Yayi Boni veut toujours mettre en scène les réactions à ses chocs sans se demander souvent ce qui concerne le peuple dans ses propres affects et prises de position. Par exemple, quand il a été battu dans les urnes aux législatives avec un score de 33 députés au lieu des 50 escomptés, il a aussitôt réuni dans l'urgence un conseil des ministres qui a fixé les dates des élections présidentielles et ce d'une façon dont le caractère précipité et anticipé avait quelque chose de désarçonnant. Yayi Boni avait pris tout le monde de court et laissé la classe politique perdue dans ses conjectures. Que voulait-il faire ? Qu'avait-il derrière la tête ? Était-ce pour assurer de sa bonne foi sur la question du troisième mandat ? C'était sa manière à lui de reprendre l'initiative après la déconvenue électorale. Devrait-on comprendre la fixation de la date des élections en toute spontanéité--et non pas comme dans le cas des élections législatives après moult pressions de part et d'autre--comme une manière de faire le deuil de ses velléités de confiscation du pouvoir ? Mais à tout bien penser de façon rétrospective, il s'agissait d'une mise en condition des nouveaux législateurs pour mieux jouer de leur confiance dans le cadre de l'élection du bureau de l'Assemblée Nationale. Montrer qu'il est revenu de tout, est devenu raisonnable pour qu'on lui fasse confiance sur le marché des députés lors de l'élection du bureau de l'Assemblée Nationale qui lui tenait à cœur. Or, voici qu'aussitôt cette élection tenue et qu'après un effort spectaculaire de remontée qui aurait pu lui valoir le succès, Yayi Boni tombe les armes à la main et échoue de peu dans son ardent désir de contrôler le perchoir. Et pour couronner le tout, accède à cette place si convoitée l'homme à qui par deux fois il a barré la route de la présidence de la république. La première fois, à la loyale à cause du rêve du changement, de la nouveauté qu’il incarnait mais aussi à cause de la haine de soi des Béninois du sud ; et la deuxième fois par holdup électoral en dépit de sa médiocrité révélée, et du fait que cette haine de soi des Béninois du sud se voilait à elle-même la face après la désastreuse phénoménologie de son esprit retors. Maintenant, voilà qu'en réaction à son échec sur le marché des députés, Yayi Boni exile à Limoges tous ses conseillers, même les plus anciens. Histoire de dire à qui veut l'entendre et le croire que ses deux échecs électoraux successifs ce n'est pas lui mais eux ? Pour un homme qui n'hésite pas à dire « YINWÈ/YINDIÉ » sa décision manque de constance. Mais au-delà de cette inconstance, il s'agit d'une réaction qui, contrairement à la première ne s'adresse qu'à lui-même et pas aux Béninois car, il ne les avait jamais consultés pour fixer le nombre, la fonction, les attributions ni l’identité de ses conseillers ; autant dire que pour eux, que Yayi ait renvoyé Tartempion ou retenu Olorukɔ comme Conseiller, peu leur chaut !
Aminou Balogun
|
|
|
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.