Dans les médias occidentaux, aucun homme politique ne se pique de souhaiter ostentatoirement la fête de Pâques au peuple ou à ses électeurs ; aucun ne cherche à surfer sur la vague émotionnelle d'une fête religieuse. Parce qu’ils considèrent la religion comme relavant du domaine privé sinon de l’intimité de leurs concitoyens qu’ils respectent. Le Pape le fait parce que c'est son job, et en dehors du fait d'être le chef de l'État du Vatican, il n'est vraiment pas perçu comme un homme politique. Mais en Afrique, les hommes politiques, les gros requins comme les menus fretins s'en donnent à cœur joie de souhaiter bonne fête de Pâques au peuple et à leurs électeurs passés, présents et surtout à venir. Certains d'entre eux prennent des postures et considèrent l'occasion comme une aubaine médiatique à ne pas rater. Entre ceux qui, chrétiens, jouent à plus crétin que moi tu meurs et ceux qui, parce que musulmans, jouent à plus tolérant que moi tu meurs. Au Bénin on peut citer sans risque de se tromper, d'un côté les Éric Houndété, et de l'autre les Bio Tchané, tous adeptes subalternes de la manipulation des émotions religieuses en politique, culte dont le grand pape national n’est tout autre que le chef de l’État lui-même. Les hommes politiques trouvent là — en dehors des idées qui n'existent pas, qu'ils n'ont pas ou ne mettent pas à l’honneur, et que le peuple ne peut comprendre —une rare occasion de dialoguer en profondeur avec le peuple ; et ils s'en saisissent sans demander leur reste. Avec cette frénésie manipulatrice, ce penchant et cette compulsion à touiller la plaie des émotions religieuses, cette façon de monter au pinacle le fait religieux et de le légitimer socialement, on comprend que les massacres terribles qui viennent d'être perpétrés au Kenya au nom du fondamentalisme religieux —une religion qui se voulait la vraie et la seule—aient d'abord trouvé dans ces comportements égoïstes et délibérément instinctifs de nos hommes politiques une incitation et une justification de premier ordre ; d'une certaine manière, ils en sont la cause lointaine.
Amida Bashô
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