Ce qui s’est passé au Nigeria est proprement miraculeux. Comme l'écrivait ici même mon confrère Adenifuja de Saturday Daily New, il témoigne du miracle de la volonté d’un peuple et sa capacité à s’imposer en tant que tel. Pendant longtemps et jusqu’aux dernières heures de sa décision de bon sens, Monsieur Jonathan n’avait pas envisagé d’échouer aux élections présidentielles du 28 mars dernier. Il ne s’était pas mis dans cet état d’esprit. Lui et son parti étaient prêts à gagner par tous les moyens possibles et imaginables, à commencer par les plus bas et les plus tordus ; ils étaient décidés à gagner à la Yayi, et ils avaient tout fait pour. A preuve, les Nigérians étaient proprement stupéfaits de voir leur président concéder sans autre forme de procès la victoire à son adversaire, jusque-là vilipendé, trainé dans la boue et traité de tous les noms. Si Jonathan avait un seul instant voulu concevoir la possibilité de sa succession par Buhari, il n’aurait pas posé de manière aussi farouche les actes extrêmes qu’il a posés. Il se serait passé de la myriade procédés frauduleux, de solutions de rechange ou de plan B qui, du report des élections aux rumeurs de coups d’état civils ou militaires, se succédaient au fur et à mesure de l’approche des élections. Il se serait montré plus flexible, plus responsable et Chef de l’Etat que partisan aveugle. Il se serait gardé d’actes ou de décisions inconsidérés. Valait-il même la peine qu’il se fâchât à mort avec son mentor et prédécesseur Olusegun Obasanjo qui ne lui demandait qu’une chose : renoncer à un second mandat ? Ce n’est pas non plus les pressions intérieures et extérieures ou les exhortations des uns et des autres qui ont amené Jonathan à faire volteface. Car il ne s’agit rien moins que d’un changement soudain, inattendu et miraculeux. En vérité, la vraie raison de la volteface de Jonathan à la dernière minute est le caractère effrayant de l’ampleur de la victoire de Buhari que les fraudes massives du pouvoir n’ont pas entamée. Comme lorsqu’on coupe la tête à un coq et il continue de courir comme si de rien n’était. Seuls ceux qui comme Jonathan étaient au parfum de l’ampleur de la fraude du pouvoir sensée lui garantir la victoire mais qui n’a pas empêché l’écrasante victoire de Buhari ont été foudroyés par son onde de choc. C’est sous l’effet de cette onde de choc, expression de l’indomptable volonté du peuple nigérian, que Jonathan s’est mis à table. Alan Basilegpo |
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.