Sous Yayi Boni le racisme ethnique est devenu une culture et une seconde nature. Je n’en veux pour preuve que cette affiche publicitaire du parti au pouvoir pour les élections législatives prochaines. L’affiche s’adresse aux habitants de la ville de Kétou et environs qui forment la 22ème circonscription législative. Un certain Jean Michel Abimbola, Ministre du gouvernement Yayi au demeurant, et soi dit en passant le type de patronyme et d’extraction ethnique que Yayi Boni a mis à l’honneur depuis 2006 par son racisme régionaliste virulent. Ce Monsieur qui est un Ministre de la République s’adresse aux électeurs de sa circonscription en les interpelant directement par leurs identités ethniques. Ce faisant, non seulement il commet un crime républicain pendable, mais dans le même temps, la réduction des électeurs de la 22ème circonscription à la somme des ethnies ou tribus qui sont censées y habiter est tendancieuse, dans la mesure où elle omet délibérément certaines ethnies, et non des moindres sur cette circonscription. Selon tous les recensement sérieux effectués dans cette circonscription, les Nago, les Holli et les Fon dans cet ordre sont plus nombreux à Kétou que les Mahi.
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Alors pourquoi s’adresser à ces trois ethnies ou supposées telles tout en prenant soin d'omettre les Fon ? Pourquoi ne pas se contenter seulement de dire « Populations de Kétou » ? Est-ce qu’on veut nous rejouer la vieille rengaine des querelles politiques et ethniques entre le Danhomè et le royaume yoruba de Kétou -- les uns étant réputés massacrer ou sacrifier les autres comme des bêtes ? La démarche est pour le moins scandaleuse, mâtinée de quelques effets suborneurs. Comme par exemple le fait d’avoir l’air de dire à ces groupes ethniques de s’unir, ou bien le fait d’évoquer l’idée de développement. Selon quel fil conducteur ces trois ethnies devraient s’unir entre elles à l'exclusion des autres qui, comme elles, relèvent de la 22ème circonscription ? Parler d’union au moment même où on s’ingénie à diviser, est non seulement un contresens frauduleux, une manipulation cousue de fil blanc, mais un chef d’œuvre de cynisme pour le moins infect. La CENA qui s’occupe des élections est-elle au courant de ce genre de messages antirépublicain et divisionniste ? La HAAC qui aime tant jouer les gendarmes de la pensée unique n’a-t-elle pas dirigé ses tentacules paternalistes vers cette communication antinationale pour le moins nauséeuse ? Pour apprécier la gravité et le caractère odieux de ce message, il n’est pas sans intérêt de faire une comparaison avec un pays comme la France. Imaginez un candidat à la députation d’origine arabe qui dans le département 93 où les Français d’origine nord africaine sont nombreux sinon majoritaires, imaginons donc ce député en mal de sensation ethnique qui concocte une affiche où il est écrit : « Arabes, Kabyles, et Touaregs, tous ensemble contre le chômage. » Imaginez que cet original ne soit pas seulement candidat de la majorité mais aussi Ministre de la République ! Quel tollé monstre cette bêtise scandaleuse aurait suscité ? Même le Parti de Jean-Marie le Pen considéré comme le plus raciste en France ne peut se permettre un tel sacrilège. Évidemment sitôt le scandale révélé, l’impertinent Ministre aura été déjà démissionné, fera l’objet d’un lynchage médiatique bien mérité, et pour finir devra répondre à une kyrielle d’actions en justice contre son initiative malintentionnée, antirépublicaine et antidémocratique. Mais nous sommes au Bénin sous un dirigeant raciste qui a fait de la culture régionaliste une seconde nature ; alors la chose, ce crime immonde passe comme une lettre à la poste… Naguère, Monsieur Yayi, un homme d’origine nago, a déclenché une polémique avec ses propos racistes à l’égard des Fon. Or les Fon et assimilés sont la majorité ethnique du Bénin. Sans cette majorité ethnique il n’aurait pu être élu, tout au moins en 2006. Car tout le monde sait qu’il n’a pas été élu en 2011, mais qu’il s’est élu tout seul avec sa Lépi du K.-O. Maintenant, quelle est la rationalité du fait que dans un pays soi-disant démocratique, des ressortissants de poussières ethniques, parce que les autres leur ont permis dans un esprit d’égalité citoyenne d’accéder au pouvoir, considèrent ensuite qu’il sont venus pour y rester à demeure, se servir, rejeter les autres dans l’ombre du mépris, de l’injustice et de la frustration, promouvoir un regard subverti non seulement sur les identités ethniques mais aussi sur leurs rapports démographiques réels entre elles ? En clair, comment ceux qui ne représentent que 10 ou 20 % de la population en arrivent-ils à promouvoir le racisme ethnique et à considérer que les 90 ou 80% de la population qui ne sont pas comme eux sont quantité négligeable ? La réponse est sans doute qu’ils s’estiment plus intelligents que les autres. Ce en quoi ils n’ont pas tort. Car dans un système compétitif ou concurrentiel, il y a deux façons d’être intelligent. Soit on est intelligent par soi, ou soit nos concurrents sont idiots. Les Fon et assimilés, qui pour des raisons égoïstes ont fait venir au pouvoir un vaurien comme Yayi, feraient mieux de méditer cette vérité… Aminou Balogun |
Eh oui, vraiment stupéfiant !
Rédigé par : B.A. | 16 avril 2015 à 07:14
Je n'en crois pas mes yeux à la lecture de cette affiche.
Rédigé par : Thomas Coffi | 15 avril 2015 à 22:00