En Afrique, on le sait, les hommes au pouvoir et leur base électorale sont hantés par la peur de le perdre. Cette peur à première vue n’a rien d’original puisqu’elle caractérise la psychologie de l’alternance politique dans toutes les démocraties. Mais sous cette apparence commune, les hommes politiques africains abritent une spécificité qui confère toute sa dimension dramatique au débat politique en Afrique avec les désordres, les tensions, les violences et mêmes les guerres dont le paysage politique du continent est souvent le théâtre. En fait, en Afrique, avant la peur de perdre le pouvoir, ce qui caractérise la psychologie des hommes politiques est une certaine représentation fantasmatique du temps politique, même dans l’hypothèse provisionnelle de l’alternance, comme un temps infini, une durée sans fin, une éternité fantasmatique. Ce qui accroît leurs excès, leur aveuglement et l’hubris du pouvoir ; toutes choses dont ils ont du mal ensuite à assumer les conséquences, d’où l’inquiétude de l’alternance. Car comment imaginer un homme un tant soit peu responsable qui, pour quatre ou cinq ans de règne que dure un mandat, n’hésite pas à mettre son pays à feu et à sang s’il ne se représentait ce laps de temps ridicule comme une éternité ? Amida Bashô |
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