En raison du risque de plus en plus élevé de perdre les prochaines élections face à son challenger Buhari, Monsieur Jonathan multiplie les stratégies les plus insolites pour renverser la vapeur. Non pas tant pour que plus de Nigérians reviennent à lui dans les urnes, car ses concitoyens ayant pris la mesure de sa médiocrité chronique ont résolument dans leur grande majorité opté pour le changement. Non, le but de Jonathan est celui de nombreux autocrates africains qui fraudent les élections. La méthode veut que pour frauder les élections, il faut préparer à l’avance les conditions de la vraisemblance des résultats frauduleux qui seront annoncés. Pour cela, au lieu d’aller vers le peuple lui-même, Jonathan, à coup de millions de dollars, préfère aller vers ses intermédiaires, ses représentants plus ou moins putatifs ou autoproclamés, les chefs coutumiers, les personnages religieux, les rois, les roitelets et les princes, les barons politiques régionaux, etc. pour obtenir ce qu’en anglais ils appellent leur « endorsement », c’est-à-dire leur soutien. Malgré cette course frénétique aux soutiens tous azimuts, il faut dire que la moisson est loin d’être satisfaisante, même si la moindre miette engrangée est matière d’ostentation médiatique, de parades, et de cris de victoire. Et pourtant, il suffit de voir la qualité des grandes personnalités du pays qui ne le soutiennent pas à défaut de soutenir son adversaire pour se rendre à l’évidence des simagrées médiatiques de Jonathan et de ses griots. Le but étant de faire fonctionner le syllogisme inducteur et frauduleux qui consiste à faire voir à la conscience collective du pays que telles et telles personnalités de telles et telles régions ethniques ou de telles et telles chapelles religieuses, l’ayant soutenu donc il ne peut que gagner les élection ; ou bien que les gagner n’aura rien de surprenant le moment venu, et ne sera que tout à fait normal. Comme si en démocratie, le soutien de quelques hommes isolés qui ne représentent qu’eux-mêmes est synonyme du vote effectif de millions de citoyens. Cette méthode de manipulation qui bat son plein à l’intérieur du Pays, Jonathan n’hésite pas à l’exporter dans la sphère de la diplomatie internationale, à commencer par la diplomatie africaine. Dire ou faire voir que tel dirigeant de tel pays le soutient est censé avoir son effet dans la vraisemblance du succès frauduleux qui se prépare. Et chaque geste diplomatique à un effet particulier, ainsi que sa signification politique particulière. C’est ainsi que pour tromper la crédulité des Nigérians sur sa possibilité à trouver un personnage de médiation avec le nord musulman, qui permette de faire croire que les populations de cette région ont choisi par allégeance religieuse de voter pour lui, Jonathan a jeté son dévolu sur le Maroc et son roi, Mohamed VI. Si Mohamed VI le soutient, alors tous les Nordiques auront une référence symbolique pour le soutenir. C’est du moins la signification qu’est censée avoir le geste diplomatique que Jonathan a fait en demandant un échange téléphonique avec Mohamed VI. Demande de pourparlers entre les deux chefs d’État alors que les relations entre les deux pays, en raison du conflit du Sahara Occidental et du soutien que le Nigeria apporte au Polisario, n’avaient jusqu’ici jamais brillé par son excès de chaleur. Mais le souverain marocain a rejeté la demande du président Goodluck Jonathan au motif que c’était un geste "inapproprié" par lequel le dirigeant nigérian veut s’attirer les faveurs électorales à seulement quelques semaines d’un scrutin crucial. Alan Basilegpo |
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