Après le “J’accuse” retentissant de l’Honorable Janvier Yahouédéou qui a révélé publiquement le vol de 8 milliards dans la gestion de l’affaire ICC service, au lieu de répondre directement en se situant formellement à la hauteur de l’accusation, le pouvoir envoie un sous-fifre en la personne de l’agent judiciaire du trésor, une certaine Séverine Lawson. Celle-ci a, comme il fallait s’y attendre, dans une déclaration d’urgence, réfuté les accusations qu’elle estime sans fondement. Mais la réfutation maladroite et peu convaincante de Mme Séverine Lawson, pêche par confusion et par une volonté de retranchement procédurier. Or les accusations en jeu sont suffisamment précises et graves pour qu’on en reste aux généralités. Monsieur Janvier Yahouédéou l’a si bien compris qui, pour sortir de cette logique de retranchement et aider le gouvernement à répondre aux questions qu’il lui a soumises au parlement, est revenu à la charge, en posant à l’Agent Judiciaire du Trésor quelques questions simples portant sur des actes et des points de procédure qui recadrent le débat. Comme toujours, la détermination de l’honorable Janvier Yahouédéou allait de pair avec le calme de celui qui sait de quoi il parle et n’est pas prêt à s’en laisser conter… Regardez plutôt |
Le 10 Juin 2015, en réaction à ma déclaration à l'hémicycle au sujet de ICC Services, l'Agent Judicaire du Trésor a tenu une conférence de presse qui appelle une réaction de ma part. En réalité ma principale préoccupation est celle des spoliés qui sont en général des pauvres. C'est à dire des béninois qui gagnent à peine 500 F par jour. La sortie médiatique de l'AJT devrait rester dans cette logique. Dans sa réponse, au lieu de chercher à démontrer comment il a pu rembourser ces pauvres à partir des 8 milliards dénoncés, il s'est versé dans du dilatoire en disant de façon simpliste que ma déclaration est sans fondement. Je ne voudrais pas entrer dans un mécanisme de ping-pong médiatique puisque ce dossier a fait l'objet d'une question écrite de ma part. L'Agent Judicaire du Trésor devra plutôt se préparer à répondre à mes questions. Toutefois, sa déclaration du 10 juin 2015 nécessite de ma part une réaction qui aiderait le gouvernement à mieux s'expliquer. 1- Au sujet des 8 milliards récupérés L'AJT a déclaré que ce montant est faux et qu'il s'agit plutôt de 13 milliards. Je voudrais préciser que le montant de 8 milliards est le chiffre indiqué dans le rapport confidentiel du Fonds Monétaire International (FMI) en sa page 7 - 1er paragraphe. Si l'AJT n'a pas connaissance de ce rapport, alors c'est inquiétant pour notre pays. 2- Au sujet de l'utilisation des 8 milliards Mme l'AJT a affirmé dans sa déclaration que les fonds bloqués dans les banques primaires ont été par la suite dégelés et payés aux déposants. Ces propos sont aussi inquiétants. J'avais dit dans ma déclaration que les 8 milliards ont été soustraits des banques primaires puis détournés. Je m'attendais à ce que Mme l'AJT me contredise. Ce qui n'a pas été le cas. Elle confirme que ces fonds ont été bel et bien soustraits et n'existent plus dans les banques primaires. La bonne gestion exige que le dégel des fonds des banques primaires atterrissent sur un compte séquestre sous contrôle judiciaire. Et par la suite, tout décaissement de ce compte séquestre devrait se faire par chèque certifié pour attester de la sincérité de l'utilisation de ces fonds. 3- Au sujet du prétendu paiement des spoliés Dès l'éclatement de cette affaire, plusieurs structures en dehors de ICC SERVICES ont décidé de rembourser par elles-mêmes les épargnants et ce dès septembre 2010. Les 8 milliards récupérés proviennent en majorité des saisies sur les comptes des responsables de ICC-SERVICES. Curieusement, lorsqu'on lit le document présenté par l'AJT, aucun spolié de ICC SERVICES n'a été payé. Ce document est un listing des montants payés par les petites structures dès l'éclatement de l'affaire. A quoi ont alors servi les avoirs saisis sur les comptes des responsables de ICC ? Plusieurs observations peuvent être faites sur le document présenté par l'AJT. 1- Ces paiements ont été effectués en 2010 et début 2011 pour la plupart. 2- Vous constaterez également que ce document semble être le fruit d'un tripatouillage puisque le nombre de déposants remboursé est parfois supérieur au nombre de déposants enregistré. Pour montrer sa sincérité et éclairer les pauvres spolié qui attendent toujours d'être payé, Mme l'AJT devrait répondre clairement aux questions suivantes: 1- Quelles sont les banques dans lesquelles les 8 milliards ont été logés ? 2- Quelles sont les dates de retrait de ces fonds ? 3- Dans quels comptes ces fonds une fois retirés ont été relogés ? Pour une meilleure compréhension du peuple, l'AJT doit publier les relevés bancaires des différents comptes ayant abrité les 8 milliards et ceux des comptes de relogement. 4- Quels sont les spoliés qui ont été payés et sur la base de quels critères et de quelle décision de justice ? L'AJT doit fournir la liste des bénéficiaires avec précision de leurs adresses (carré, téléphone) et les références de leurs pièces d'identité. Pour conclure, l'AJT doit fournir tous ces renseignements et dans les meilleurs délais afin de sortir de l'opacité et venir fournir au peuple béninois où sont réellement passés les 8 milliards. Porto-Novo, le 11 Juin 2015 Janvier YAHOUEDEOU |
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