L’insulte incidente de Yayi Boni sur la personne de Candide Azannaï est de la même nature que l’utilisation abusive et illégale des moyens de l’État dans la campagne : ils s’inscrivent tous en violation flagrante de la loi, et trahissent l’autoritarisme inconséquent du Chef de l’État, le fait qu’il se croit tout permis. Voilà en effet un acte anticonstitutionnel qui se commet sans aucune conséquence pour le perpétrateur parce que la loi est confondue avec lui-même et sa volonté. Ainsi dans sa lancée, n’écoutant que ses envies sans entraves ni limite, Yayi Boni s’en donne à cœur joie d’insulter un député en pleine campagne. Mais loin d’être spontané ou un simple dérapage verbal, le geste de Yayi Boni était calculé et fait à dessein ; il visait un bénéfice médiatique pour lui-même et les siens. Yayi Boni espérait enfermer sa victime dans le piège du chantage au respect de la fonction du chef de l’État. De plus, à l’instar de l’utilisation abusive des moyens de l’État dans la campagne, il était persuadé que son acte serait sans conséquence. Dans un pays normal un citoyen n’insulte pas le chef de l’État. Sachant cela, Yayi Boni voulait abuser du respect dû à son rang, comme il abuse de toute chose sans conséquence. Mais le respect est une notion sociale, c’est du donnant-donnant : avant de réclamer le respect de l’autre, il faut déjà le respecter soi-même. Dans cette affaire, inconsciemment ou non, Yayi Boni a été victime de son illégalisme viscéral, de son autoritarisme et de sa voyoucratie constitutionnelle. Dans son hubris de personnage suprême et intouchable, Yayi Boni a oublié qu’en déclenchant la guerre des insultes, il n’était plus le chef de l’État normal d’un pays normal, et que par conséquent, il n’y avait plus rien d’anormal dans la réplique de sa victime aussi violente soit-elle. Quel juge donnera droit à la plainte du citoyen lambda contre Yayi Boni pour incitation à la haine, violence verbale, provocation, insulte envers un député en exercice, abus de biens sociaux et usage des moyens de l’état pour sa campagne électorale ? Quelle Brigade de Gendarmerie lui portera sa convocation ? Combien de soldats iront cueillir Yayi Boni au petit matin chez lui ? Une escouade ou toute l’armée nationale ? Aminou Balogun Version Audio
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