Le caractère absolument immoral du holdup électoral de mars 2011 au Bénin est souligné par la préméditation dont il a fait l'objet, sous l’angle de son ordonnancement régionaliste. En effet, que Yayi Boni soit un fieffé régionaliste personne n'en doute. Tout le monde sait que sur sept nominations effectuées sous sa présidence, quatre à cinq sont d'origine nordiste, le centre étant compris dans cette acception intrigante du Nord. Puisque la nouveauté de Yayi a été de systématiser une tendance vicieuse commencée sous Kérékou qui consiste à « nordifier » tout ce qui, au sud, ne fait pas partie intime du noyau ethnique Aja, même s'il y est lié depuis des siècles d'une façon ou d'une autre. À cet égard, même les zones du Haut-Ouémé, c'est-à-dire ce qui est devenu aujourd'hui sous cette poussée ségrégationniste le département du Plateau, ont souffert de ce détournement ethnique. Alors, qu'un raciste de cette trempe fasse entorse à son crédo régionaliste laisse un tant soit peu à désirer. De quoi s’agit-il ? Regardez un peu la structure du sommet de l'État béninois sous Yayi Boni. À part le président de la république qui se dit nordique, les trois autres personnages dont dépend l'issue des élections, à savoir le président de l'assemblée nationale, le président de la cour constitutionnelle, et le président de la CENA sont tous originaires du sud. Ne trouvez-vous pas cela un peu bizarre, en tout cas troublant de la part d'un grand régionaliste comme Yayi Boni ? Eh bien oui ! Ce choix effectué pour la plupart cinq années avant les élections est manifestement téléologique. Il vise tout simplement à faire passer en contrebande les fraudes électorales, notamment à la présidentielle. De façon à faire avaler aux sudistes la couleuvre de cette décision électorale sans qu'ils aient à regimber ou à se douter qu'ils ont été bernés, dans la mesure où ceux qui donnent ou avalisent les résultats électoraux trafiqués qui crucifient leur région sont prétendument de la même région.
Et la boucle préméditée du holdup électoral est ainsi bouclée. Quand on pense que ce plan était orchestré et prévu cinq ans avant d’être exécuté, on mesure à quel point le holdup électoral est un crime parfait. Ce qui ne le rend que plus immoral, à la limite de l’écœurement.
Éloi Goutchili
|
|
|
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.