POINT DE PRESSE Peuples du Bénin, En 1999, l’UNESCO, face à la disparition effrénée des langues naturelles, a décidé d’œuvrer à la promotion de toutes les langues naturelles, puisque la disparition d’une langue constitue une perte de la richesse pour l’humanité entière. Les langues qui finissent par disparaître aujourd’hui sont généralement celles dominées par celles des puissances économiques. Si ce phénomène s’observe à l’intérieur d’un même pays, son ampleur est plus grande par la domination des langues des puissances étrangères. Le phénomène est ainsi intimement lié à la domination impérialiste et le combat pour la promotion des langues maternelles est intimement lié au combat contre la domination étrangère.
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L’Afrique abrite le tiers des langues parlées sur la planète. Mais contrairement à tous les autres continents, presqu’aucune de ses langues n’est utilisée pour l’instruction, dans l’administration, la justice, la presse écrite. Ce sont toujours les langues du colonisateur qui sont utilisées dans tous ces domaines. Les peuples africains vivent ainsi la négation de leur être, l’esclavage linguistique sur leur propre terre. Plus de cinquante ans après les indépendances formelles, cette situation perdure. Et aujourd’hui, je dois subir la honte et vivre le paradoxe de m’exprimer devant vous et partout dans cette langue du colon pour commémorer la journée internationale de la langue maternelle. Cela démontre que le pacte colonial perdure et que l’Etat postcolonial n’a rien fait pour nous sortir de la domination linguistique et plus généralement de la domination étrangère. Les dirigeants pour la plupart ont rompu, pour ne pas dire renié, l’ardent patriotisme de nos héros de l’Afrique. Ceux qui se sont opposés au prix du sang à la colonisation, Béhanzin, El hadj Omar, Samory Touré, etc., ceux qui se sont opposés à la domination coloniale, Bio Guera, Kaba, etc., ceux qui se sont battus pour l’indépendance réelle et le développement de l’Afrique. Dans ce sens, chaque peuple a ses héros et les combattants d’aujourd’hui doivent s’approprier leur ardent patriotisme. Les héros au Cameroun au sein de l’UPC dont le jeune Osendé Afana, les héros de l’indépendance et du réveil de l’Afrique, les Kwamé N’kruma et leur génération de rupture véritable d’avec la domination étrangère. Les peuples africains ne peuvent oublier les Amilcar Cabral. Le rêve et le combat de ces ardents patriotes est de voir les peuples et pays africains s’élever au niveau et au rang des pays et peuples développés. Sans ce rêve, sans ce combat, point de salut pour l’Afrique et ses pays. C’est dans ce rêve que s’inscrit l’INIREF depuis sa fondation en 1997 par Pascal Fantodji avec son label bien connu qui met l’accent sur l’unicité du genre homo et l’équivalence de toutes les langues naturelles. L’un des centres de la lutte de l’INIREF, c’est la nécessité et le droit pour chaque peuple de s’instruire à travers sa langue maternelle et de développer ses cultures. Chaque langue peut et doit être support de la science au dernier cri et être développé à travers tous les canaux, écrit et sur internet. Cela nous est nié aujourd’hui par les pouvoirs qui se sont succédé chez nous. L’INIREF se bat pour que toutes les langues au Bénin soit langue d’instruction et d’administration, de justice, de presse écrite notamment dans son terroir. Cela est possible et les peuples du Bénin doivent exiger de leurs dirigeants et élus, depuis la base jusqu’au sommet de prendre des lois et des mesures pratiques dans ce sens. Il est honteux pour un pouvoir de commémorer la journée de la langue maternelle uniquement par des discours. Sans faire de nos langues des langues d’instruction, d’administration, cela relève du mensonge et de la démagogie. Un pouvoir doit décider des mesures pour que les langues nationales, les langues maternelles soient des langues d’instruction, d’administration, de justice sur leur terroir. C’est cela son devoir. Un pouvoir digne doit décider d’une chambre au Parlement pour les détenteurs des cultures, une chambre des dignitaires traditionnels chargée d’examiner la conformité des lois votées par les députés avec les valeurs positives de nos cultures nationales, comme cela se fait dans tout pays civilisé et émancipé. L’INIREF a déposé à cet effet depuis décembre 2013 une avant proposition de loi au Parlement que nos députés n’ont jamais daigné examiner. L’heure de l’Afrique sonne, selon tous les experts. Faisons en sorte que ce soit l’heure de l’émancipation de l’Afrique, de ses langues et cultures de la domination étrangère. A cet effet « Réapproprions-nous les richesses de nos cultures ainsi que l’ardent patriotisme de nos héros pour la renaissance véritable de l’Afrique » pour que Vive les peuples Africains ! Vive l’Emancipation des peuples d’Afrique !
Pour le CA INIREF, Le 1er Vice-Président Jean Kokou Zounon |
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