par Eugénie D. Quenum
En 1960, la Résolution 1514 de l’ONU stipulait la décolonisation des pays sous domination colonialiste et le Droit des Peuples à l’Autodétermination. Mais cette même année, l’indépendance octroyée à ces pays par la France était assortie d’un Pacte Colonial dont le contenu instituait en son Annexe II « L’obligation de lui réserver l’exclusivité de leurs richesses agricoles, minières et stratégiques avec interdiction formelle d’échanger entre eux ».
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Un système est mis en place pour garantir le pillage des ressources de ces pays avec une base militaire française installée à proximité en guise de couverture : c’est la Françafrique. Ce système qui protège les sociétés et multinationales françaises fonctionne encore de nos jours et le Gabon en est une incarnation par excellence. Avec des ressources naturelles aussi impressionnantes constituées de Pétrole, de Manganèse, d’Uranium, de Bois etc…, et un Produit National Brut de 24,28 Milliards de Dollars (en 2011), comment expliquer que la population d’environ 1,5 Million habitants seulement vive en dessous du seuil de pauvreté ? En réalité, les sociétés et multinationales françaises à savoir TOTAL, COMILOG, VINCI etc… qui constituent l’essentiel du tissu économique au Gabon, rapatrient impunément et de façon illicite les 90% de leurs intérêts vers la France. Ce qui aurait pu servir à construire des écoles, des Universités des emplois et des Hôpitaux pour la jeunesse et les populations. Le système françafrique pour fonctionner sans discontinuer, installe à la tête des pays francophone d’Afrique, un dictateur de père en fils comme la famille Eyadema au Togo. Au Gabon, c’est Ali, qui après 42 ans de règne du père Omar Bongo, a pris la succession, suite à un coup d’Etat électoral validé par la France et confirmé par les acteurs de cette opération eux-mêmes dans un tournage vidéo commercialisé par le « Nouvel Observateur » et qui a fait le tour des pays africains. Depuis 2009, date d’intronisation d’Ali Bongo au pouvoir, c’est d’une main de fer que ce dernier tient le pays avec son directeur de cabinet, un certain Maixent Accrombessi d’origine béninoise. Si économiquement la françafrique maintient le Gabon entre les griffes de la France, l’affichage grossier de « stabilité démocratique » cache mal une colère sourde du peuple et de sa jeunesse maintenus sous une répression féroce qui dépasse celle du temps du père Bongo. Ali et Acrombessi font donc ainsi en permanence, - Pression sur les quelques médias privés, sur les Syndicalistes et sur la Société Civile. - Interdiction en 2012 du principal parti d’opposition l’Union Nationale dont le chef est André Mba OBAME. - Verrouillage de l’Assemblée Nationale avec une majorité présidentielle de 118 députés sur les 120 ! - Répression violente des militants de l’opposition… Et ce climat de répression intense, de terreur et d’insécurité pour le peuple est entretenu par des réseaux du pouvoir qui pratiquent des crimes rituels. Réseaux au centre desquels il semble qu’on retrouve le directeur de cabinet du président, le fameux monsieur Accrombessi. C’est donc la pauvreté, l’injustice sociale et l’absence de libertés démocratiques qui créent la frustration. A son tour, cette frustration engendre la violence. Alors le pays vit une contestation croissante contre le régime depuis 2014 jusqu’à présent. Et la réplique du tandem Ali-Acrombessi tend à interdire avec brutalité toute opposition à sa politique. C’est ainsi que nombre de citoyens Gabonais épris de justice sociale et de liberté sont persécutés. Certains sont forcés à l’exile. C’est le cas de nombreux journalistes dont Désiré ENAME, Directeur de publication du journal les « Echos du Nord » qui a fui son pays et vit en France depuis Décembre 2014. André Mba OBAME, le chef de l’opposition gabonaise, quant à lui, atteint d’une maladie mystérieuse, en a laissé publiquement planer le soupçon sur le directeur de cabinet du président en la personne d’Accrombessi. Le décès à Yaoundé au Cameroun le 12 Avril 2015 de OBAME, a enflammé les jeunes qui sont allés directement déverser leur colère sur l’Ambassade du Bénin d’où est originaire le directeur de cabinet, même si ce dernier avait pris la nationalité gabonaise. L’Ambassade du Bénin mise à feu est identifiée comme le symbole de l’oppression politique et sociale que subit le peuple gabonais. En effet, les pratiques du directeur de cabinet, vrai régent aux côtés d’Ali Bongo, sont de nature à attiser la xénophobie des Gabonais contre les étrangers vivant au Gabon, les Béninois en l’occurrence. Sur le plan administratif, il a mis en place un vaste trafic de travailleurs immigrés venant du Bénin pour prendre des postes occupés par des natifs Gabonais chez eux. Telle est donc la triste réalité que vivent le peuple et sa jeunesse. Si les nombreux Milliards de Dollars tirés de l’exploitation des énormes richesses par les multinationales au Gabon pouvaient servir à créer les facteurs de développement humain pour les Gabonais, l’Education en tête, la jeunesse ne serait pas désœuvrée. « 30% de chômage chez les jeunes en 2011 et peu de création d’emplois malgré la croissance et le pétrole », c’est tout simplement frustrant. Et il n’est pas juste de qualifier ces jeunes de « jeunes fanatiques de l’opposition ivres de xénophobie ». Ces jeunes sont en colère à cause de la situation qu’ils vivent au quotidien. Ils sont en colère contre le système politico-économique qui les prive d’un avenir auquel ils sont en droit d’aspirer. Alors, ils explosent aujourd’hui contre le symbole politique que représente Accrombessi, à savoir l’Ambassade du Bénin, en attendant de le faire comprendre aux ressortissants du Bénin qui profitent du système établi par leur compatriote…Et bientôt le tour des ressortissants Français, autres cibles symbolisant leur exploitation économique par les multinationales françaises ? Mme Eugénie Dossa quenum D’origine béninoise, est Ingénieur Biologiste Consultante en gouvernance Membre de la Ligue Internationale de Femmes pour la Paix et la Liberté. (WILPF) |
Seuls celles et ceux, qui se souviennent de "Jean MERMOZ" au temps de Hamadou AHIDJO et de Léon M'BA, puis de "La Caravelle" au temps d'Albert BONGO, peuvent réellement témoigner de la réalité socio-gabonnaise, en appelant un chat un chat! Combien sommes-nous au rendez-vous avoué des occasions manquées ? Oui, j'aurais pu être aussi un acteur de terrain au Gabon, tout comme bon nombre de Porto-Noviens, car Libreville était devenue la sœur jumelle de notre chère capitale culturelle. Tant de familles s' osaient économiquement sans crainte
dans Libreville à peupler. Et le vieux M'BA à failli asseoir la disposition de la double nationalité entre Dahoméens et Gabonnais pour faciliter la politique de peuplement. Mais il en avait été dissuadé de justesse, au risque de phagocyter sa propre population. Avec le temps notre communauté a fait son chemin, tout comme dans toutes les capitales où le système colonial français a su la mettre devant. Il est temps de reconnaître que l'Ivoirien disait bien que le Dahoméen restait collé comme le goudron après le départ du bateau qui l'avait amené !!!
Rédigé par : MAROYA Jean-Marie | 22 avril 2015 à 23:58
S'il vous plaît renvoyez votre commentaire. Visiblement, il ne nous est pas parvenu...
Rédigé par : B.A. | 22 avril 2015 à 20:55
J'ai fait un commentaire très courtois que vous avez effacé. Qu'est -ce qui vous dérange à ce point?! Vous ne voulez entendre que ce qui vous arrange?
Rédigé par : Anicet Kamat KODO | 22 avril 2015 à 20:43
Bonjour Eugénie. Merci de m'avoir permis de flairer ce qui se passe politiquement au Gabon. J'avais entendu parler de l'ambassade du Bénin en feu au Gabon sans aucune appréhension des causes. Là-bas comme ailleurs, je souhaite à tout un chacun et chacune une paix durable. Bientôt Eugénie, la sortie de mon ouvrage intitulé ''Les longs Séjours de l’Étranger'' que je dédie à tous mes amis, parents, alliés, éducateurs, chefs supérieurs et autres personnes m'ayant aidé à me développer de ma naissance à ce jour et à devenir ce que je suis à présent. Tout est programmé pour début juin 2015. Merci beaucoup. Bisous. Arouna SIDI. www.arouna-sidi.com
Rédigé par : Arouna SIDI | 22 avril 2015 à 09:20
Thomas_Coffi, vous êtes bien mignon et bien brave.... Pour votre gouverne, les ressortissants béninois vivent majoritairement dans des quartiers bien précis de Libreville. Si la communauté béninoise de Libreville était visée en tant que telle par ces violences, il aurait été très facile de l'attaquer directement. Au contraire, les attaques se sont limitées à l'ambassade du Bénin, non en signe d'hostilité envers l'ensemble des ressortissants béninois mais d'UN béninois en particulier, Maixent Accrombessi. Votre comparaison avec les étrangers dans votre pays ne tient pas la route : je n'ai pas entendu parler d'un gabonais qui serait le véritable maître du Bénin, qui chasserait de nombreux béninois de l'administration publique béninoise pour les remplacer par des étrangers et qui détournerait chaque mois des milliards de FCFA pendant qu'une majorité de la population béninoise croupit dans la misère
Rédigé par : Regis Essono | 22 avril 2015 à 01:41
Que dites vous Mme E.D.Q ? Ce n'est pas avec Accrombessi que les béninois ont commencé à venir contribuer de leur force de travail physique et intellectuelle à la prospérité du pays frère du Gabon. Ni le Bénin, ni Les béninois ne doivent en aucun cas être désignés comme les boucs émissaires ou les victimes expiatoires des tensions gabono-gabonaises. Nous avons aussi des problèmes au Bénin, nous ne nous en prenons pas pour autant aux symboles diplomatiques des pays frères, ni à leurs ressortissants.
Rédigé par : Thomas_Coffi | 20 avril 2015 à 22:25