Comme tout Africain curieux et sensible, je me suis toujours demandé comment s’est-il fait que l'esclavage et la traite négrière ont existé et duré quatre longs siècles au bas mot, sans que l’action conjuguée et la volonté de l’humanité, à commencer par celles des Africains, y aient pu mettre fin infiniment plus tôt ? Et quelque réponse que je puisse avoir à ce questionnement lancinant, je reste toujours sceptique quant à son pouvoir explicatif. En revanche, à observer attentivement le spectacle affligeant d'une ou deux générations d'Africains--celle qui me précéda et, pire encore, la mienne--je suis presque persuadé que les générations futures, dans plusieurs décennies voire plusieurs siècles, si l'Afrique n'a pas encore disparu, se poseront la même question sur nous qu'il nous arrive de poser sur les générations passées : comment ont-ils accepté de vivre en laissant les peuples africains en dehors des décisions qui engageaient leur existence, en se contentant de vendre les matières premières de leur sol et sous-sol dont les ressources étaient accaparées et gaspillées par une minorité en cheville avec l'étranger ? Comment ont-ils pensé, ces siècles durant, que la division du travail dans le monde au travers de laquelle ils trouvaient naturel de ne rien produire par eux-mêmes pouvait être viable à long terme et n'était pas suicidaire pour eux ? Amida Bashô |
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