Bonjour, L'Etat est l'ensemble des pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire et forces armées auxquels il faut ajouter les institutions financières (banques....). Un Etat défend les intérêts de la classe sociale qu'il représente. L'Etat bourgeois, celui des riches, des puissances de l'argent comme c'est le cas au Dahomey-Bénin depuis la colonisation française jusqu'à nos jours, peut il sévir réellement comme le veut le peuple, contre ses propres partisans qui ont exercé le pouvoir en son nom et servi ses intérêts de classe contre ceux du peuple? L'expérience vécue par les peuples du monde entier, le peuple béninois en particulier, permet de répondre NON à cette question fondamentale. Ce n'est pas moi qui ai ouvert le débat mais plutôt vous par la publication de votre écrit qui a suscité la série de questions que je vous ai posées; notamment celle de savoir ce qui justifierait de juger un seul chef d'Etat alors qu'il y en a d'autres durant la période que vous déterminez en écrivant "Depuis Kérékou....". Vous ne prouvez pas que ces autres chefs d'Etat sont irréprochables dans leur gouvernance du Bénin. Au contraire vous affirmez "....l'exonération des crimes de Kérékou....". Les fautes de l'un annulent elles celles qu'on pourrait peut-être reprocher aux autres?
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Vous admettez comme le laisse entendre votre écrit, que ces personnes ont toutes des responsabilités dont on ne devrait pas les exonérer. C'est pourquoi je ne comprends pas votre démarche, votre logique de combat contre l'impunité quand vous n'acceptez pas qu'elles répondent toutes de leurs actes devant le juge. Certaines d'entre elles pourraient être acquittées finalement par le juge; mais n'allez pas vite en besogne en vous substituant au magistrat chargé de rendre la justice. Nul n'est au-dessus de la loi dit on couramment. Laissez donc toutes les personnes que vous accusez aux mains de la justice et le juge se chargera du reste. N'épargnez personne d'emblée de cette procédure si vous tenez à être juste. Sinon votre démarche relèvera de l'arbitraire. Votre argument de "sang frais" dans les mains comme seul motif valable d'incrimination n'est pas convaincant pour justifier votre démarche que vous préconisez. Selon vous le criminel qui réussirait à camoufler ou effacer les preuves de ses crimes serait il devenu soudainement innocent comme par miracle? A ma connaissance dans le cas du génocide rwandais par exemple il n'a pas été procédé comme vous le préconisez, et pourtant ce fut un crime de masse (de village pour emprunter l'image que vous utilisez dans votre exemple). N'est-ce pas entre autres raisons le camouflage ou l'effacement des preuves qui a conduit à l'impunité des différents crimes que vous nommez concernant le Bénin? Je ne prône pas la chasse à l'homme. Mais je constate que votre procédure repose sur la partialité, sur un parti pris à priori. Vous faites deux poids deux mesures, donc une justice à deux vitesses. Et c'est cela votre modèle de justice dite exemplaire que vous prescrivez pour combattre l'impunité au Bénin? C'est ce que vous appelez "sévir par l'exemple"? Parlant des chefs d'Etat béninois qui ont précédé l'actuel dans la période que vous fixez vous même en écrivant "Depuis Kérékou...." il n'y en a que deux. Leur liste n'est donc pas longue; ils sont connus et encore vivants. Ce n'est donc pas faire de la "régression à l'infini" que d'appliquer le même principe de justice pour eux tous, d'autant que vous déclarez criminel en le nommant même l'un des deux autres chefs d'Etat concernés par votre période. L'Histoire encore d'actualité nous apprend que la loi initiée par la députée guyanaise, Christiane TAUBIRA, et votée le 21 mai 2001 en France reconnaît comme "crime contre l'humanité" la "traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan indien d'une part, l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVè siècle aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan indien et en Europe contre les populations africaines, américaines, malgaches et indiennes." C'est à la fois un jugement et une condamnation des auteurs de ces crimes contre l'humanité, même s'ils ne sont pas nommés. Et pourtant six siècles se sont écoulés depuis le XVè siècle jusqu'en 2001!! Est- ce de la régression à l'infini? NON. Suite à cette loi le 10 mai est consacré désormais en France, "Journée commémorative des mémoires et des abolitions de la traite et de l'esclavage". Ce n'est pas de la régression à l'infini. Ces deux faits participent du progrès de l'humanité, et l'Histoire les a déjà inscrits en lettres d'or. Quand on veut rendre propre un habit sale on n'en lave pas seulement un bout pour ensuite dire qu'il est tout propre et le porter avec les saletés restantes. Dans le cas présent les responsables de la mauvaise gouvernance au Bénin pendant la période que vous définissez sont tous partisans et acteurs du même système d'Etat bourgeois exploiteur et oppresseur du peuple. Ils se soutiennent, intérêts de classe bourgeoise obligent. Vous le reconnaissez vous même en affirmant : "Depuis Kérékou, nous sommes habitués à exonérer nos dirigeants de leurs responsabilités sous prétexte de la paix. Mais comme on le voit, l'exonération des crimes de Kérékou a fait le lit d'un Yayi, encore plus pendable que lui." Vous les déclarez ainsi tous criminels et pendables. Mais en quoi serait on moralement supérieur à quelqu'un, plus avancé que lui quand on milite pour lui donner la mort, par pendaison en l'occurrence, parce qu'on l'accuse de "crimes politiques", de "crimes de sang", de "crimes financiers"? Je m'interroge. On n'imite pas, ce me semble, ce qu'on considère comme mauvais exemples et prétendre assainir la morale dans la société. La Constitution du Bénin stipule : article 7 : "Les droits et les devoirs proclamés et garantis par la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples adoptée en 1981 par l'Organisation de l'Unité Africaine et ratifiée par le Bénin le 20 janvier 1986 font partie intégrante de la présente Constitution et du Droit béninois." article 8 : "La personne humaine est sacrée et inviolable." "L'Etat a l'obligation absolue de la respecter et de la protéger......" article 15 : "Tout individu a droit à la vie....." La Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples dans son article 4 n'est pas en contradiction avec les dispositions de ces articles 8 et 15 quand elle affirme : " La personne humaine est inviolable. Tout être humain a droit au respect de sa vie .....". Elle en est plutôt l'exacte expression concentrée. L'Humanité est déjà en avance sur votre plaidoirie pour la peine capitale qui en mon sens participe de la régression dans l'Histoire. En effet les députés béninois de la 6è législature ont voté par 54 voix pour, 5 voix contre et 6 abstentions la loi n°2011 pour l'adhésion du Bénin au deuxième Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui abolit la peine capitale. Le Bénin a ratifié ce Protocole le 18 août 2011, s'inscrivant ainsi dans le courant de l'Histoire universelle pour le progrès, à savoir le combat pour l'abolition de la peine de mort. Il était le 9è Etat africain à poser ce pas en avant, et le 75è au niveau mondial. L'article 1, alinéas 1 et 2 du Protocole susnommé précise en ces termes : "Aucune personne relevant de le juridiction d'un Etat partie au présent Protocole ne sera exécutée" "Chaque Etat partie prendra toutes les mesures voulues pour abolir la peine de mort dans le ressort de sa juridiction". Il est important de lire la décision DCC 12-153 du 4 août 2012 de la Cour Constitutionnelle du Bénin sur la constitutionnalité des dispositions prévoyant la peine de mort dans le code de procédure pénale. En décembre 2012 l'Assemblée Nationale du Bénin a annulé les dispositions de procédure pénale relative à la peine de mort. Il me parait noble de lutter pour encourager et renforcer cette avancée béninoise qui contribue sans aucun doute à la marche en avant de l'Humanité dans notre pays. Et cette lutte devra se perpétuer sans distinction de régime politique, de la femme ou de l'homme au pouvoir. La valeur d'une vie humaine, d'une âme est inestimable. Aucun homme n'a le pouvoir de donner la vie, en l'occurrence la vie humaine. Par conséquent la vie ou l'âme d'un homme n'appartient pas à un autre être humain pour que ce dernier s'arroge le droit de l'ôter. Elle appartient à Dieu qui l'a donnée. C'est pourquoi il est écrit : "Sachez-le aussi, je redemanderai le sang de vos âmes, je le redemanderai à tout animal; et je redemanderai l'âme de l'homme à l'homme, à l'homme qui est son frère." Genèse 9, 5. " Si quelqu'un verse le sang de l'homme, par l'homme son sang sera versé; car Dieu a fait l'homme à son image." Genèse 9, 6. Ce sont des avertissements, des mises en garde de Dieu à l'homme. Pourquoi militer alors pour supprimer ce qu'on ne peut pas restaurer après l'avoir fait disparaître? Dans l'affaire TAÏGLA, pour ne citer que celle là qui a fait la une des journaux au Dahomey en 1970, des accusés d'assassinat et condamnés à mort ont été exécutés. L'application de la sentence de mort a-t-elle été dissuasive? Ce genre de crime a-t- il cessé pour autant au Dahomey (Bénin)?. NON. Ce constat négatif de la suite de ces événements tragiques interpelle la conscience de notre société en général, celle de chaque citoyen béninois en particulier sur la problématique de la peine capitale. Pour ma part je suis opposé à la peine capitale tout comme je ne suis pas partisan de l'euthanasie. Et je suis raffermi dans ma position par ces avertissements de Dieu cités plus haut ainsi que par ce commandement divin qui est supérieur et incomparable à la pensée humaine : "Tu ne tueras point" (Exode 20, 13). Je milite donc pour l'abolition de la peine de mort dans le monde. Vous déclarez plusieurs personnes fautives mais vous voulez faire comparaître une seule d'entre elles devant le juge, pour servir d'exemple soit disant, au motif selon vous, qu'il "a du sang frais" de ses crimes dans ses mains. Pour quelle raison épargnez vous les autres de la comparution devant le juge si vous militez pour l'équité? Poser cette question ne vise pas à soustraire de votre démarche celui que vous voulez assigner en justice, contrairement à ce que vous écrivez. Cela participe plutôt de l'équité pour laquelle vous vous déclarez militant. Pouvez vous dire à l'opinion publique nationale et internationale pourquoi le Chef d'Etat béninois alors en exercice avait exigé et obtenu à la Conférence nationale de 1990 une amnistie en sa faveur, s'il ne se reprochait rien lui même? N'est ce pas parce qu'il craignait de tomber sous le coup de la loi après son départ du pouvoir à cause de ses fautes dont il serait peut-être déjà conscient? Prenez vous en compte cela? Si oui, quelle conséquence juridique en tirez vous à son égard aujourd'hui? Je ne lui fais pas la chasse. Je ne cherche ni sa tête ni celle de son successeur. Je les respecte. Mais c'est votre démarche de justice à deux vitesses qui me conduit à vous dire d'aller plutôt jusqu'au bout en recherchant l'équité, sans faire acception de personne, si tant est que vous voulez rendre justice au peuple béninois. Ce sera de tout bénéfice pour ce peuple. Car on ne voit pas le justificatif intangible qui soutient votre démarche arbitraire, selon moi, ni au plan éthique (la morale), ni au plan juridique (le Droit), ni au plan d'une véritable politique de lutte contre l'impunité. Notez que je ne me substitue pas au juge pour les condamner d'avance à la peine de prison. Qui suis-je pour le faire? Je n'ai que faire de l'emprisonnement des deux Chefs d'Etat béninois en question, encore moins de leur condamnation à mort. Cette position n'engage que moi seul. Je vous invite à aller lire mon témoignage de 2012 sur la répression au Bénin sous le régime du PRPB, et vous comprendrez. En tout état de cause je vous rappelle l'article 17 de la Constitution actuelle du Bénin qui dit : "Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public durant lequel, toutes les garanties nécessaires à sa libre défense lui auront été assurées....". Et "Les juges ne sont soumis, dans l'exercice de leurs fonctions, qu'à l'autorité de la loi...". Article 126 de la même Constitution. Il importe aussi de saisir la signification profonde, à la fois politique et juridique, des articles de loi suivants relatifs à la Haute Cour De Justice chargée de juger le Président de la République et les membres du Gouvernement : "La Haute Cour de Justice est composée des membres de la Cour Constitutionnelle, à l'exception de son Président, de six députés élus par l'Assemblée Nationale et du Président de la Cour Suprême..." Article 135. "....La décision de poursuite puis la mise en accusation du Président de la République et des membres du Gouvernement est votée à la majorité des deux tiers des députés composant l'Assemblée Nationale...." Article 137. "Le Président de la République et les membres du Gouvernement sont suspendus de leurs fonctions en cas de mise en accusation pour haute trahison, outrage à l'Assemblée Nationale et toute atteinte à l'honneur et à la probité. En cas de condamnation, ils sont déchus de leurs charges." Article 138. Puis il faut en tirer les conséquences pratiques quant à leur application. Pour cette application les Institutions de l'Etat béninois visées par les articles 135, 137 et 138 seront elles favorables à votre plaidoirie d'ici à 2016 pour atteindre votre but? Ce n'est pas garanti. Autant le serpent ne se retourne pas pour mordre sa propre queue, autant l'Etat bourgeois béninois ne sévit pas contre ses propres partisans qui l'ont servi fidèlement. Méditez cela en gardant la tête froide. Observez la scène politique passée et actuelle au Bénin. Ne mettez pas votre charrue avant vos bœufs si vous voulez parvenir à labourer la terre. Vous êtes libre d'intenter un procès contre qui vous voulez. Mais patientez que votre défendeur soit condamné à une peine d'emprisonnement par le juge. C'est tout aussi valable pour la peine de mort. Encore une fois n'allez pas trop vite en besogne en prononçant une sentence à la place du juge. Ce n'est qu'un conseil de ma part. Le dire n'a aucun "air de famille" en ce qui me concerne. Pour l'information de tous, de vous en particulier, je n'ai ni lien de famille politique, ni lien de sang, ni lien amical avec le Président YAÏ BONI contrairement à ce que vous imaginez dans votre écrit, puisque c'est lui que vous pointez nommément du doigt. En dehors de ses images dans les médias je ne l'ai jamais vu en personne (pareil pour les deux autres Présidents d'ailleurs), je n'ai aucun contact avec lui, aucun intérêt à défendre auprès de lui et je n'en cherche pas. Mes prises de position sur les questions de la vie publique au Bénin, la vie politique en l'occurrence, ne sont fondées ni sur l'idolâtrie pour un homme, fût il de la même ethnie que moi, ni sur le sentimentalisme. Soyez en rassuré. Je n'adore pas un homme. C'est Dieu que je m'efforce d'adorer car Il est digne de recevoir mon adoration. Il est faux d'affirmer comme vous le faites que la lutte contre l'impunité ne fait que commencer au Bénin. Parcourez l'Histoire du mouvement démocratique au Dahomey puis au Bénin et vous serez convaincu du contraire de votre affirmation. Il faut comparer ce qui est comparable. Le nombre de nazis est nettement supérieur à celui des Chefs d'Etat béninois que vous exemptez de la comparution devant le juge à savoir 2. Beaucoup de nazis ont fui pour se cacher à travers le monde. Mais les deux Présidents sont encore vivants et circulent librement au Bénin. De toute évidence le procès de Nuremberg qui se déroula d'octobre 1945 à novembre 1946 ne pouvait pas juger tous les nazis. Cependant certains nazis fugitifs et terrés ainsi que certains de leurs collaborateurs non allemands ont été arrêtés et jugés ou sont encore recherchés. La poursuite contre les nazis n'est pas encore levée à ma connaissance. Ainsi par exemple : - Adolf EICHMANN fut capturé à Buenos Aires en Amérique du sud le 11 mai 1960 par le MOSSAD, service secret israélien, puis transféré à Jérusalem le 22 mai 1961 où il fut jugé, condamné à mort et exécuté par pendaison le 31 mai 1962. - KLAUS Barbie, chef de la Gestapo à Lyon, fut extradé en février 1983 vers la France par la Bolivie où il s'était réfugié. Il fut jugé en 1987 et condamné à perpétuité pour "crime contre l'humanité". - Maurice PAPON collaborateur français de la Gestapo, après avoir été longtemps protégé par l'Etat français, fut jugé et condamné en 1998 à 10 ans de réclusion criminelle par la Cour d'assises de Bordeaux pour "complicité de crimes contre l'humanité". Et j'en passe. Alors pourquoi identifiez vous ceux que vous considérez comme responsables de la mauvaise gouvernance au Bénin tout en refusant de les traduire tous au tribunal? La mauvaise gouvernance au Bénin n'est pas le même cas de figure que le nazisme. Je ne suis l'avocat de personne mais je vous invite à faire preuve d'esprit d'équité envers tous ceux que vous indexez quand vous dites vouloir lutter contre l'impunité. En vérité les divers crimes commis au Bénin dans la période dont vous parlez sont la caractéristique de la mauvaise gouvernance du pays par ceux qui l'ont dirigé. Cette mauvaise gouvernance dont souffre le Bénin tire ses origines des profondeurs de la cupidité, l'amour de l'argent roi hissé au trône et adoré par certains qui en sont avides à outrance. C'est leur idole à laquelle ils vouent un culte sans borne. Ils en sont devenus des esclaves indécrottables. C'est vrai en effet que "Celui qui aime l'argent n'est pas rassasié par l'argent, et celui qui aime les richesses n'en profite pas. C'est encore là une vanité." Ecclésiaste 5, 9. "Mais ceux qui veulent s'enrichir tombent dans la tentation, dans le piège et dans une foule de désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition." 1 Timothée 6, 9. "Car l'amour de l'argent est la racine de tous les maux...." 1 Timothée 6, 10. Que faire? Lutter contre l'impunité, OUI, mais partialité et arbitraire, NON. L'argent est un moyen de subsistance incontournable certes mais il n'est pas le but de la vie. Il faut l'argent pour vivre et non vivre pour l'argent. C'est la règle d'or, la juste conception à avoir à propos de l'argent. Il y a lieu donc d'éduquer les mentalités contre toute corruption des mœurs pour les transformer afin qu'elles adhèrent à cette conception saine à mon avis sur l'argent. Docteur Afolabi BIAOU France |
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