Dans un pays normal, non seulement le chef de l'État ne tient pas des propos racistes à l'égard des catégories ethniques de la nation, sans même parler de faire étalage de son mépris pour l’ethnie dominante ; mais les catégories méprisées elles-mêmes, comme les forces vives de la nation, la Société civile, les démocrates sans distinction aucune, devraient s'indigner de tels propos ; et, en conséquence, mettre en jeu les formes d'expression démocratique de leur indignation. Au lieu de quoi, les Fon visés par Yayi dans ses propos délirants tenus à Banikoara, à l'instar de tous les Béninois, sont restés cois et béats. Pour les Fon, bien qu'ayant été visés par les propos scandaleux du chef de l'État, on comprend la raison de leur silence gêné. Jusque-là, pour des raisons égoïstes, leurs porte-drapeau – les plus éminents ou les plus opportunistes -- ont brillé par une indifférence lamentable vis-à-vis de l'intérêt collectif de leur région, indifférence qui confine au reniement de soi. Attitude faussement républicaine, sans contrepartie qui, en même temps qu'elle masque l’égoïsme de quelques-uns, évite de poser honnêtement la question de l’unité régionale. Or, les Fon et assimilés, constituent la majorité de la population du sud sinon du Bénin tout entier. On comprend que les propos scandaleux et irresponsables de Monsieur Yayi soient quasiment tombés dans l’oreille d’un sourd, et n’eussent pas plus de réactions sociopolitiques qu'elles auraient méritées sous d’autres cieux plus normaux Aminou Balogun |
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