoller au nez et à la barbe de l’Armée béninoise sans être inquiété ?
Dès l’annonce du débarquement des Mercenaires à Cotonou ce jour-là, une certaine confusion s’est emparée du commandement militaire. « Tout le monde attendait que vienne de Ouidah, les Auto-Mitrailleuses Légères ( AML), du premier Escadron Mixte que commandait le Lieutenant Philippe Akpo et qui étaient abusivement désignées sous le nom de chars »
Fidèle à son devoir, cet Escadron s’est effectivement mis en route sus aux agresseurs ; mais, en raison du retard considérable nécessité par le regroupement des troupes en ce dimanche-là et le franchissement de multiples barrages spontanément dressés par les populations sur son parcours, il ne put arriver à Cotonou avant que l’avion des mercenaires n’ait pris de la hauteur, après son décollage précipité.
Dans ces conditions, l’Escadron dirigé par le lieutenant Philipe Akpo est devenu le bouc émissaire naturel de l’inorganisation de l’Etat-major béninoise, accusé qu’il est de n’être pas arrivé à temps pour détruire l’avion des mercenaires.
« En réalité répond aujourd’hui le Lieutenant-colonel Philippe Akpo[1], à l’exception des éléments de la garde présidentielle, les officiers, sous-officiers, et homme du rang de Cotonou avaient manqué d’initiative et de cran pour se saisir de lance-roquettes, et, en passant dans les quartiers situés derrière le collège Aupiais, auraient pu se porter du côté nord de la piste d’atterrissage en utilisant le terrain. A partir des maisons du quartier "Gondouana " situées d’Est en Ouest parallèlement à la piste, ils auraient pu faire sauter le maudit avion qui hantait tout le monde.
Au contraire, chacun tenait à sauver sa peau en désignant l’autre du doigt. Que de temps perdu par manque de courage pour nos officiers d’Etat-major qui avaient subitement perdu de vue leurs cartes et la configuration de Cotonou…. »
Et pourra-t-on ajouter, qui avaient subitement découvert que leur travail c’était aussi et peut-être surtout de défendre l’intégrité territoriale et la sécurité du pays...
Certes, il est facile de faire la leçon trente ans plus tard, assis dans un fauteuil et de façon rétrospective, sans la pression immédiate des événements. Mais la vérité de ce fait curieux que constitue la fuite réussie, quoique précipitée des mercenaires du 16 janvier 1977 se trouve quelque part entre ces éléments d’explications, à méditer…
[1] Rôle et Implications des Forces Armées béninoises dans la vie politique nationale, Lieutenant-colonel Philippe Akpo, édition du Flamboyant, 2005
Copyright, Blaise APLOGAN, 2007
Commentaires